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Les robots: la prochaine grosse affaire? (partie 2/2)

Publié le 08 novembre 2007 par Samuel Bouchard

Voir la première partie de cet article sur la robotique de service.

corobot
[Corobot, la plate-forme mobile de CoroWare]

coroware robot

Qui donnait la présentationLloyd Spencer, CEO
Ce qu’ils font — Ils ont développé Corobot, une plate-forme de robot mobile (image) qui est munie d’un ordinateur, de capteurs et en un option un manipulateur avec une pince. La robotique n’est pas leur pain et leur beurre. Jusqu’à maintenant, les clients qui achètent leur plate-forme sont surtout du domaine éducationnel. Pour payer les factures, ils font beaucoup de développement logiciel en sous-traitance pour Microsoft. Ils travaillent naturellement avec Microsoft Robotics Studio et ont même développé des extensions pour en augmenter ses capacités. Spencer est un vétéran de l’industrie informatique.
Ce qu’ils pensent — Le CEO nous a présenté des extraits d’un article paru dans le Harvard Business Review expliquant une méthodologie pour s’aider à faire des prédictions technologiques intitulé “Six Rules for Accurate Effective Forecasting“. Il n’est pas accessible au complet en ligne mais j’en ferai un résumé sous peu. La première étape est de définir un cône d’incertitude (cliquez sur l’image pour le voir). À partir des signes présents comme l’évolution du DARPA Grand Challenge, les ventes d’aspirateurs d’iRobot et de jouets, l’historique de recherche universitaire, le cône d’incertitude pour la robotique a été tracé pour la robotique. Spencer, comme l’auteur de l’article, voit s’étendre les possibilités de la robotique grand public à un éventail plus large d’applications dans les dix prochaines années. Lesquelles? Encore une fois ce n’est pas clair mais les premières prévision vont dans le sens de ce Microsoft propose, soit des systèmes simples à application unique et des systèmes mobiles d’information.
robot prediction

robotics trend

Qui donnait la présentation — Dan Kara, président
Ce qu’ils font — Robotics Trends est une organistion qui diffuse de l’information sur le marché de la robotique. Ce sont eux qui organisaient la conférence.
Ce qu’ils pensent — Leur point de vue donnait un bon état de la situation. Tout d’abord, il a rappelé à l’audience que plusieurs conditions sont ou seront rencontrées éminemment pour favoriser la croissance de la robotique de service:

  • Les technologies sont disponibles: Processeurs, communication sans fil, reconnaissance vocale, simulation, capteurs, outils pour développer des systèmes embarqués.
  • De véritables “points de douleurs” sont inévitables. Un peu comme le bug de l’an 2000 était un point inévitable qui a généré beaucoup de travail en informatique, le vieillissement de la population et le manque de main-d’œuvre seront des motivateurs pour la robotique.
  • Le gouvernement américain a annoncé ses intentions d’utiliser encore plus de robotique pour la défense, la sécurité nationale et l’exploration spatiale. L’armée vise qu’un tiers de ses véhicules de combat terrestre soient autonomes d’ici 2015.
  • La recherche universitaire est mature. Plusieurs diplômés en robotique sont aujourd’hui sur le marché de l’emploi ou démarrent des entreprises. D’ailleurs, le financement est de plus en plus disponible. Des grappes d’entreprises en robotique commencent à prendre forme autour des universités à l’avant-garde du domaine: Pittsburg, Boston et Silicon Valley.

Un point intéressant de la présentation, c’est qu’il parlait des secteurs qui ont déjà un certain air d’aller dans la robotique de service. Il les sépare en deux catégories.

  1. La robotique de service professionnelle
    1. qui travaille sur des humains: Chirurgie assistée, robots guides, etc.
    2. qui travaille sur des équipements: Nettoyage de plancher, tuyau et fenêtre, inspection, réparation, etc.
    3. qui performe d’autres fonctions autonomes: Militaire, sécurité publique, manipulation de matériel dangereux, etc.
  2. La robotique de service domestique
    1. qui divertie et éduque: jouets intelligents, robots éducationnels, robots hobby, robots de divertissement.
    2. qui assiste les personnes: aide aux tâches ménagères, qui améliore la qualité de vie des gens en perte d’autonomie, etc.

