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Les socialistes français et l’Europe : la DECHIRURE…

Publié le 07 novembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

AU PS, l’Europe n’est qu’un révélateur de divisions idéologiques mortelles pour le parti

Le Commentaire RELATIO de Daniel RIOT :

Deux ans après la déchirure du référendum de 2005 sur la Constitution, la question européenne divise toujours le PS. Heureusement qu’il ne dirige pas la France… Sarkozy peut bomber le torse. Et Bayrou regretter une fois de plus de ne pas avoir été « finaliste »… Faits et commentaire.

UN RAPPEL QUI S'IMPOSE: Les clivages droite/gauche sont dépassés, n’en déplaisent aux esprits binaires donc « hémiplégiques », comme redirait Raymond Aron. Mais il est une vraie ligne de démarcation politique, en France et ailleurs : les partisans de l’ouverture et ceux de la fermeture des frontières. La construction européenne, ce chantier inachevé, fixe les bornes.

Bas les masques : il n’y a que trois façons de construire une Europe unie. Par la domination (merci, l’Europe-cimetière est toujours là !), la coopération (celle du Conseil de l’Europe) et celle de l’intégration (celle de la CECA devenue marché commun puis Communauté européenne puis l’Union européenne).

Celle-ci ne va pas au bout de la logique qui lui a permis de naître et de se développer. Et elle en pêche. Mais elle est perfectible, ce qui est l’essentiel. Face à elle, les alter-européens sont des anti-européens ! Comme les militants d’une Europe dite des nations…comme si l’Union ne respectait ni les Etats ni les nations ni les Régions ni les Villes qui la composent. La campagne pour le referendum l’a montré. Les prises de positions sur le traité de Lisbonne le confirment. Même si (n’est-ce pas Monsieur Fabius ?) de bons arguments critiques sont agités dans des démonstrations qui reposent sur des prémisses falsifiées et débouchent sur des conclusions éronnées.

L’Union est à améliorer (sans cesse, comme tous les Etats qui la composent, d’ailleurs). Elle doit surtout devenir authentiquement politique. C’est même urgent. Mais c’est le cap qui compte. Face à ce qui est proposé, c’est Oui ou Non à l’unification. Il n’y a place ni pour un OUI… MAIS, ni pour un NON… MAIS. Soit on est pour soit on est contre. Le reste, c’est de l’habillage, des masques, des arguties.

Ces lignes de clivages là, traversent tous les partis sauf ceux qui se situent au Centre (Nouveau Centre, udf/umpiste, Udf/Modem, Cap 21/Modem, partis radicaux de gauche et de droite). L’UMP a réussi à rendre très minoritaires (pour l’instant) leurs courants anti-européens. Le PS depuis la disparition de Mitterrand n’a pas réussi à afficher le réalisme au service de ses idéaux comme la très grande majorité des Partis socialistes européens. Pas de motion de « synthèse », pas de consensus (même mou), pas de « ligne » (sauf en zig zag)…

Le PS a perdu sa crédibilité au moment du referendum. Puis après. La défaite de Ségolène fut d’abord le résultat d’un PS « auto crucifié » sur l’autel de l’Europe. Parce que la question européenne est au cœur des problèmes essentiels d’identité et d’altérité (individuelles et collectives), comme…« l’intégration » des étrangers. Et parce que, aussi, cette « affaire européenne » est au centre des équilibres à trouver entre compétition et solidarité, entre libre marché et marché contrôlé, entre libéralisme et dirigisme, entre économie et social, entre croissance et développement durable, entre efficacité et écologie…

L’Europe n’est ni de droite ni de gauche : elle est ce qu’on la fait, en fonction des majorités au pouvoir dans les différents pays et globalement.

CONSTAT DU JOUR, PREVISIBLE:  Le Parti socialiste français reste prisonnier de ses vieux démons non européens mais idéologiques, et c’est ce qui brouille ses options sur l’Europe.  Le bureau national s'est prononcé majoritairement (36 contre 20, avec Deux abstention et Julien Dray en… relâche) en faveur du nouveau traité européen. Oui et alors ? Ceux qui voudront voter non à Lisbonne voteront …non."Il n'y aura pas de sanctions", a déjà annoncé (en souriant) Hollande! Retour au clivage entre partisans du "oui" et du "non" au référendum.

On comprend que, chargé de rechercher un consensus, Benoît Hamon ait démissionné de son poste de secrétaire national à l'Europe. Le pauvre !... Il prônait l’abstention, ce qui est, dans ce cas précis, un courage d’autruche. « Je ne me sens plus en charge d'être responsable de cette cacophonie », a lancé le jeune député européen. On le comprend.

Les socialistes ont reporté à plus tard leur prise de position sur la révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité simplifié approuvé le 19 octobre dernier par les Vingt-sept, et qui sera signé le 13 décembre à Lisbonne. « Nous verrons quelle sera la révision de la Constitution qui sera proposée », a déclaré François Hollande. Quelle sagesse : le temps guérit, parfois, mais il pourrit, aussi.

Le Premier secrétaire, partisan du « oui » à ce traité qui « sort l'Europe de l'impasse » dans laquelle elle se trouve depuis 2005 et les « non » français et néerlandais à la Constitution européenne, s'est efforcé de dédramatiser ce nouveau signe de division du parti en expliquant que la page était tournée. Ah !bon"Il y avait ce soir un sentiment d'apaisement. Bien sûr que chacun est resté sur ses positions, (...) mais il y avait une volonté commune (...) le souci de clore une période et d'en ouvrir une autre », a affirmé numéro un socialiste en estimant que la question institutionnelle européenne était maintenant « derrière » le PS. On en rit, ou on en pleure ?

Cette nouvelle épreuve sert en fait de révélateur. Tel qu’il est le PS ne peut pas être « rénové ». C’est d’ailleurs ce qui, par ricochet, en termes de pluralisme, donne une importance supplémentaire au Congrès constitutif du MoDem…

Daniel RIOT


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