Le jury du prix littéraire la Plume et l'Epée passe de 10 à 12 membres

Manifestation

De Plume et l'épée, le vendredi 22 janvier 2010 à 17h28

Comme annoncé en début d'année scolaire, le jury accueille deux nouveaux membres pour l'édition 2010.

Le général de brigade aérienne Bruno Chevassu
Issu de l'école de l'air, le général Chevassu est pilote de mirage F1C et totalise plus de 3900 heures de vol dont 99 missions de guerre. Il a commandé l'escadron de détection et contrôle aéroportés d'Avord et la base 709 de Cognac.
Il est actuellement sous-directeur Affaires générales à la Direction des ressources humaines de l'armée de l'air à Tours.
Le colonel François Lecointre
Saint-cyrien, troupe de marine et ayant commandé le 3 ème RIMA, le colonel Lecointre a été engagé en Irak (1991), Somalie (1992), Djibouti (1991-1993), Rwanda (1994), Bosnie (1995) et côte d'Ivoire (2006-2007). Après avoir été directeur de la formation au Centre des Hautes Etudes Militaires, il sert actuellement au cabinet du ministre de la Défense.
La fiche de lecture du mois :
Dans Carnets d'Ivoire, le lieutenant-colonel JAMINET partage, en évoquant les missions qu'il a effectuées en Côte d'Ivoire dans le cadre de l'opération Licorne, les réflexions, la vision et les interrogations d'un officier français dont l'unité intervient dans un Etat souverain, avec un clivage des forces incertain et dans un environnement socioculturel profondément différent.
Cet ouvrage a une double dimension, historique et humaine. Le récit du lieutenant-colonel JAMINET nous plonge dans le quotidien, ordinaire et extraordinaire de nos soldats et décrit quelques événements à forte connotation politique et polémique - la confrontation du 9 novembre 2004 à l'hôtel Ivoire est une des illustrations les plus marquantes. Mais la force de ce livre, c'est, à mon sens, davantage le cheminement intellectuel et moral de l'auteur dans l'appréciation des moyens pour mener à bien sa mission (dans son acceptation la plus large à la fois humble et ambitieuse, c'est-à-dire contribuer à la réussite globale de l'opération en intégrant dans sa réflexion les conséquences potentielles de son action sur l'action future de ses camarades).
Les chapitres introductifs présentent de façon synthétique un rappel historique depuis l'indépendance de la Côte d'Ivoire en 1960 jusqu'aux heures mouvementées de l'après Houphouët-Boigny qui précise le contexte de la mise en place de l'Opération Licorne.
Les Carnets commencent alors. L'auteur a choisi une approche thématique qui souligne la volonté de partager une réflexion plutôt que de raconter une histoire. Cela peut nuire à la compréhension précise de la chronologie des faits mais renforce le message. Les titres des deux parties qui définissent la conception de l'objectif de ses missions « combattre la haine » mais « combattre sans haine » témoignent d'une dimension éthique qui contrevient très heureusement aux nombreux poncifs qui qualifient parfois les opérations militaires.
Dans « Combattre la haine », il rappelle le contexte dans lequel évoluent les soldats français de la force Licorne : ils exercent leur mission dans un état souverain et souffrent parfois d‘un déficit d‘image auprès des populations locales.
Les exemples cités dans le livre, comme l'aide apportée à des Abidjanais venus assister à des funérailles en pleine brousse et surpris par des pluies diluviennes ou les circonvolutions tactiques pour mettre fin aux agissements crapuleux d'une unité régulière ivoirienne, montrent la détermination de l'auteur à rétablir la sécurité tout en prenant en compte la complexité du jeu politique ivoirien et en donnant des gages de confiance aux populations civiles.
Une qualité transparaît dans le livre : l'humilité. L'auteur sait la nécessité de connaître et comprendre les populations locales et en mesure la très grande difficulté. Le lieutenant-colonel JAMINET démontre en de multiples occasions la volonté de comprendre les ressorts de cette société ivoirienne beaucoup plus complexe que ne peuvent le laisser paraître les agissements de certaines personnalités politiques en vue.
La seconde partie du livre, « Combattre sans haine » relate principalement les tragiques événements de novembre 2004, à Bouaké où 9 de nos soldats furent tués dans l'attaque d'un poste tenu par les forces françaises et le crispant face-à-face entre les soldats français et une foule de « patriotes » à l'hôtel Ivoire d‘Abidjan. Ces quelques jours ont fait l'objet de nombreuses polémiques. Le lieutenant-colonel affirme sa vérité sur l'état d'esprit qui animait ses marsouins : « Un soldat ne se venge pas. Il accomplit sa mission ». La construction de son ouvrage donne une crédibilité particulière à son témoignage
LTN.

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