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De la chair aux os

Publié le 24 janvier 2010 par Marc Lenot

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La nouvelle exposition de Philippe Mayaux à la galerie Loevenbruck (jusqu’au 6 mars) reprend bien des motifs que l’artiste a déjà développés, des portraits emblématiques (dont celui du galeriste, tout au fond), des textes inscrits dans des paysages, une réjouissante petite machine précieuse sous cloche de verre, et une plus grande sculpture garnie de petits objets roses très féminins, mais, en ligne avec son texte de présentation, ‘Chers Os’, elle explore aussi de nouveaux thèmes.

La pièce la plus impressionnante à mes yeux est une grande tempera sur toile, D’art et d’os, où, sur un fond à la Mondrian, s’échafaude une cathédrale de fémurs : les ogives sont faites de brisures d’os. Mayaux, qui s’inscrit plutôt dans la lignée de Duchamp, semble vouloir explorer ici une manière plus dépouillée, plus formelle, tendant vers l’ascétisme, et c’est un développement prometteur.

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Dans le futur espace de la galerie Loevenbruck à cent mètres de là, on peut voir une grande toile crânienne : comme si on voyait le monde de l’intérieur du crâne, à travers les cavités oculaires, l’anti-caverne de Platon. Ce point de vue sur le monde fut un motif de la Renaissance, dont j’ai vainement tenté de retrouver le nom, loin de ma bibliothèque. Si un lecteur peut m’aider…(la photo ci-contre représente une pièce similaire, peinture murale réalisée en 2008 à Sète, Donald Exit)

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Enfin, impossible de manquer la machine en place dans la vitrine rue de l’Échaudé : elle s’anime si on introduit un euro dans la fente. Dans ce cylindre aux miroirs déformants, une soufflerie discrète fait virevolter des billets d’un dollar. Ils tournent et tournent comme une boule de roulette, puis retombent, froissés. Deux figures noires ricanent au centre : l’une n’a qu’une cavité nasale et est couverte d’une auréole en forme de donut, toute de cercles et de trous. L’autre, masculine, elle, exhibe cinq obscènes protubérances en guise de nez, de cornes et de bajoues, et parfois les billets tournoyant s’y accrochent (Kirivert, qui vient après Kirinoir). Cela fait un jeu d’argent fascinant et triste, bien dans la manière de l’artiste. 

Photos Fabrice Gousset (1 - recadrée- & 3) et Marc Domange (2), provenant du site de la galerie. Philippe Mayaux étant représenté par l’ADAGP, les photos de ses oeuvres seront retirées du blog à la fin de l’exposition.


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