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Montréal 1978

Publié le 15 janvier 2010 par Georgesdimitrov

Montréal 1978Restons dans notre chère ville tout en remontant un peu dans le temps avec un petit portrait de figure aussi importante qu’aujourd’hui confidentielle : j’ai l’honneur de nommer Lewis Furey, chanteur, compositeur, multi-instrumentiste, metteur en scène, acteur et pygmalion essentiel au Montréal bilingue joyeusement créatif des années 1970. Outcast intello raffiné au sein d’une époque militante, Furey peut se targuer de récolter trente ans plus tard la rançon de sa gloire. Ses enregistrements, quasi introuvables, excentriques au possible, n’ont pas pris une ride : singuliers et extravagants ils étaient, singuliers et extravagants ils demeurent.

Né en 1949, Furey est tout d’abord un petit prodige du violon, qui se produit avec l’Orchestre Symphonique de Montréal à l’âge de onze ans. Après des études classiques, il se tourne vers la musique pop en 1974. Suivront trois albums solo : Lewis Furey (1974), The Humours Of Lewis Furey (1976) et The Sky Is Falling (1978). Ces disques, qui tournent autant au Québec que de l’autre côté de l’Atlantique, lui valent bientôt  une pléthore de fans français qui se réjouissent encore régulièrement sur le Net. Malheureusement pour eux et pour nous, ces albums seront les derniers, Furey se tournant rapidement vers la musique de films et la mise en scène. Cette nouvelle carrière cinématographique se révèle cependant plutôt houleuse. Fantastica (1980) de Gilles Carle – comme acteur -  et Night Magic (1985) – comme réalisateur – sont deux exemples d’œuvres ambitieuses mais manquées, malgré les luxueuses musiques cabaret-burlesque de Furey. Le metteur en scène sera plus inspiré au théâtre en signant l’une des plus éclatantes moutures du classique opéra rock Starmania en 1993-1994.

The Sky Is Falling est le seul album solo de Lewis Furey que nous possédons en version CD. Cette magnifique œuvre théâtrale possède indéniablement une certaine décadence propre à son époque. Immédiatement, l’auditeur sera frappé par l’opulence des arrangements : instrumentation symphonique, chœurs de haute voltige, voix affectée à la Bowie/Lou Reed, et paroles sexuellement chargées. Cette ostentation, héritée sans nulle doute de l’éducation classique du créateur, confère à de petites ritournelles pop une somptuosité surprenante. Conçus comme de petits opéras de poche, les trois titres que nous vous proposons sont de bons exemples du talent protéiforme de Lewis Furey : une preuve de plus que la véritable richesse bizarroïde, contrairement au conformisme hype, vieillit comme le bon vin.


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