Magazine Culture

One Pill Makes You Small

Par Ernestoviolin

L'Etoile Mystérieuse
tintin_etoile
C’est un épisode curieux, qui ne révèle presque rien sur les personnages, et repose sur trois thèmes voisins : millénarisme, antisémitisme et science-fiction.

Il s’ouvre sur une évocation terrifiante de la fin du monde. Y sont représentés pêle-mêle des faux prophètes, des savants fous, des insectes monstrueux, des étoiles qui tombent du ciel. Si Jérôme Bosch s’était mis à la ligne claire, cela aurait probablement donné ça.

La chaleur qui envahit la ville et fait fondre les trottoirs est un symbole de l’Enfer dans lequel plongent les pécheurs occidentaux. Dieu (ou le ciel, ou une constellation méchante, ce n’est pas très bien défini dans l’ouvrage) va les punir pour avoir vénéré de fausses idoles. Mais, sans qu’on sache trop pourquoi (l’album aurait été terminé trop vite ?), un sursis leur sera accordé : l’Apocalypse se limite à un feu de paille, et Hergé change son fusil d’épaule pour la deuxième partie de l’histoire. Il imagine une expédition, ou plutôt une course entre deux nations, pour récupérer un bout d’aérolite tombé dans l’océan. Bien entendu la course ne sera pas équitable pour Tintin : le camp adverse est financé par de Méchants Banquiers Juifs qui n’ont aucun honneur et ne reculent devant rien pour retarder leurs ennemis. Dans cette partie centrale, on voit le Capitaine Haddock affronter les éléments avec courage et détermination. Il se conduit pour la première fois en véritable seigneur (entre sauver de la noyade un équipage complet et trouver un bout de caillou perdu au milieu de l’océan, il tranche avec la main ferme d’un Salomon.) Il brille particulièrement pour sa deuxième apparition, et si ce n’est pas par son intelligence (il a toujours l’air d’un singe ahuri), au moins sommes-nous témoins de ses qualités de cœur. La vraie évolution viendra dans le numéro suivant.

La dernière partie est une nouvelle fois la plus marquante, et touche à la science-fiction pure. C’est la première véritable manifestation du surnaturel dans la série (même si on sent une main divine derrière chaque mouvement de Tintin depuis le Lotus Bleu.) L’imagerie est tout à fait originale (pour qui n’a pas lu les Schtroumpfs) : il y a des pommes géantes, des champignons géants, etc. L’explication, elle, est tout à fait avant-gardiste (pour qui n’a pas lu La Couleur Tombée Du Ciel, parue vingt ans plus tôt) : ce rocher astral contient une matière inconnue sur terre. Tout finit bien : Tintin ne meurt pas, le métal sera récupéré et analysé, les Méchants Banquiers Juifs en seront pour leurs frais, et l’album se conclut avec la blague hilarante du verre d’eau. Etonnant, non ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ernestoviolin 23 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines