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Le thon rouge sème la discorde

Publié le 26 janvier 2010 par Alternativechannel
Par Mariona Vivar ©LJ. Griffin Stewart Il n’y a plus de thon rouge dans l’ouest de l’océan Atlantique. Actuellement, le même sort est promis au thon rouge de la Méditerranée d'ici trois à cinq ans si aucune mesure n'est prise contre la surpêche. Sur ce constat alarmant, le Président Sarkozy s’est engagé à protéger cette espèce. Il avait promis en juillet dernier au Havre « le soutien de la France à l'inscription du thon rouge à l'annexe de la convention internationale sur les espèces sauvages, pour en interdire le commerce. » Pourtant, depuis quelques jours, le thon rouge fait polémique au sein du gouvernement français. Si la Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Chantal Jouanno déclare se battre « pour le thon rouge et la position du Président », Bruno Lemaire, Ministre de l’Agriculture et de la Pêche, s’est prononcé pour une interdiction partielle : « Si nous inscrivons le thon rouge [en] annexe 2 de la CITES, nous interdisons 90 % des exportations de l'Union européenne, donc je crois que ce sera déjà un progrès important ». Annexe 1 ou Annexe 2 : une grande différence Les organisations écologistes comme le WWF, refusent la proposition du ministre de l'Agriculture et réclament l’inscription, « sans réserve ni délai d’application », du thon rouge à l'Annexe I de la CITES, la Convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore menacées d’extinction. Mais quelle est la différence entre les annexes I et II de cette convention? Les espèces inscrites à l'Annexe I sont les plus menacées de toutes les espèces animales et végétales couvertes par la CITES. La CITES en interdit le commerce international. En revanche, « L'Annexe II est la liste des espèces qui, bien que n'étant pas nécessairement menacées actuellement d'extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé. (…) Le commerce international des spécimens des espèces inscrites à l'Annexe II peut être autorisé et doit dans ce cas être couvert par un permis d'exportation ou un certificat de réexportation. » La décision de la France d’interdire totalement ou de forme partielle la commercialisation du thon rouge est déterminante. Elle pèsera de tout son poids en mars prochain dans le positionnement de l’Europe lors la prochaine Conférence des Parties de la CITES, à Doha. La Commission européenne attend cette décision pour se prononcer dans les jours qui suivent. Les citoyens sont sensibilisés Un sondage, commandité par Greenpeace et publié le 22 janvier dans « Le Parisien », montre que les Français sont inquiets pour l’avenir du thon rouge. 74% des personnes interrogées pensent que c’est une espèce menacée, 66% d’entre elles estiment qu’il faut en interdire le commerce international et 78% sont prêtes à ne plus en consommer. Les restaurateurs se mobilisent Par ailleurs, reflétant les fortes inquiétudes de l’opinion publique, plusieurs enseignes de la grande distribution et certains grands chefs, comme ceux de l’Association des Relais et Châteaux, ont décidé de ne plus vendre ni servir de thon rouge. « Les gens achètent en poissonnerie ce qu'ils ont mangé au restaurant. Ma logique est de proposer d'autres poissons, moins menacés, pour influencer la consommation », explique à Durable.com Gaël Orieux du restaurant Auguste, à Paris, qui a arrêté de servir du thon rouge depuis cinq ans. Les conséquences sociales D’un point de vue économique, la fin de la pêche industrielle du thon rouge est inexorable en raison de son coût de production élevé et de la baisse continue des quotas. En 2011, la France, qui doit rembourser ses dépassements de quotas de 2007, pourrait ainsi n’avoir aucun quota alors que les autres pays pêcheurs continueraient à pêcher… Ceux concernés par la pêche industrielle au thon rouge ne représenteront en 2010 qu’une quinzaine de bateaux sur les quelques 5000 embarcations que compte la pêche française. Le nombre d’emplois directs concernés par cette pêche industrielle, ouverte un mois par an, est de 103, selon les chiffres du journal « Le Marin » du 8 janvier dernier. En outre, la pêche industrielle, tournée vers le marché japonais, ne génère que très peu d’emplois en aval.

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