La première
définition du 'cireur' trouvée dans une édition du Dictionnaire de l'Académie française date du XIXe siècle. Pourtant 'cire' et 'cirer des bottes' sont dans la première édition de 1694.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle on emploie le terme de 'décrotteur', chez qui on se rend pour se faire nettoyer ses chaussures de la boue et cirer avant d'aller chez une personne de bonne
compagnie.
Photographie : Gravure d'époque Directoire
ayant pour titre Les Décroteurs en Boutique. On distingue derrière la vitre l'enseigne du lieu : « Ici on décrotte à la cire luisante » ; sans doute un signe de modernité
puisqu'on ne distingue comme clients de cet endroit que des incroyables et des merveilleuses. Les différentes étapes du cirage sont ici représentées avec le brossage, la préparation de la cire
avec de l'oeuf et son badigeonnage au pinceau sur les chaussures. Avoir des chaussures cirées est une nécessité pour qui a un rendez-vous avec une dame ; comme on le remarque sur la gravure où le
premier incroyable lit un message sans doute galant ; le second parle avec une jeune femme ; et le troisième part avec une autre.
Les boutiques de décrotteurs semblent être une nouveauté de la fin du XVIIIe siècle ou du tout début du XIXe siècle ; car le passage sur ce sujet de Tableau de Paris (seconde photographie), dont la première édition date de 1781, ne mentionne pas de tels endroits. A des époques où les chevaux sont nombreux dans les rues de la capitale française, les lieux de promenades (les Champs-Élysées, Longchamp, les jardins …) souvent poussiéreux voir boueux lorsqu'il pleut …, prendre soin de ses chaussures est une nécessité de chaque instant. Un des plus farouches combats de l'homme sur cette terre est sans doute celui contre la poussière.


Photographie : Gravure d'époque (1804) de la série L'Élégance parisienne. Cette planche n°1 s'intitule : 'Le désagrément d'aller à pied'. On a attaché (des enfants sans doute) à un chien un petit fagot qui en passant devant une merveilleuse et un incroyable les asperge de boue. Il est à remarquer le large chapeau de l'homme qui est très à la mode à Paris à une certaine période. L'Élégance parisienne est une suite de sept estampes publiées en 1804 qui dévoilent les infortunes de la mode, comme celle intitulée 'Le désagrément d’être joli garçon' où un petit maître du Premier Empire est représenté entre un policier qui l’attrape par son collet, et une femme qui le retient d’un côté tout en étant elle-même modérée par l’énorme bourse (sur sa traîne) de son petit mari.
