Magazine Beaux Arts

Max | Avatar, suite et fin

Publié le 10 janvier 2010 par Aragon

navihqteaser.jpgJe l'entendrais longtemps le fracas de l'arbre sacré Kelutral qui s'est abattu dans la salle où j'étais assis. Tétanisé, j'ai vu s'écrouler le géant. Pensez, 325 mètres de haut, 57 mètres de diamètre, il pouvait accueillir en son sein tout le clan  des Na'vis qui vivait en symbiose parfaite avec lui. Ils étaient 1500. Et des Na'vis avaient succédé aux Na'vis depuis des éons jusqu'à  ce jour maudit...

Je n'ai pas la prétention d'être critique de ciné. Les plumes de ceux du "Masque", des Inrocks ou de "Tra" sont mieux affûtées que la mienne. L'exercice demande professionnalisme, expérience, recul, connaissances livresques, "vista", il est périlleux et de haute volée...

Cependant, tout spectateur est évidemment critique. C'est pour cela que je reviens sur ce film qui n'a pas - loin s'en faut - recueilli les suffrages des pros de la critique. Je comprends un peu ce qu'ils veulent dire. J'essaie de comprendre. Le résultat n'est pas à la hauteur de leurs espérances. Certains parlent d'un graphisme conventionnel, d'une impression de "déjà vu", d'un choc visuel largement en dessous de celui qui était annoncé ou pressenti, d'une bande son kitsch, d'un scénar poussif, etc. Stop ! J'arrête là.

kelutral.jpg

Ce que je voudrais dire sans vouloir m'opposer  aux divers jugements de tous ces braves gens c'est que pour moi Avatar est le dernier film avant... Terra incognita. Les critiques me laissent pantois. J'en viens à me demander ce qu'ils ont vu, si nous avons vu le même film !

De la 3D on en reverra, il n'y aura peut-être même, avant que l'on ait le temps de dire ouf, que ça. Marche en avant inexorable du procédé. De ce fantastique procédé !

Mais l'histoire, j'en suis sûr et certain, retiendra Avatar comme le film porté aux marches les plus extrêmes de l'ancien cinéma. S'en détachant même. Annonçant ce que personne ne pouvait imaginer. L'interactivité, l'interconexion film & spectateur. Symbiose magique comme cette symbiose est le maître-mot dans le scénario de ce film (nature, animaux, na'vis).

Il n'y a plus de spectateur assis passivement sur des fauteuils regardant un écran au fond. Il y a désormais symbiose, osmose, le film est dans la salle, le spectateur est dans le film. On est véritablement dans le vivant.

Du 7ème art, j'en ai des images rétiniennes gravées indélébilement dans mon cerveau reptilien. Extraits entre cent mille : La course de char dans Ben-Hur, la chasse aux bisons de Danse avec les loups, l'entrée de la navette de la Panam dans la station orbitale de 2001 a Space odyssey, les trois danses ( début,  "patin à roulettes"  et fin du film) dans La Porte du Paradis (Heaven's gate), des plans plus serrés avec la partie de base-ball commentée par Mc Murphy devant la télé éteinte de Vol au-dessus d'un nid de coucou, la danse des "petits pains" dans la Ruée vers l'or, etc. etc. etc.

Ok, tout ça, c'est emmagasiné, c'est gagné, c'est enfoui, c'est au chaud dans les octuples épaisseurs conjointes cortex et  corrazon de l'animal que je suis.

Mais l'arbre sacré qui tombe. Avez-vous vu tomber l'arbre sacré Kelutral ? En tombant dans la salle où j'étais assis, en me recouvrant de ses feuilles, de son humus, de son fracas, de sa colossale immensité, de sa fabuleuse humanité, il m'a fait entrer dans un autre cinéma.

Un cinéma que je n'avais jamais imaginé. Que j'aurais été à des années-lumière d'imaginer. Je n'étais pas au cinéma ce jour-là. Le cinéma était en moi.

Parenthèse en aparté : Gare cependant au procédé "super" 3D qui pourrait être "démiurgique" ou "démoniaque". Le ciné a-t-il ouvert sa propre boîte de Pandore ? Si oui. J'en tremble à l'avance et cette réflexion est extrêmement sérieuse... Je referme cette parenthèse car je ne veux pas en ce jour inaugural entâcher mon propos d'un foutu pessimisme qui me fera toujours penser que l'homme pourrait bien être, indéfiniment, l'artisan de son propre malheur.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aragon 1451 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte