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Calculer ses impacts environnementaux à l’hypermarché

Publié le 09 janvier 2010 par Alternativechannel
Par Alexa Tymocko Est-il mieux d’acheter des breuvages de contenant de brique ou de verre? Est-ce que le jus d’orange est mieux que le jus de pomme? Et que faire des emballages de plastique de yaourt en plusieurs lots? Voilà une gamme de questions auxquelles la PME Greenext peut répondre en calculant le nombre de kilos équivalents en CO2 des produits alimentaires achetés à l’hypermarché. Étiquetage carbone La facture des consommateurs s’élève en moyenne à 13 kilos de CO2 dans le nord de la France. Le centre Leclerc de Wattrelos, près de Pas-de-Calais, est l’un des seuls hypermarchés qui calcule ses factures en C02. Une première nationale depuis avril 2008! L’adhérent et directeur du magasin, Thomas Porcher, y réalise un projet pilote ainsi qu’à deux autres de ses succursales à Templeuve et Lille-Fives. Il offre à ses clients une facture en Co2 en plus de celle en euros. Le gérant veut faire prendre conscience aux consommateurs de leurs impacts écologiques lorsqu’ils choisissent des produits alimentaires. Pour réaliser son projet, Thomas Porcher a contacté Greenext, une PME qui offre des solutions de calcul du coût de carbone. Appuyé par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), Porcher a voulu connaître quel emballage est le moins polluant? Quel est l’origine de la matière première? Les engrais utilisés? Comment les produits sont-ils transformés? Transportés? En magasin, sont-ils placés dans un rayon d’air ambiant, froid ou surgelé? L’analyse du cycle de vie spécifique à chaque produit a été établie selon l’ADN de chaque type de produit. Par exemple, un paquet de quatre yaourts nature en pots de plastique équivaut à 1,68 kg d’équivalent CO2. Et pour un kilo de steak haché surgelé, il en vaut 5, 79 kg. Le seul problème, c’est que l’on retrouve plus de 20 000 références alimentaires en magasin. Comment tout répertorier? Il n’y a pas de solution miracle. Par contre, Greenext a mis au point une méthode de calcul particulière. « Au lieu d'analyser chaque produit vendu en magasin, nous avons modélisé les rayons des grandes surfaces et défini quelque 800 produits génériques dont nous calculons l'impact environnemental », explique Caroline Alazard, fondatrice de la PME. Ce ne sont donc pas les différences de marques qui sont évaluées, mais plutôt de produits. Elle évalue par exemple, les émissions d’une brique de jus d’orange frais représentative du rayon et d’un yaourt emballé dans un pot de plastique. Un travail colossal L’analyse du cycle de vie des produits alimentaires a d’abord été adoptée par le groupe Casino qui s’est joint au groupe Bio Intelligence Service il y a trois ans. La compagnie a répertorié l’indice carbone de ses propres produits fabriqués. Pour chaque référence, elle rassemble les données sur l’origine de la matière première utilisée, l’alimentation des animaux, les engrais utilisés, le transport vers l’usine de transformation, son bilan de carbone, le kilométrage effectué par le consommateur de son domicile au supermarché, etc. Un processus long où chaque détail est indexé car il peut influencer directement l’indice carbone d’un produit. Tellement long qu’en octobre 2009, Casino n’avait répertorié que 527 produits sur 4 000! Seul le type d’emballage et la particularité du lieu de vente font varier le bilan CO2. Les ingénieurs de Greenex s’attardent aux moindres statistiques. Ils vont jusqu’à chercher la moyenne parcourue par les consommateurs pour se rendre à l’hypermarché. Porcher est heureux des résultats jusqu’à présent : « Nos tickets de caisse sont devenus une sorte de mailing personnalisé plus efficace et moins coûteux que l'envoi de prospectus ». Il sait maintenant qu’une pomme chinoise est quatre fois plus carbonée qu’une pink lady française et que le jus d’ananas émet trois fois plus de CO2 que le jus de pomme. Pour Caroline Alazard, il faut « d’abord initier les consommateurs à l’impact de chaque type de produits ». Porcher a donc affiché des panneaux dans les différents rayons. « Acheter local = moins de CO2 », « Je privilégie les produits de saison » ou encore « Attention au suremballage ». Le mot se passe aussi à l’interne. « L'opération a fait prendre conscience aux acheteurs du Galec, le groupement d'achat des centres Leclerc, de quelques aberrations : ainsi, le cahier des charges des produits bio fabriqués par la Scamark, notre marque distributeur, prévoyait presque systématiquement l'emballage en verre des jus de fruits ! Or, à cause de son poids, le verre est plus émetteur que la brique type Tetra Pak. » Casino cherche, lui aussi, à reverdir sa cour arrière. Nouvelles recettes, emballages et centres d’approvisionnement. « Nous cherchons désormais à nous approvisionner à moins de 1 000 km, et nous avons remplacé dans certaines recettes de l'huile de palme importée par des huiles de tournesol ou de colza plus locales. » Greenext prévoit déjà introduire de nouveaux critères tels que la consommation d’eau ou encore la biodiversité. Caroline Alazard veut aussi examiner les produits d’hygiène et de bricolage. Ces initiatives seront certainement bénéfiques pour les générations à venir. Reste à savoir si tous les hypermarchés vont eux aussi s’adapter aux nouvelles façons de faire et verdir d’avantage leurs marchés.

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