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Harry revu et corrigé

Par Jessetseslivres
Harry revu et corrigé"La vie des gens n'est pas un jeu" (page 329).
Quatrième de couverture.
Beverly Hills, Californie. En route vers le funérarium où doit se dérouler la crémation de sa femme décédée brutalement, Harry Rent voit son destin basculer. Dans le café de seconde zone où il s'est arrêté, face à un sandwich infâme, il tombe éperdumment amoureux de Molly, la serveuse. Pétri de culpabilité, bourré de complexes, Harry se décide à prendre un nouveau départ. À la lecture du Comte de Monte-Cristo, il se rêve en Edmond Dantès, le prisonnier à vie qui s'évade et retourne au monde dans le rôle du justicier. Mais s'improvisant en bienfaiteur, Harry sème le doute, la confusion et le chaos tout autour de lui. Sera-t-il capable de jeter enfin un regard lucide et réconcilié sur sa vie ? Une version de Harry légèrement revue et corrigée pourrait émerger du voyage émotionnel qu'il s'apprête à traverser...
Mon avis.
"Attachant, paumé, rêveur et maladroit... Voici Harry, l'antihéros le plus terriblement humain qui soit".
Voilà, les mots que l'on peut lire sur la quatrième de couverture qui résume assez bien le personnage principal du roman, Harry Rent.
Je vous le dis tout de suite, entre Harry et moi, le courant n'est pas bien passé du tout : le personnage ne m'inspirait que de l'antipathie.
Un homme qui trompe sa femme avec des call-girls ne mérite pas que je m'y intéresse. Pour moi, Harry représentait le méchant de l'histoire et je n'ai eu aucune pitié ni sympathie à son égard, jusqu'à ce que...
Impossible de poser un regard absolument noir sur ce personnage imbuvable au possible, à qui on a envie de foutre des baffes toutes les deux secondes !
Oui, Harry a trompé sa femme !
Oui, Harry ne prend pas les bonnes décisions pour tenter de séduire Molly, la serveuse (et en plus, seulement quelques jours après avoir enterré sa femme!) !
Oui, Harry pense que l'argent peut tout acheter !
Oui, mais... Harry sait aussi reconnaître ses erreurs, introspecter en lui-même pour comprendre qu'il a mal agi et le reconnaître publiquement. Le premier pas vers la rédemption, non ?
Donc, Harry est en fait humain, comme vous et moi, avec ses qualités, ses incertitutides et ses faiblesses. Fin de la démonstration !
Il est donc assez ardu pour moi de vous dire si j'ai aimé Harry ou pas. Finalement, je me rends compte que je l'ai vraiment detesté à certains moments du livre et que j'ai réussi à le comprendre à d'autres.
Àprès tout, Harry est juste un type paumé qui n'a pas été l'homme le plus heureux en ménage.
Anna, sa femme, la disparue, joue un rôle à part entière dans le livre à travers les flash-back de l'auteur dans leur vie de couple et non simplement celui que la femme décédée de Harry.
Grâce à ces flash-back, on apprend donc à la connaître également dans ses bons comme ses mauvais côtés, elle rêvet donc un côté visiblement plus humain que celui de la pauvre disparue à qui on reconnaît finalement bien des qualités et aucun défaut.
Dès lors, la perception du comportement de Harry devient plus clair aux yeux du lecteur : non, Harry n'est pas un gros salaud dans l'histoire, Anna avait ses responsabilités dans la débandade du couple !
J'ai beaucoup aimé le personnage de Molly, le rôle de la jeune fille adorable et naïve et celui de Lucille, le rôle de celle à qui la vie n'a fait aucun cadeau.
Concernant l'histoire, celle-ci se passe entre passé (la vie de couple de Harry et Anna) et le présent, une fois Anna disparue.
Rassurez-vous le passage de l'un à l'autre se fait sans heurts. Dès le commencement d'un nouveau chapitre, on arrive très facilement à s'identifier chronologiquement, passé ou présent.
J'ai beaucoup aimé cette découpe dans le temps, le fait de confronter l'ancien Harry avec ce "nouveau Harry, nouvelle formule" qu'il essaie d'atteindre, sans grand succès et de manière très gauche.
