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Portrait d'un bibliophile peu commun: Donatien, 19 ans

Par Hugues
Amis Bibliophiles bonsoir,
Je me souviens qu'à 19 ans j'étudiais les mathématiques et la philosophie entre deux khôlles, et dans la douleur. Je me souviens qu'à 19 ans, je n'avais donc hélas pas le temps pour les livres anciens. Je me souviens qu'un jour sur ce blog j'ai écrit "la bibliothèque, c'est l'homme". Je me souviens qu'ailleurs j'ai souvent pensé "le style, c'est l'homme".
Du style, Donatien en a, vous allez vous en rendre compte, et il est très personnel. Une vraie personnalité donc, c'est sûr, bibliophile débutant, c'est certain également. Un portrait pas comme les autres ce soir sur le blog. Bonne lecture. Le style est parfois "très stylé" (trop?), mais accrochez-vous le fond est bien là et Donatien est sympathique.
Demain, retour à plus de simplicité, un style plus simple, le mien. Que voulez-vous, le style, c'est l'homme!! :)
"Pourriez-vous nous parler un peu de vous et de votre bibliothèque?
N’ayant que dix-neuf printemps, vous devez concevoir qu’ôtés quelques mondes singuliers que j’y ai pu percevoir, et qui ont été mêlés à ceux déjà en vigueur en mon fantasque esprit, mon expérience dans le monde de la bibliophilie, voire même dans celui de la bibliomanie, n’est pas vaste comme l’océan ; et si mon âme, en laquelle chaque titre que je possède ou crois posséder s’est inscrit en traits de feu, y a pu faire déjà quelques puissantes explorations, je n’en dirais assurément pas autant de mon esprit qui, ne pouvant se lancer, quand même sa nature s’en serait accommodé, dans de savants discours, se trouvera en ce lieu condamné à n’en dire que de naturels : exposés de principes naturels, s’entend. Ce prélude aidant, comme ayant conspiré à éclaircir l’état de la chose, j’en viendrai maintenant à la substance : la mienne donc est essentiellement, et non pas par la grâce de Dieu, composée de livres religieux, du XVIIIe et XVIIe siècles : de vieux forçats mystiques dont l’essor sapristique, épris, força les cieux y mirent leurs âmes et je m’y mire. Plus un livre a de lustres, davantage il a de chances d’exercer de puissance sur mon âme, mais non pas sa puissance propre : distinction essentielle que je veux établie, mais qui morbleu ne transfigure pas le fait que l’absence de livres du XVIe siècle soit suscitée par cette autre fait que je loge le diable dans ma bourse ; à l’égard du XVe et du XIXe siècles, je m’obscurcis à dessein le premier en refusant de l’approfondir voire même de le connaître, considérant que la magie, l’effet enchanteur d’une chose s’atténue souvent avec la connaissance de sa genèse, des conditions de celle-ci ; le second, malgré ce mirobolant bolide que fut Rimbaud, ne m’inspire rien qui vaille. De ma vie je n’achèterai un livre postérieur à 1814, dût le mauvais génie d’Asselineau s’en mêler..
