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Le PCR révise son histoire

Par Laurelen
Le PCR révise son histoire

D'un côté un collectif d'historiens, dont Alexis Miranville et Olivier Fontaine, auxquels on peut ajouter Prosper Eve, lesquels remettent en cause la vision de l'histoire induite par le projet de la MCUR, et en particulier la vision de l'esclavage. De l'autre, le PCR et sa machine de guerre, et deux éminentes personnalités parties prenantes de la Maison des civilisations, Carpanin Marimoutou et Françoise Vergès. Les premiers, en résumé, accusent le projet de la MCUR de mythifier l'histoire de l'esclavage à la Réunion, notamment le rôle des marrons, et d'en faire un conte manichéen : d'un côté les méchants gros blancs esclavagistes, de l'autre côté les pauvres esclaves qui finiront par secouer leur joug (on résume, hein, ça prend des pages). Les seconds mettent en cause les historiens, en les traitant, entre autres, de révisionnistes. Le mot est grave, insultant, et surtout, pas approprié. Les révisionnistes sont les sales cons qui disent que les chambres à gaz n'ont jamais existé. Des idéologues fascistes de la pire espèce, qui nient, pour des raisons politiques, un abominable pan de l'histoire du monde.
Ici, une petite parenthèse, dans laquelle je vais pour une fois utiliser la première personne du singulier. J'ai eu la chance d'avoir comme profs deux des protagonistes de cette histoire : Prosper Eve au lycée, et Carpanin Marimoutou à la fac. Tous deux étaient d'excellents enseignants, et j'en garde un souvenir fort. Eve n'avait pas son pareil pour faire vivre l'histoire. La raconter, comme on raconte une histoire à des enfants. Prosper était du genre timide, d'ailleurs, une fois un peu connu, il n'aimait pas parler aux medias.
Carpanin, lui, a marqué des générations d'étudiants. Plus jeune agrégé de France à l'époque, il enseignait aussi bien le latin que la littérature en fac de lettres (mais pas l'histoire). Il avait alors une sorte de quant-à-soi très britannique. Accessoirement, les étudiantes étaient folles de lui (mais on s'écarte du sujet, là). Tout ça pour dire que je voue le plus grand respect à ces deux enseignants qui m'ont donné envie d'apprendre.
Fin de la parenthèse. Ca me fait mal aujourd'hui de voir Carpanin Marimoutou en missi dominici du PCR et sortir du débat pour "casser" nos historiens péi, qui ont juste rappelé certaines vérités. Vérités qui cadrent avec le dogme du parti, dogme qui colle avec le projet de la MCUR. L'histoire est complexe. Il n'y a jamais les gentils d'un côté et les méchants de l'autre. Il n'y avait pas 40 millions de résistants en France en 1941. L'esclavage à la Réunion, comme aux Antilles ou aux Etats-Unis, la traite des nègres, le triangle d'or, ont été une abomination. Une abomination qui a fait la fortune de certaines familles de gros blancs ici, de békés aux Antilles, du Sud aux Etats-unis, et de villes françaises (Bordeaux, Nantes, entre autres). Et qui a causé une distorsion de l'histoire, qui fait qu'à la Réunion, encore de nos jours, le kaf est le laissé pour compte de la société.
De là à traiter des historiens réunionnais, dont certains, comme Miranville, sont descendants d'esclave, c'est plus qu'une insulte. C'est une ignominie. Et comme Témoignages et son tirage ridicule ne permet pas de répandre assez l'opprobre, le PCR utilise la "presse bourgeoise" pour distiller son poison, et discréditer des chercheurs dont on ne peut pas penser qu'ils soient au service de forces réactionnaires ou... révisionnistes.
Heureusement, la presse locale produit des anticorps à la propagande. Avec des commentaires bien sentis de Franck Cellier pour le Quotidien, et de Jérôme Talpin pour le Jir, certaines choses sont remises à leur place.
Mais faut-il que les tenants de la MCUR se sentent mal pour qu'ils agressent avec cette violence des historiens qui ne revendiquent que le fait de mettre en avant leurs travaux...
François GILLET


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