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l'utopie fraternelle

Publié le 06 janvier 2010 par Xylophon

"La Fraternité consiste à trouver du plaisir au bonheur de tout ce qui a vécu, vit ou vivra. Un altruisme universel qui s'adresse à l'autre et à tous les autres". Jacques Attali

La fraternité est sans doute le plus ambitieux des projets pour une société. La liberté donne des droits, la fraternité des devoirs. Dans notre pays démocratique, se croire libre est bien plus facile que de se croire fraternel. Aspirer à cette fraternité demande donc des efforts parce que dans nos sociétés individualisées chacun a du mal à se mettre à la place de l'autre,surtout si cet autre est différent.

Dans le train qui me faisait quitter la Bretagne pour aller sur Paris, il y avait un couple de sourds et ses deux enfants. Il avait un chien, qui certes était un peu encombrant mais qui n'avait pas l'air méchant. Et devant eux, à quelques sièges de moi, pestait une petite dame, en criant que c'était une honte etc. Elle n'avait pas remarquer que ce couple était sourd. Et quand le monsieur est passé devant elle, elle l'a invectivé. Il n'a pas compris et je crois même qu'il ne sait pas rendu compte qu'on l'apostrophait. Ce couple n'avaient pas de places assises et quand la personne qui était à coté de moi est descendue, ils m'ont demandé en langage des signes (je ne maitrise pas mais ils ont fait des gestes assez compréhensibles)de me laisser la place où j'étais assise pour qu'ils puissent s'assoir. Je me suis ainsi déplacée à quelques rangs de là avec mes affaires.

Je ne raconte pas cela pour me donner un satisfecit personnel ou glorifier un acte qui pour moi reste un acte banal. Certain sans doute, aurait refuser de donner leur place, certain comme cet dame tellement obnubilée par leur propre personne n'aurait même pas vu que ce couple était sourd. Ce moment m'en a rappelé un autre, ou moi même "handicapée" (suite à une entorse au genou"), j'avais pris l'ascenseur à la gare car j'avais du mal à marcher. Ma difficulté n'était pas visible, et je me suis fait engueuler par un vieil homme qui spécifiait que les jeunes n'avaient pas à prendre l'ascenseur. Un peu interloquée par sa réaction, j'aurai aimé lui répondre de façon plus vindicative. Je lui est juste dis que je souffrait encore des séquelles de mon entorse.

En élargissant ce cas à notre pays, et à la politique menée aujourd'hui en France, je me demande où est la Fraternité? En fait, elle est apparue sur l'écran, ce dernier jour de décembre. En quelques mots, N.Sarkozy décrétait la fraternité comme projet pour 2010. Un nouveau mot clé était née dans le vocabulaire Sarkozyste. Après s'être tant moquer de Ségolène Royal et de sa Fra-ter-ni-té, l'homme avait découvert un nouvel outil à dimension électorale. Le problème, c'est qu'encore une fois la fraternité ne se déclare pas. On aura beau faire toutes les lois du monde pour rendre les gens fraternels, ils resteront des gens individualistes dans une société individualiste.

"La fraternité est un but de civilisation, pas un état de nature". C'est en changeant les données d'une société qu'on peut construire des interactions plus altruistes entre les gens. C'est en changeant les échelles de valeurs, en hiérarchisant les priorités humanistes, que l'on peut construire un projet de fraternité entre les individus. Bref, la fraterité ne se déclare pas, elle se projette, se construit,s'ambitionne ou au contraire se réduit, s'anéantit face à des choix politiques donnés.

A. Frénaud, poète surréaliste dans "Nul ne s’égard" estime que "Chacun sera lui-même quand il deviendra l’autre. ». Sans tombé dans une schizophrénie malsaine ou une compassion inutile, se mettre parfois de temps en temps à la place de l'autre permet de devenir plus fraternel et en empathie avec les gens: se mettre à la place des gens qui ne pourront plus se payer la mutuelle car celle ci sera devenue trop chère, se mettre à la place des travailleurs pauvres qui dorment dans la rue ou dans leur leur voiture, se mettre à la place de ces Afghans qu'on reconduit à la frontière.

Une fois ce travail réalisé, on pourra alors reparler de fraternité Monsieur le président. Pour l'instant ce mot ne va pas avec votre politique.

En attendant Bonne année 2010, lecteurs anonymes mais je l'espère fidèles de Lexilousarko.

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