Mes connaissances en matière de Religion (ô oxymore !) sont très incomplètes (je crois voir quelques-uns s'effaroucher à ce mot : Grâce ! j'en suis bien fâché) ; et j’avoue avoir tiré plus de parti de la Profession de foi du Vicaire Savoyard, que de tous les autres textes que j'ai pu lire sur ce Sujet ; au reste, je ne suis point religieux, quoiqu'éprouvant par instants un sentiment « océanique » ; mais ce qui émane de la Religion, et à fortiori ce qui émâne des livres religieux, ne laisse pas d’exercer sur mon âme sulfurable une puissance indéniablement (du moins j’admire qui le dénierait) ineffable ; certains d’entre eux sont d’ailleurs écrits en Latin, langue moins morte pour moi que le français de ce siècle, et dont les austères accents m’exaltent, mais que je n’entends point encore : par Danet, ce sont ceux produisant l’effet le plus vif sur ma conscience !.. J’ai dû en déduire, et je refais cette déduction devant vous, que la bibliophilie, en son sens naturel, me paraît être avant tout une affaire d’imagination : en quelle extase n’entré-je pas à la formidable idée que la pensée, aubée par le latin, que mes yeux soumis au présent se font gloire de couvrir, a bel et bien eu lieu dans la parcelle de conscience alors allumée d’un être fort évoluant au XVIIe siècle !.. Le diable y perdant, que l’on vienne en cet instant me représenter que mon livre est incomplet, telle page brillant par son absence, et que n’ayant la bonne fortune d’être (considéré comme) rare, il est par conséquent dénué de « valeur » ! Grand dieu !.. Mon amour n’est pas tant minutieux !..
J’aime à attribuer à chacun de mes livres certains petits évènements qui les auraient marqués au cours des divers siècles qu’ils traversèrent, et que je ne prends plus pour fables ; tel livre fut oublié au pied d’un arbre pendant plus de deux jours, tel autre fit naître un grand changement dans l’esprit d’une jeune fille du XVIIIe siècle ; celui-ci fut versé à des voleurs de grand chemin par un voyageur sans calice et dont les jours eussent été tranchés, s’il n’eût fourni ce témoignage de sa bonne grâce : celui-là ne fut point touché pendant plus de deux cents ans. En vue de les percer à jour, j’évoque puis intègre en ma fiole bon gré mal gré leurs fatidiques effluves, par où j’apprends alors souvent de nouvelles manières de dire « Il était une fois… » en langage olfactif ; méthode si épuisante en vérité, que je ne me crois pas mal venu de dire qu’il est plus malaisé, à mon sens, de se former une bibliothèque dont tous les livres auraient une valeur subjective, qu’une bibliothèque dont tous les livres ont une valeur objective ; davantage : plus malaisé une bibliothèque dont la valeur serait essentiellement subjective, qu’une bibliothèque dont la valeur est essentiellement objective ; quant à l’alliage (livres possédant non seulement une valeur subjective, mais aussi une valeur objective) et l’alliance (certains livres possédant une valeur essentiellement subjective, d’autres possédant une valeur purement objective) tout ensemble des deux, quoique cela me paraisse en effet le zénith du brave bibliophile du point de vue de ses très-vénérés possédés, je privilégie au fond de moi tant et si bien la valeur subjective, que si j’eusse été assez mal inspiré que de vous décrire ma bibliothèque avec des traits aussi savants qu’exhaustifs, en mentionnant l’auteur, l’édition, l’habit, le titre, l’état ainsi que les petites données bibliographiques de chaque livre, j’ai bien peur qu’à la fin vous n’auriez connu de ma bibliothèque, à très peu près, rien ; céder à la forte tentation d’introjecter la valeur objective d’un ouvrage ne m’ayant en effet jamais parue très sage. Et s’il m’advenait, par quelque enchantement, de réaliser un voyage temporel au XVIIIe siècle, je n’amènerais assurément pas avec moi de bibliographies ni même, s’il se pouvait, ce que j’ai voulu jusqu’ici en extraire : un livre n’existant plus aujourd’hui me suffirait amplement, et je n’aurais point le désir de rechercher un ouvrage dans le même cas ; que dis-je, je l’aurais ce désir, mais ce serait celui venant du cœur et s’éveillant à la pensée de Pierre Brillard et de son associé.