Il y a déjà des domaines qui sont rentables comme les véhicules aériens autonomes, les robots médicaux, les robots aspirateurs et plusieurs jouets.

logo_nasa.gif

Qui donnait la présentation — Terry Fong, directeur de la robotique intelligente
Ce qu’ils font — Ont-il besoin de présentation? Beaucoup de robotique haut niveau pour des missions spatiales.
Ce qu’ils pensent — D’abord, ils s’orientent pour faire beaucoup de robotique dans les prochaines années pour retourner sur la Lune et sur Mars. L’image ci-dessous présente l’évolution de leur budget dans un futur rapproché.
nasa budget

À mesure que la station spatiale et que la navette disparaîtront de l’agenda, l’emphase sera transférée sur des missions d’exploration, comprenant une forte composante robotique, et les technologies humain-robot. La NASA est à la prochaine étape. Ils travaillent pour que le robot ne soit pas qu’un outil de plus pour l’humain mais bien un partenaire avec lequel on peut travailler. Ça donnerait lieu à des interactions du genre, “robot, prête moi le tournevis stp”, “robot, vérifie cette soudure stp” ou un robot qui dit à Jim “Jim, je ne sais pas quoi faire ici, viens m’aider stp”. C’est pourquoi ils ont mis sur le pied projet “Peer-to-peer Human-Robot Interaction“. Allez voir le vidéo sur le lien précédent pour une explication du projet. Les objectifs de la NASA pour l’utilisation de robots sont

  1. Réduire le nombre et la durée de sorties extra-véhiculaires non-productives.
  2. Réduire le travail de l’équipage.
  3. Améliorer l’architecture des missions, les rendre plus flexible et robustes. Les missions envisagées et les tâches que les robots auront à effectuer sont les missions préparatoires sur la Lune (caractériser l’environnement, conduire des expériences, déployer des infrastructures), mission de sortie (support aux astronautes, effectuer les tâches répétitives et laborieuses) et le maintient d’une base lunaire (inspection, réparation, préparation de site, manutention, assemblage, construction, etc.)

EN RÉSUMÉ

Bien sûr, tous ces intervenants prêchent pour leurs paroisses (tout comme moi!) car ils travaillent tous dans la robotique. Leurs arguments font quand même du sens. Toute comparaison intégrale avec l’évolution de l’informatique ou de l’électronique ne peut être parfaitement exacte. Certes la robotique diffère de l’informatique et le contexte a changé. Cependant, à voir comment tous ces intervenant s’accordent pour affirmer que l’âge d’or des robots approche, je suis plus que jamais convaincu que ce sera le cas. Quand et comment? Personne n’a la réponse pour l’instant. Ce n’est pas encore évident de prédire l’application qui aura assez de valeur aux yeux du grand public comme Lotus ou WordPerfect l’a eu pour les ordinateurs.

Alors que plusieurs entreprises en robotique de service sont déjà profitables, on voit se former des pièce du casse-tête. Aujourd’hui, on peut prendre plusieurs blocs et les assembler pour construire un robot beaucoup plus facilement et pour beaucoup moins cher qu’il y a cinq ans. On sent que bientôt les robots seront assez accessibles pour qu’on les rencontre au quotidien. Deux grands thèmes de développement actuels débloqueront de nombreuses possibilité.

  1. Standardisation
    En ce moment, on n’a pas besoin de savoir concevoir et de comprendre un processeur pour utiliser un ordinateur. La robotique devra subir la même évolution. Les composantes et les protocoles devront être standardisés pour pouvoir s’assembler facilement. Ceci permettra de bâtir sur le travail des autres et d’accélérer le développement.
  2. Collaboration humain-robot
    Ce n’est pas tout de construire un robot, il devra pouvoir évoluer dans un environnement peu ordonné et interagir avec les humains. Ceci comporte plusieurs défis encore non résolus. Comment communiquer avec un robot de façon intuitive? Comment assurer la sécurité des gens qui côtoient les robots? Comment les concevoir pour qu’ils soient acceptés socialement? Ce sont autant de questions qui animent plusieurs chercheurs dans le monde en ce moment.

Ces thèmes s’alignent avec les propos que j’avais rapporté dans d’autre articles comme celui sur les défis actuels de la robotique et sur l’initiative européenne Robots SME.

On ne peut pas tout prédire, peu importe nos connaissances. La technologie nous garde certainement plusieurs surprises. Celui qui avait imaginé l’ordinateur HAL dans 2001 l’Odyssée de l’espace avait plutôt misé juste sur les capacités des ordinateurs futurs. Il n’avait cependant jamais vu venir les transistors… le puissant HAL fonctionnant aux cartes perforées. De la même manière, le jeu de rôle ShadowRun lancé fin 80 présentait des personnages capable de se connecter à la matrice, un genre d’Internet.. via un terminal: ils n’avaient pas vu venir le sans fil. Mon fils naîtra en avril. Je suis certain qu’à mon âge, il aura une toute autre perception de la robotique que celle que j’ai aujourd’hui.


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