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Les quotas sur les radios : fardeau et ineptie dans l'industrie musicale

Publié le 10 janvier 2010 par Madnestef
Les quotas sur les radios : fardeau et ineptie dans l'industrie musicale
L’audiovisuel est un domaine qui a permis la diffusion massive d’artistes dans le monde. Les productions américaines dans l’industrie musicale ont su se faire une place de choix grâce à leur langue, au rayonnement de la culture américaine grâce à sa supériorité économique permettant des possibilités budgétaires colossales par rapport aux ressources disponibles dans les pays Européens. Sous le coup de la récession de l’industrie du disque, cet aspect s’est accentué de façon dramatique.
Voici un bref historique approximatif, construit sur base des informations trouvées sur ce site.
En 1992, le CSA a reçu l’autorisation de s’impliquer dans les règlementations en matière de diffusion du patrimoine musical. En 1994, un quota s’est précisé, fixé à « 40 % d’œuvres musicales créées ou interprétées par des auteurs et artistes français ou francophones et, sur ce quota, 20 % de nouveaux talents ou de nouvelles productions » aux heures significatives à partir de 1996. Cette règlementation a été déclarée compatible avec le Traité de Rome en 1998. Une modification a eu lieu en 2000, plus précise, qui s’appliquait aux radios généralistes comme aux radios spécialisées dans la musique et pour les radios jeunes dans des proportions sensiblement différentes et s’est étendues aux chansons en français.
L’initiative en soi est louable : la protection de la production et de la langue françaises en matière de musique. Mais au fil des années, un problème s’est installé : la production.
Christophe Maé, Jena Lee et des inepties pures ont bénéficié d’une tribune d’expression excessive avec un succès conséquent. De plus, des chanteurs étrangers ont contourné cette loi en insérant des passages en français (généralement sans rapport avec le texte original de la chanson, souvent génériques) ou invitant des chanteurs francophones à entonner leur texte aléatoire en compagnie de l’artiste original, ce qui retire tout sens à ladite loi. Par ailleurs, du fait de la crise du marché du disque français et la prédominance officielle des classements de ventes physiques par rapport aux ventes digitales, le classement officiel français n’apparait plus comme représentatif du goût français.
En outre, les classements Airplays, basés sur des rapports d’écoutes par diffusion, montrent une popularité majoritaire des chansons en anglais et une équivalence entre les chansons françaises et les chansons hybrides au sommet de ces classements (on peut débattre sur le fait que David Guetta a occupé la première place du classement pendant un moment cette année, mais le chant était réalisé en anglais par des artistes américains).
Enfin, la crise de l’industrie musicale se met en travers du lancement d’artistes français pouvant renverser la tendance.
Doit-on abolir cette loi des quotas qui n’a plus lieu d’être ? Ou doit-on blâmer les producteurs français qui n’ont plus à se soucier de la qualité de ce qu’ils proposent, auront de toutes façons leurs diffusions et trouveront forcément un public minoritaire mais acheteur ? Que penser de ces duos dont les performances sont totalement aléatoires ? Je suis d’avis que quoi qu’il en soit, la seule chose qui pourrait donner un sens aux quotas serait un renouveau de l’industrie musicale et une prise de conscience de la part des consommateurs, qui devraient montrer qu’ils se soucient de leur patrimoine artistique, et des autorités en matière de règlementation de l’audiovisuel, qui doivent impérativement se rendre compte de la situation et soit abdiquer face à la domination de la culture musicale américaine, soit être plus stricts sur les diffusions et s’informer de l’état de la scène musicale française afin de pouvoir proposer ou imposer des artistes susceptibles de plaire, en se servant d’Internet comme référence.
Andrei.

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