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Arts sonores, empilemements, murs et entassements

Publié le 05 janvier 2010 par Desartsonnants
MONTRER L'ŒUVRE SONORE,
ENTRE AMAS,  MURS ET EMPILEMENTS


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Andre Avelas, constructions audios


Dispositifs récurrents, entassements divers

Lorsque l'on regarde, et que l'on écoute de près des œuvres sonores installées, on constate assez rapidement des récurrences dans les formes de monstration, dans les dispositifs mis en œuvres par les artistes. J'ai publié sur ce même blog des articles consacrés à des techniques de représentations sonores, des postures d'écoute ou des partis pris esthétiques que l'on retrouve, déclinés de diverses manières, au fil des expositions-installations, telle que la mise en scène du haut-parleur nu, ou celle du casque d'écoute.
Aujourd'hui, je parlerai de l'empilement, du mur, comme principe esthétique, mais également comme dispositif technique. En effet, le fait d'entasser, d'empiler, d'ériger des monticules, des superpositions, de construire des murs, procède tout à la fois d'une mise en scène esthétique, mais aussi de la conception de systèmes d'écoute spécifiques, les deux étant bien entendu étroitement liés.
Très souvent, ces empilements sont construits avec des objets diffuseurs sonores du quotidien (enceintes, radio, platines tourne-disques...) et parfois avec des objets animés, spécifiquement créés pour être eux-même fabriqueurs et producteurs de sons.

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Edwin Van der Heide, wall of soundspeakers


Prolification visuelle, sonore, surenchère et saturation
Donner  à voir, avant même d'entendre, une grande quantité d'objets similaires ou semblables, montre bien la volonté de l'artiste d'insister sur l'importance du nombre, du volume, des proportions, de la présence de l'œuvre, et certainement de l'artiste également. On peut interprêter sans trop de peine le désir d'impressionner le visiteur, de s'imposer artistiquement à lui, sans pour autant chercher à le dominer. Nombre d'installations, sonores ou non, jouent sur des masses ou des espaces conséquents, qui dégagent ainsi une certaine puissance par la place occupée dans l'espace, procurant parfois de fortes charges émotives, des sentiments d"écrasement, d'impuissance face à des montagnes d'objets agencées, et parfois qui plus est, face à leurs productions sonores tout aussi présentes.
La prolifération visuelle c'est aussi une image récurrente d'une société agissant dans l'excès, l'abondance, le gâchis. Empiler des radios, des enceintes acoustiques, c'est pointer à la fois une surabondance qui trouve son expression tant dans l'objet que dans la production sonore ou musicale de l'objet, cette dernière donnant régulièrement elle dans "le trop", l'overdose auditive.
Trop d'objets répétés, amassés, imposés à la vue du public peut conduire à une saturation, presque à l'écœurement tout à la fois visuel et sonore. Mais  cela dit, l'installation sonore ne se cantonne pas à de gentilles bluettes , écoutées installées sur de moelleux coussins  bien rembourrés, elle construit aussi des espaces auriculaires dérangeants, provocants, questionnants.
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Peter Bosch et Simone Simons, Krachtgever


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Jaques Remus, machines à laver sonores


Polyphonies

Empiler et mixer des objets sources sonores, c'est également faire le choix de proposer à l'écoute des voix multiples, des discours croisées, mixés, jusqu'à la limite de l'audible, ou en tout cas du compréhensible. Une polyphonie proche somme toute des sons et des musiques, de la Renaissance à nos jours. Face à un choix  ou l'œuvre se place dans une certaine sobriété, ou en tout cas dans une  relative simplicité et facilité d'écoute monophonique, la superposition de sources sonores créent un tissage (lissage?) sonore complexe et diffus. L'ambiance grouillante prévaut alors sur la lisibilité du message, sur la clarté de la source. Là encore, on peut aisément extrapoler en replaçant cette polyphonie dans le grand concert des bruits (ou des sons) du XXIe siècle. On fait sans problème se rapprocher les foisonnements sonores érigés et installés par les artistes, à la multiplicité des tuyaux sonores, à l'écoute parfois hégémonique, tous média confondus.
Néanmoins, l'esthétique d'une polyphonie serrée, complexe dans son tricotage de sons, peut s'entendre dans sa plus simple expression sonore, celle de sources diffusées en même temps, dans un même espace, créant ainsi des ambiances sonores et des musiques lancinantes et captivantes. Le fait par exemple d'installer un imposant mur de radios emplilées, chacune réglée sur une station différente de ses voisines, illustre ien cette vision polyphonique du Monde communiquant, dans toute sa diversité  et complexité

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Maia Urstad, Mur de radios


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Sculptures sonores et constructions d'espaces architecturés
Empiler, construire des tas, des colonnes, des murs, affichent également la volonté de recréer des espaces physiques, visuels et sonores, de cloisonner des lieux à la vue et à l'oreille, ce qui est en fait monnaie courante dans l'installation contemporaine. Un mur de radios ou de haut-parleurs fera obstacle à la déambulation du visiteur. Il lui proposera, voire lui imposera un parcours qui poussera le spectateur à longer l'œuvre, à la contourner, à s'arrêter pour la voir et l'entendre, ou pourquoi pas à la fuir ou à l'éviter. Et le son, comme la matérialité physique de l'œuvre (re)construira lui aussi des espaces d'écoute modifiant sensiblement un lieu, superposant ses sources et ambiances à celles préexistantes dans l'exposition. Architecture physiquement construites et architectures sonores immatérielles mais néanmoins bien présentes fabriqueront, de façon éphémère, le temps d'une exposition, des espaces à redécouvrir au gré des objets et des sons agencés, même si des constructions en empilements pourraient a  priori donner l'impression d'un fouillis non maîtrisé.

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Pierre Belouïn, Optical Sound


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Oak Tree Vintage




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