Les thèmes abordés par le roman m'ont également beaucoup plu : image de soi par rapport aux autres (le fait que l'on mente, qu'on enjolive la réalité car celle-ci nous fait honte devant nos proches), le pouvoir que procure l'argent à ceux qui en ont de penser que celui-ci va leur permetre de tout contrôler et d'arriver à chaque fois à leur fin,...
Il n'y a pas de doute, le premier roman de Mark Sarvas nous fait réfléchir sur nos comportements.
De même, pendant tout le roman, on a l'impression que Harry est focalisé sur ce que pensent les autres, tout est une question d'image... mais au final, Harry comprend que ce que pensent les gens, après tout "on s'en fout" ! Une belle leçon de vie à méditer mais malheureusement que trop peu suivie.
"Il n'aurait jamais dû se soucier de ce que cette bande pouvait penser de lui, se morigène-t-il en silence ; ce qui comptait, c'était l'opinion de Anna et... "Tu sais quelle opinion elle avait de toi, n'est-ce pas ?" Tout le reste n'était que du bruit agaçant, de la distraction." (page 324).
Par contre, on précisait en quatrième de couverture un roman drôle et triste... Force est de constater que c'est loin d'être mon avis. J'ai trouvé le roman plus triste que drôle, voir carrément pas drôle, seul un ou l'autre passage m'ayant décroché le sourire en début de lecture (notamment la confrontation avec l'organisateur des pompes funèbres et Harry concernant les coussins dans le cercueil de Anna).
Un élément n'a cependant pas manqué d'attirer mon regard : le titre de chaque chapitre.
- "Dans lequel notre héros commande un sandwich et se met en route"
- "Dans lequel notre héros paie de son sang"
- "Dans lequel notre héros rebondit"
Cette façon de procéder ne vous rappelle rien ? Perso, j'ai tout de suite pensé à la série Friends et à la façon dont les producteurs choisissaient le titre d'un épisode : The One with, The One Where... Un titre qui évoque ce qui va se passer dans l'épisode, en question !
Même reprise ici en ce qui concerne le contenu du chapitre et j'avoue, j'ai vraiment adoré l'idée !
Finalement, je trouve ma chronique plutôt positive en refermant le livre et en écrivant cette chronique alors que cet après-midi encore, j'avais la ferme intention de rabaisser Harry à l'abjecte être humain qu'il représentait encore pour moi !
Sans compter que Mark Sarvas a réussi le pari fou de me faire vouloir lire le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, c'est pas beau, ça ?
Harry, c'est l'antihéros que vous allez adorer détester !
Note finale : 8.4/10, qui se décompose comme suit :
  • Personnages : 8.5/10 (malgré mon aversion pour le personnage de Harry, il convient d'admettre que ceux-ci sont royalement construits, tout en complexité. Les personnages sont travaillés en profondeur, voilà pourquoi Harry est loin de nous laisser indifférent, même si on ne l'aime pas !)
  • Trame/intrigue : 7.5/10 (une trame assez basique. Un endeuillé qui essaie de passer outre le décès de son épouse en conquérant le cœur d'une petite jeune, c'est assez simple ! Mais j'ai beaucoup aimé l'idée des flash-back dans le temps)
  • Écriture : 9.1/10 (un très bon premier roman pour un auteur qui ne manquera pas de se faire remarqué avec une plume agréable . Je regrette cependant le peu de place laissé aux dialogues. Beaucoup de bla-bla, comme si on se retrouvait dans la tête de Harry où tout est complexe. Le roman n'aurait-il pas dû être écrit à la première personne, par Harry lui-même, pour éviter ce détachement inévitable engendré par un récit conté à la troisième personne ?)

Je vous invite également à visiter le blog de l'auteur : The Elegant Variation
Je remercie les Éditions NiL (Robert Laffont) pour la découverte de ce nouvel auteur dans le cadre d'un partenariat avec le site Livraddict.
Pour découvrir d'autres avis de livraddictiens : Lien Bibliomania
Harry revu et corrigé de Mark Sarvas (VO : Harry, revised)
aux Éditions NiL (Robert Laffont)
Date de sortie : 14 janvier 2010
342 pages.

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