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Une belle histoire fantastique…

Publié le 20 janvier 2010 par Myarts

Par Pirchirinarmor

C’est le soir. Une petite pièce sombre sous les combles. Des murs en crépis percés seulement d’une petite ouverture bouchée par des culs de bouteille en verre épais, laissant à peine passer la faible lueur d’une lune blafarde. Puis, on ne voit plus au centre de l’image que le visage ridé d’un vieillard à la barbe grise impressionnante, faiblement éclairé par la flamme chancelante d’une bougie. Ses yeux bleus sont vitreux, ses paupières gonflées et alourdies par les ans. Dans la pénombre, on aperçoit des grimoires, des livres et des parchemins répandus dans toute la pièce.

Au soir de sa vie, ce vieillard à l’article de la mort fait le bilan de sa vie. Or ce bilan le remplit d’amertume et de regrets. Il est, certes, un professeur renommé et respecté de l’université de céans. Et toujours il a respecté les règles qu’imposent aux hommes respectables les mœurs et les usages des bonnes gens, et les commandements de la religion. Mais le fait d’avoir consacré ainsi sa vie aux études dans le strict respect de toutes les convenances lui a fait oublier de vivre. Il n’a connu ni les jouissances de la vie, ni les avantages de la fortune, ni même les douceurs de l’amour.

Et il le regrette. Mais que faire, puisque tout est fini ? C’est là que naît brusquement en son âme, lorsqu’au paroxysme du désespoir il décide d’en finir une fois pour toute, une violente révolte contre le destin. Il veut repartir à zéro, tout recommencer, tout faire différemment. « Et pour cela, » hurle-t-il, « je suis même prêt à signer un pacte avec le diable ».

Le malin entend tout. Et nul n’invoque impunément son nom. Devant les yeux écarquillés du vieillard surgit un beau jeune homme richement vêtu d’un habit écarlate. Un jeune homme qui lui déclare s’appeler Méphistophélès. Qu’il est de Lucifer l’humble ministre plénipotentiaire et qu’il peut exaucer tous les vœux justement exaucés : avoir une seconde chance et vivre une seconde vie. Une vie où le vieillard fera ce qui lui plaira grâce à la présence cachée, à ses côtés, de Méphistophélès en tant que son serviteur délégué par Satan… et garant du contrat à conclure en échange de ces bénéfices. L’objet du contrat ? Trois fois rien : la vente, par son contractant signant de son sang, de son âme au diable à l’échéance de 24 ans.

Et voilà le signataire convaincu embarqué dans une folle aventure. Dans cette Allemagne de la Renaissance, en l’an 1540 de notre seigneur. Dans les bas-fonds de la cave d’Auerbach à Leipzig, toute assourdie des beuglements des étudiants ivres, au milieu des ribaudes de la ville. Sur le mont Blocksberg, la nuit même de Walpurgis où toutes les sorcières de l’Empire viennent danser le Sabbat et s’accoupler bestialement avec Satan en personne. Puis il surgit, dans ce chaos, le visage de Gretchen (Marguerite). Une jeune fille pure dont il devient fou amoureux, mais qu’il déshonore par son amour pourtant vrai, puisqu’il ne peut plus – en maudit qu’il est – connaître d’amour sincère. Cette tragédie coûte finalement la vie à l’un et à l’autre, qu’ils aillent en enfer ou au paradis, selon les versions.

Ce « héros », vous l’avez reconnu sans peine : c’est le fameux Dr. Faust, héros d’un des plus grands mythes de la littérature universelle. Une belle histoire qui interpelle chacun sur le sens de la vie, sur la question des choix qu’on y fait, sur la morale, le destin, l’amour, la mort… L’Allemagne nazie et l’apocalypse nucléaire ont été réputées « hantées par le visage de Faust ».

Mais au fait Faust et son histoire ? C’est une invention où une réalité ?

Et bien un peu des deux. Et cette question est certes bien embrouillée.

(Suite, demain)


Luis Ricardo Falero, la Vision de Faust, 1878


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