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James Ensor : un peintre démasqué ? (2)

Publié le 13 janvier 2010 par Myriam

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Ses recherches sur la lumière mènent James Ensor a une série d'immenses dessins (inspirés des eaux fortes de Rembrandt), six au total, intitulés "Les Auréoles du Christ ou les Sensibilités de la lumière" qu'il expose au salon des XX de 1887. Ces six visions de la lumière "évoquent des sentiments tantôt gais, tantôt tristes, intenses, vifs, crus ou encore sereins, et replacent les épisodes de la vie du Christ dans le contexte personnel de l'artiste" (1).

Ensor - La vive et Rayonnante, L'entrée du Christ à Jérusalem, 1885
Ainsi "La Vive et Rayonnante. L'entrée du Christ à Jérusalem" (2), ci-contre, impressionne par sa taille, la multitude des détails (par exemple sur l'ensemble des banderoles, Salut Jésus roi des Juifs, les Impressionnistes, les XX, Mouvement flamand, Hip Hip Hip Hurrah !, charcutiers de Jérusalem, ...), la foule au premier plan dont on ne distingue que les visages, et le Christ qui a les traits de l'artiste. "La scène, qui se déroule sur un des grands boulevards bruxellois de l'époque, mêle le religieux, le politique et l'artistique en un mouvement où règnent la révolte et le besoin de renouveau" (1). Mais une fois de plus, Ensor rencontre l'incompréhension de ses contemporains, y compris au sein du groupe des XX dont il est l'un des fondateurs, alors que la toile "Un dimanche après-midi à l'Ile de la Grande Jatte" présentée par Seurat lors de ce salon emporte l'enthousiasme.

Dès lors l'artiste va se réfugier derrière ses masques et ses squelettes. En 1889, il peint l'immense toile "Entrée du Christ à Bruxelles" (2,58 x 4,30 m, soit presque 10 m2 de toile, Los Angeles, The Paul Getty Museum) dans son atelier en réponse à la fameuse toile de Seurat. Plus tard, en 1933, il se représentera devant son harmonium avec la toile en arrière-plan. "Ici il y a à noter une évolution de ma manière. Pour arriver à rendre les tons riches et variés, j'avais mélangé toujours les couleurs. Malheureusement ces mélanges ont altéré certaines couleurs et quelques peintures ont noirci. J'ai modifié alors ma manière et appliqué les couleurs pures. J'ai cherché logiquement les effets violents, surtout les masques où les tons vifs dominent. Ces masques me plaisaient aussi parce qu'ils froissaient le public qui m'avait si mal accueilli" (3).

à suivre ...

(1) Dossier de l'art, n° 168, Sabine Taevernier, "Crayonnages fous" d'un visionnaire, p.38 et p. 40

(2) Pastel noir et marron et papiers collés marouflés sur toile, 206 x 150,3 cm, Gand, musée des Beaux-Arts, © ADAGP, Paris 2009

(3) Propos de James Ensor en 1898


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