2010 ferme la parenthèse de la première décennie du 21ème siècle qu’il est désormais temps de nommer 00’s. Mais concrètement, et musicalement parlant, il est l’heure de dresser le bilan des 10 années passées pour répondre à la question qu’on se posera tous un jour, c’était quoi les 00’s ?
Vaste sujet qui passe par l’incontournable révolution numérique, mais aussi par l’essor ou l’affirmation d’un genre/courant musical représentatif des années 2000. Enfin, cette rétrospective sera aussi l’occasion de faire le point sur les artistes et albums qui ont marqués cette génération toujours fortement bercée par d’anciennes volutes rock’n'roll.
Emule, MySpace, Deezer, My Major Company, Youtube ! Toutes ces nouvelles plateformes média estampillées 2.0 ont considérablement « profité» aux artistes de ce début de 21ème siècle. Si je met des guillemets à profiter c’est que le web 2.0 et l’échange musical (payant, gratuit, légal ou illégal) sur internet est un sujet encore très délicat.
Il y a l’école des pro-échange qui voient dans ces nouvelles technologies un tremplin inespérée pour de petits groupes sans maison de disque qui peuvent maintenant être repérés sur Internet en quelques cliques. Je pense notamment aux Arctic Monkeys, qui sont sortis de l’anonymat grâce à leurs fans et à l’échange de démos piratés sur la toile. En 5 ans, grâce à ce nouveau procédé d’échange, les 4 gars de Sheffield sont apparus à la face du monde comme une véritable révélation rock. Aujourd’hui on ne compte plus le nombre d’artistes découverts sur MySpace.
Mais restons objectifs, le net n’a pas fait que du bien à la musique. Quand un internaute peut à tout moment écouter son morceau ou album favoris sur Deezer, Spotify ou Grooveshark, ou quand ce même internaute peut (de façon beaucoup moins légale) s’approprier l’œuvre d’un artiste gratuitement et en quelques minutes, pourquoi se rendrait-il chez son disquaire pour rétribuer les artistes qu’il affectionne ? Voilà l’argument de poids des anti 2.0 récemment nommés Hadopistes.
Pourtant, Artistes, Majors et Etat n’ont toujours pas réussi à s’entendre sur la meilleures façons d’aborder ce tournant technologique que connait la musique actuelle. Certains, plus concernés par le manque de profit que par le bien être de leurs artistes, se lancent dans la chasse aux sorcières alors que d’autres flairent tout le potentiel numérique qui s’offre à eux et secouent les règles établies d’un marketing old school pour être en adéquation avec leur temps. Cas d’école majeur, c’est en 2007 que Radiohead a donné un bon coup de pied dans la ruche bourdonnante des Majors, en proposant leur dernier album In Rainbows au prix souhaité par l’internaute. Gros succès pour ce coup de maître qui n’a pas récolté que des sommes nulles. Plus récemment, c’est Them Crooked Vultures qui s’est illustré par une admirable utilisation des réseaux sociaux (facebook, twitter, youtube) pour créer le buzz autour d’un groupe réunissant 3 artistes mythiques.
Il a donc fallu jouer des coudes pour qu’un groupe s’affirme et sorte du lot au court de ces dix dernières années. Pour s’imposer, créativité et innovation ont donc été de mise. C’est ainsi qu’ont émergés des genres musicaux hybrides où l’unité commune à toutes ces fusions a souvent été le rock et le hip-hop. On retiendra comme artistes majeurs porteurs du courant Electro-Rock (initié par Daft Punk avant 2000) : Justice et Muse. Les Red Hot avaient depuis longtemps montré la voie et le Rock’n'Rap s’est imposé avec les débuts prometteurs de Linkin Park (vite tombés en perdition) et surtout les très inspirés Black Eyed Peas. Mélangeant Trip Hop/ Rap et arrangements orchestraux Wax Tailor et Chinese Man ont brillé par leur créativité totalement dans l’air du temps. Enfin, à la croisé de tout ces mondes, rivalisant de créativité et d’originalité Gorillaz, enfant du génie moderne Daman Albarn, est sans doute la référence la plus concrètes de ce qu’a été la mixité des genres au cours des 00’s.
Mais dans toute cette cohue musicale, qu’est devenue le rock de se début de siècle ? Difficile de s’arrêter sur un nom pour dire « ce mec là a révolutionné les années 2000″. Pourtant, les noms ne manquent pas quand je recense les artistes qui se sont imposés comme des références indéniables :
• Radiohead en 2000 avec Kid A donne une nouvelle dimension au rock psyché,
• Coldplay en 2000 et 2002, avec leur charismatique leader Chris Martin, a délivré une britpop superbement bien écrite sur 2 albums incontournables Parachutes et A Rush Of Blood To The Head,
• The Strokes est leur sublime premier album en 2001 : Is This It,
• Franz Ferdinand avec l’excellent Take Me Out présent sur leur 1er album éponyme en 2004,
• The White Stripes révélé par leur tube Seven Nation Army en 2003.
En France aussi nous avons eu notre lot de nouvelles sonorités dans notre paysage musical :
• -M- qui avait fait ses preuves avant 2000 mais qui a été une réelle révélation en live (Le Tour de -M- 2001) avec jeu de guitare digne des plus grands,
• En 2003, Mickey 3D (qui depuis 2000 ne cesse de monter en puissance) a été une sorte de précurseur dans le mouvement écolo qui explose aujourd’hui avec son titre Respire ,
• Manu Chao, autant international que français, traverse déjà 3 décennie et continue de briller par sa world music. Son live ska/reggae/punk avec Radio Bemba en 2002 est une vraie perle rappelant les années Mano Negra.
Même si tout ces artistes ont un talent indéniable, je n’arrive pas à me dire que l’un d’eux a réellement révolutionné la musique à la façon d’un Hendrix, des Stones ou encore Michael Jackson. Il semble qu’entre 2000 et 2010 il ait été bien difficile pour les artistes de s’imposer dans une masse musicale dense, diversifiée et très rapidement renouvelée. Mais nous manquons surement encore de recul pour dénicher l’artiste phare des 00’s. Ce n’est peut être que dans 10 ans que nous mesurerons l’influence majeure de l’un de ces groupes sur la musique à venir…