Incessamment environné de ces fatras lucifuges, avec lesquels je tâche chaque jour de contraster le moins possible, je me pense presque inscrit dans les siècles où la Peste était encore loyale ; les éditions originales, vous le pressentez, favorisent cette absorbante idéalité : par cette unique raison je les aime ; le vélin, étant d'un veau vert mort vers son premier rayon reçu, la sert moins que la basane ou le chagrin, me défiant, comme j'ai dû l'évoquer, de tout ce qui a trait à la genèse, à la naissance aussi ; sans considérer que l'animal occis dès la sienne n'ayant nulle expérience du monde, se réduit, du point de vue de la Conscience universelle, à peu près à rien : or seuls les avatars révolus de celle-ci vivifient ma chimère ; c'est ainsi qu'un lambeau de mouton, où fut insufflé les valeurs d'un Frik ou plutôt d'un Mélibée, suscite en moi, tant misérable soit-il, d'invincibles rêveries ; tandis qu’une prestigieuse reliure modernâtre me laissera absolument de marbre, fût-elle ciselée dans l’or le plus chaste : à moins que je n’aille me persuader que cet or est le produit d’un alchimiste du XVIIe siècle.
Enfin je nourris une préférence toute spécifique pour les incomplets ; et, sans ressusciter ici ce que j’ai ailleurs émis, que l’on soit sûr que je persisterai dans le sentiment qu’il n’est rien que de vain et de dénaturé dans les raisons étayant leur excommunication. Je ne sais plus quel est l’auteur qui conseillait de commencer un roman par le deuxième tome, car cela forçait d’imaginer le premier et développait par là la folle faculté, mais j’ai bien peur que ce conseil ne soit de ceux qui passent les Bibliophiles - je parle de ceux qui ne jurent que par leurs bibliographies ; tout au plus pourra-t-il se trouver en grâce chez eux lorsqu'ils auront pour vœu de se purger de leurs incomplets (car ils ont eu quelquefois le malheur d’écouter en eux la voix de la nature) : peut-être alors l’exalteront-ils, l’étendant même jusqu’aux pages volatilisées ; et ce ne sera sûrement pas là la première concession qu’ils auront faite à la nature à leur insu. En effet notre Dame, envers qui l'Homme paraît en vérité avoir gardé une immortelle rancune.., déclare, car j'ose bien parler en son nom, qu'un livre que l’on prive de deux de ses pages ou de l’une de ses illustrations ne perd absolument rien de son essence : son âge demeure le même, il est porteur des mêmes pensers ; la matière qui le compose et le travail que l’on fit dessus ne changent pas ; sa provenance, l'être qui l'enfanta et son histoire encore moins. Eh sacredieu ! où ne vous mènent donc point vos abstractions !.. Il faudrait un ouvrage complet pour le mettre en lumière !.. Quelques-uns croiront peut-être qu'étant, il y paraît, prêt à périr pour eux, je dois bien être tenté, parfois, d'amorcer leur floraison en rendant incomplets les livres qui, échéant bien, ne le sont point encore ; aussi je crois bon de préciser qu’il est d’une belle nécessité, pour qu’un incomplet soit porteur de quelque charme, qu’il se soit attiré ce titre par les inconstances du sort et ses aléas ou par une cause naturelle, mais jamais par un acte volontaire ou du moins conscient.
Les tares, dans les sujets vaillants ou les objets vaillamment aimés, appellent toujours de vives compensations ; celles-ci étant, dans le cas qui nous occupe, nécessairement subjectives, leur appel oblige pour ainsi dire l’imagination de s’animer, de faire le diable à quatre : cette vertu n’a pas peu contribué à aviver mon zèle pour ces reflets de l’âme humaine
(si j’ai affecté le substantif « incomplet », c’est uniquement pour montrer que je me joue de mettre ce « vice » bien en lumière tout en exaltant les livres affectés, ou que l’amour, mieux que l’abstraction - car en la multipliant (l’essence), fait une essence de tout ; mais à cent lieues de croire que celui-là puisse servir à caractériser ceux-ci, j’ai souvent l’impression, en oyant dire « les incomplets », que c’est des Bibliophiles qu’il est question : mais à Dieu ne plaise que je revienne sur ce brûlant article !..).
