Magazine Concerts & Festivals

« A love supreme » : le poids des mots, le choc de Coltrane

Par Artyficielles

C’est dans une roulotte du fin fond du 18è arrondissement que j’ai vécu l’une de mes plus belles émotions de ces derniers temps. Je ne parle pas de l’année – ce serait tricher – mais vraiment, depuis longtemps.

« A love supreme », c’est la mise en musique de Coltrane par Coltrane. Ou plutôt, l’interprétation contée d’une nouvelle sur le jazzman entrecoupée de morceaux de jazz live. Et dès les premières minutes, c’est là : on est dans le New York des années 60, dans un bar sombre et enfumé, à boire du whisky en écoutant un musicien encore inconnu jouer du jazz, son jazz.

« A love supreme » : le poids des mots, le choc de Coltrane

Le guichet du théâtre du Grand Parquet

L’émotion de cette performance repose sur la beauté de la musique de Coltrane et la puissance de son jazz, tout comme sur la profondeur du texte d’Emmanuel Dongala, dont la beauté sourde de tous les mots. A la fois conte politique sur la lutte des noirs pour les droits civiques, et histoire d’une amitié empreinte d’admiration entre le narrateur et « JC » (le nom de Coltrane n’est jamais cité), le texte d’A love Supreme nous fait voyager dans le temps, dans l’espace, mais surtout dans le jazz. Et pose sans cesse la question du rapport entre musique et littérature.

Ce dialogue entre mots est musique est très bien retranscrit sur scène, et le conte est entrecoupé de morceaux live de Coltrane. Ou bien est-ce la musique qui est entrecoupée de texte ? On ne sait plus très bien car dans A love Supreme, les mots chantent et la musique parle.

Cela m’a rappelé le portrait que Richard Avedon -  décidément je ne me remettrai jamais de cette expo  – a fait de Marian Anderson, la première chanteuse noire de l’opéra de New York justement.

« A love supreme » : le poids des mots, le choc de Coltrane

Marian Anderson, 1955 by Richard Avedon (Smithsonian's National Museum of American History, Photographic History Collection)

Ce portrait m’avait interpellé car il fait chanter une photographie. Dans A love Supreme, j’ai ressenti une émotion similaire car la musique est partout, même (ou surtout ?) là où l’on ne l’attend pas : dans le jazz bien sûr, mais aussi dans le texte, dans l’alternance des deux, et dans le silence.

Un tourbillon de sensations, et la découverte d’un compositeur de jazz de génie.

Infos pratiques

Adaptation et mise en scène : Luc Clémentin (compagnie Ultima Chamada)

Théâtre du Grand Parquet, 20 bis du département (M° Max Dormoy ou La Chapelle)

A love Supreme joue encore ce week-end.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Artyficielles 996 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte