"[...] quand cet être-là vous donne rendez-vous sur la place des Prêcheurs, devant votre ancien lycée posé en face de la prison et du palais de justice, vous savez soudain ce qui vous a manqué jusqu'alors, car dans ce bonheur du "rendez-vous", ce mot que l'on ne traduit pas, il y a le bonheur de comprendre soudain que vous pouvez vous aussi, être ce qu'il y a de meilleur sur terre, et tant pis si votre mère ne l'a jamais vu, vous le savez et vous vous le dites, vous le répétez à vous-même pour avoir un peu moins le trac mais surtout parce que ce sourire qui ne vous quitte plus est la seule chose qui restera à jamais sur votre visage. Lorsque tout sera relâché, terni, effondré, ce sourire sera semblable au sourire du premier rendez-vous."
Une femme prépare un tête à tête intime avec son mari pour leurs 25 ans de mariage. Elle y a occupé toute sa journée, le repas est en train de chauffer, les bougies sont allumées. Elle descend à la cave afin d'ouvrir une bouteille de vin. En déployant le journal qui la recouvre, elle tombe sur une annonce, "Emilie, Aix 1976. Rejoins-moi au plus vite à Gênes. Dario." Alors, sans réfléchir, sans à peine écrire un mot d'excuse, elle éteint le four, les bougies, quitte tout, prend sa voiture et file vers l'Italie.
Mais court-on sans périls vers un souvenir vieux de trente ans ?
Arrive le moment délicat de vous donner mon avis et je voudrais tellement dire du bien de ce livre, mais cela m'est bien difficile... Je pensais aller vers un Véronique Olmi comme en terrain conquis, certaine de plonger dans un écrit "coup de poing" qui me laisserait chaos et exsangue. Mais rien de tout cela. Pour moi, Le premier amour est une bluette sentimentale aux ressorts assez convenus. Chaque évènement s'avère prévisible, ou déjà-vu ailleurs, et le "ailleurs" n'est pas véritablement très flatteur...il ressemble à s'y méprendre à du mélo, surtout lorsque Emilie arrive enfin en Italie. Sans vouloir déflorer l'histoire, vous trouverez dans ce roman une enfance rigide, un amoureux de 17 ans beau et populaire, une vie maritale terne, une soeur handicapée qui chante Mike Brant, un homme amnésique, une femme au charme ravageur, une belle villa à l'italienne, une porsche...
Alors bien entendu, Véronique Olmi a une écriture formidable et les réflexions de son personnage féminin sont riches, surtout lorsqu'elle se questionne sur son âge, sur le départ de ses enfants, sur ce que l'on retient de ses premiers émois, oui mais cela ne suffit pas vraiment à relever l'ensemble... Je reste déçue par ce récit là. J'ai le sentiment d'avoir lu une histoire où l'auteure n'avait pas mis d'elle-même, s'était contentée de juxtaposer des "effets".
J'espère lire ses autres écrits, les précédents, ceux que j'ai noté depuis longtemps, j'ai envie d'être à nouveau bousculée par elle, comme elle a su le faire avec Privée et comme je sais profondément qu'elle en est capable. Mince.
ISBN 978 2 246 75561 6 - 18€ - 01/2010
Clarabel est "presque" du même avis que moi, moins déçue peut-être...
Ce titre est une des tentations de l'Or des chambres qui m'avait gentiment taguée... Mon autre tentation à moi, de cette rentrée de janvier, est Absence d'oiseaux d'eau d'Emmanuelle Pagano, mais vous l'aviez deviné...