Magazine Cinéma
Synopsis :
La vie de Gainsbourg, du jeune Lucien Ginsburg dans le Paris occupé des années 1940, jusqu'au poète, compositeur et chanteur célébré dans le monde entier.
Le film explore son itinéraire artistique, du jeune homme épris de peinture à la consécration de sa musique dont l'avant-gardisme en a fait une véritable icône de la culture française. Mais aussi la complexité de sa vie adulte à travers ses amours tumultueuses.
Critique :
Lundi dernier (enfin, il y une semaine maintenant), j’ai pu grâce à Florian découvrir Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar (qui était d'ailleurs présent pour longuement présenter son film). Une introduction pleine d’entrain et nourrie par la passion dévorante de ce vrai fan de Gainsbourg.
Plus connu pour ses dessins, Sfar s’attaquait ici à un monument culturel français, une pente donc relativement glissante mais qui, au final, révèle au grand public le talent fou de cet artiste unique.
Attention toutefois, comme le mentionne l’affiche, le film n’est pas un biopic à proprement parler mais davantage un conte. Un conte, et oui, comme La Belle au bois dormant ou Blanche Neige sauf qu’ici, n’est de Princesses que Brigitte Bardot, Jane Birkin ou Bambou. Un conte donc avec ses vérités, ses transformations, ses passages oniriques et la part de rêve que celui-ci induit.
Comme le précisait Sfar lui-même, son intention n’était pas de retranscrire la vie de Gainsbourg. Tout le monde ou presque connait le personnage, ses chansons, ses frasques, aussi l’intérêt aurait été somme toute limité. Ici, faisons fi des vérités, place à une véritable déclaration d’amour posthume et tant pis pour les puristes, bon sang, c’est du cinéma après tout !
Puisqu’il faut bien débuter quelques part, autant le faire dans l’ordre. Le film démarre donc logiquement sur l’enfance du personnage, superbement portée par le jeune Kacey Mottet Klein au registre de jeu presque théâtral et qui marquera, dès les premières scènes, le très fort charisme de Gainsbourg, notamment vis-à-vis des femmes. Entre une leçon de piano et quelques croquis, le jeune Gainsbourg développe sa personnalité bien trempée pour arriver finalement directement à l’âge adulte.
Accompagné de « Sa Guelle » (marionnette aux proportions exagérées), confidente et à la fois conscience de notre homme, Gainsbourg navigue dans la vie, entre chansons et histoires d’amour, entre cigarettes et déchirures sentimentales. Sans s’arrêter sur les passages « médiatiques », Sfar saisi l’essence du bonhomme, celui de l’artiste, celui du chanteur Français tant aimé.
Eric Elmosnino qui interprète ici Gainsbourg livre une véritable performance en s’oubliant totalement pour vivre le personnage. A plusieurs reprises, on se surprend à oublier qu’il ne s’agit pas de Gainsbourg lui-même tant la transformation demeure blufante. Au-delà du physique, ce sont les mimiques, les micro-gestes, les intonations qui force l’admiration.
S’il est vrai qu’Elmosnino impressionne, c’est aussi parce que son talent est mis en valeur par les différentes actrices du film. Laëtitia Casta en Bardot est sans équivoque le choix le plus pertinent du film même si feu Lucy Gordon demeure totalement imprégnée par le rôle de Jane Birkin. Bambou (Mylène Jampanoï) et France Gall (Sara Forestier) sont quant à elles moins présentes mais constituent des étapes clés de la vie de Serge.
Gainsbourg (vie héroïque) est une œuvre très personnelle et à la fois très humaine et grand public. Malgré quelques petits défauts de longueur, le film se savoure comme un beau livre, à la fois esthétique et passionnant. Gainsbourg lui-même n’aurait sans doute pas voulu d’un biopic classique ; Sfar, en nous offrant sa vision, son Gainsbourg bien à lui rend un superbe hommage à son héros et vient d’entrer par la grande porte au cinéma.
Bravo !