Enfin chacun bridant sa bête, je me briderai (les incomplets n’est-ce-pas resteront des incomplets tant qu’on voudra qu’ils le restent) en priant bien ceux qui les damnent tant de ne pas balancer à alléger leurs souliers en m’en envoyant un ou deux, parmi les plus compromettants qu’ils peuvent posséder, pour la course nouvelle de l’Astre (par l’intermédiaire du maître de ce lieu) : non seulement je saurai les aimer, mais aussi leur apprendre que, s’ils ne l’étaient pas auparavant, ce n’était peut-être pas leur faute. — Eh ! quel tort ne feront-ils pas à leur cause si je n’en reçois point !..
En exposant mes critères, je crois parler assez de ma faible aura ; et, connaissant les leurs, lesquels s’appliquant à des qualités qui ne touchent point à l’essence du livre ne servent, selon moi, qu’à faire naître la mauvaise Éris, l’envie, la séparation des esprits, en fin finale l’aveuglement (toutes choses que l’Humanité subit depuis ses premiers regroupements en société, et qu’il serait peut-être enfin souhaitable qu’elle apprenne à dépasser), j’aurai la délicatesse de ne pas libérer l’ennui en les entretenant d’une bibliothèque qui n’a pas été ébauchée dans la vision de cet instant d’ostentation, et qui ne parle qu’aux cœurs faits pour l’entendre (et, à l’âge floral, je n’ai pas encore eu le malheur de tomber sous la subjugation d’un livre qui allierait, sans que de celle-ci soit cause, maintes des qualités qui les aiguillonnent). Il m’arrive d’ailleurs de les déclarer tout uniment, soit aux libraires, soit à des Bibliophiles lorsque la Providence fait sa géométrie avec mon chemin et le leur ; mais en voulant ramener les Jules Janin à des valeurs plus naturelles (ce qui est ma manière de me présenter), j’oublie qu’il faudrait d’abord y ramener l’homme : Or l’homme, ici, ne fait point le sujet.
Depuis quand la passion de la bibliophilie s'est-elle emparée de vous?
Si l’on a à coeur de faire prévaloir l’étymologie, depuis les premiers véritables éveils de mon esprit : celui-ci, ayant donné bel asile au mauvais esprit de ce siècle, airain sonnant, pendant plus de trois lustres, a, sitôt que clairvoyant, vu dans les livres, surtout ceux Lumineux, le plus sûr moyen de s’en déliser, et de charmer le coup porté par ses tardifs éveils, et dont je me ressens encore. Celle qui me donna le jour étant autrice (principalement de contes pour enfants), je n’eus pas à les chercher trop loin, du moins à l’aurore première.
Si l’on n’embrasse que les livres âgés, depuis qu’un prêtre, chez qui j’eus l’hospitalité maints jours durant (comme j’eusse aimé que ce fût M. de Pontverre !), me fit offrande, hélas sans cérémonie, d’un missel du XIXe. Il n’en fallait pas davantage pour tourner mes sangs - vers l’air ancestral.
Pour ce qui est de me faire aimer la science du livre - bibliographies et tout le bataclan, je sens qu’il n’est peut-être qu’un seul être qui serait en état d’y réussir ; cet être, que je ne trouverai, il y a apparence, jamais, s’appelle un père spirituel. Je me figure un vieil érudit un peu fou, et dont la barbe aurait fleuri à chaque livre effleuré : est-il une grâce qui égale celle d’être initié ?..
Quels sont vos domaines de prédilection, ou votre approche est-elle éclectique et vous fonctionnez au coup de coeur?
Je ne suis sujet, lorsque je marche en foi, qu’aux caprices de mon cœur, mais presque toujours en ces deux domaines : Ésotérisme et Religion. Le premier fait naître des mondes cachés ; le second le moins caché d’entre tous. Quiconque n’aurait jamais acheté de livres que dans un seul domaine ou un état parfait serait suspect à mes yeux ; je penserais que sa raison connaît les raisons de son cœur, pour en être la source ; que si un divin courroux l’expédiait sur une planète où ne seraient prisées que les deuxièmes éditions, le chiffre deux y étant sacralisé, il laisserait bientôt là ses pâles éditions originales, vieux hochets mémoratifs, pour ne plus s’ingénier qu’à déceler ces fameuses secondes éditions. Il n’est pas de cœur systématique, il n’est que des cœurs étriqués, esclaves de l’esprit, et je ne conçois guère de plus bel exemple de relation sensible aux livres que celui de Pinhas S., qui émet l’idée d’une notice sise à la fin de chaque lot d’un catalogue, où serait inscrit : "Voici les raisons pour lesquelles j'ai acquis cet ouvrage, et pourquoi je l'aime" et qui, à tort ou à raison, me fait un peu penser à M. de Buttafuoco ; et beaucoup à Hugues..
Quel est le ou les livres qui vous font rêver? Et les livres que vous possédez déjà et qui vous sont particulièrement chers?
L’exemplaire de l’Imitation de Jésus-Christ décroché par M. Tenant de la Tour : http://fr.wikisource.org/wiki/Un_souvenir_de_Jean-Jacques_Rousseau.
Vendu en 1863 (ô sacrilège !), il alla dans les mains du duc d’Aumale ; en 1925, Théophile Dufour supposait qu’il devait bellifier la bibliothèque du Musée Condé, à Chantilly. Seulement si l’on se fie à la conservatrice de celle-ci, ce livre n'a jamais fait partie de leurs collections. Bien : où diable est-il ? La réponse est-elle sise dans la question ?
Un exemplaire de La vraie langue celtique en édition originale, annoté par H. Boudet lui-même. C’est la seule exception que je ferais à mon sentiment sur le XIXe.
Le livre V de l’Émile de 1762, à la Haye, dans une demi-reliure à coins en peau de ma fiancée (sa réalisation n’attend que son consentement..).
À l’égard de ceux à présent sous ma coupe, ayant formé un lien symbolique, circonstanciel, avec chacun d’eux, il me serait bien malaisé d’en sélectionner un en leur sein si le hasard n’y pouvait présider : cela n’étant, en voici un qui marque une étape et m’est cher, bien que dénué d’éclat : Méditations sur l’histoire et la concorde des Évangiles, par Mathieu Feydeau, chez François Foppens, 1673, en plein vélin.
Vous savez que les lecteurs du blog aiment les histoires, auriez-vous une anecdote à nous raconter, sur une trouvaille, un livre, autre chose qui touche à la bibliophilie?
J’eus un jour la sereine surprise de tomber, dans un livre du début du XIXe siècle sans lien aucun à la poésie, sur deux strophes (quintils) manuscrites (dont une illisible du fait d’une tache qui, semble-t-il, fut faite volontairement ; seule la fin du dernier vers reste lisible) de poésie. Les recherches effectuées sur la claire s’étant avérées infructueuses, ou plutôt m’ayant procuré l’un des meilleurs fruits que je pouvais espérer, à savoir la conviction qu’elle n’appartenait à aucun poème connu, je me suis alors mis dans l’esprit que ce quintil m’était dévolu, que je devais l’y graver profondément ; de là l’attache vivace que j’ai conçu pour ce qui deviendrait à coup sûr mon Horcruxe, si j’avais à en faire un ; si je le pouvais ; et s’il était toujours en ma possession.
Enfin, vous êtes un visiteur fidèle du blog... qu'en attendez-vous?
Qu'il me fasse rêver en m'ouvrant diverses perspectives souvent renaissantes, m'apporte des connaissances afin d'aimer à meilleur escient, et enfin qu'il célèbre et sacralise les incomplets."
Pour les incomplets....ne rêvez pas Donatien! NDLR.
H

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