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Les gentlemen de l’effroi

Publié le 25 janvier 2010 par Hongkongfoufou
Par GoudurixYZ

peter-cushing.jpgIl y a des signes qui ne trompent pas. Dans La nuit de la grande chaleur - Terence Fisher, 1967 - (non, rien à  voir avec un film de Gérard Kikoïne avec Marilyn Jess) quand Christopher Lee, de guerre lasse, lance un pathétique "Il est minuit et la température vient encore de monter : 42°C.  A ce rythme-là, nous serons morts demain matin",  le seul qui garde veste, cravate et flegme, c’est lui : Peter Cushing. Ce jour-là, cette nuit-là, pardon, en plein record d’audimat, il gagne ses galons de gentleman. De gentleman de l’effroi. Hé oui, c’est souvent dans ces petits matches que se gagnent les titres. Gentleman de l’effroi, voila un titre honorifique. Que peut-on rêver de mieux ? Cela vous pose un homme et ça vous décompose des générations de spectateurs agrippés dans la pénombre à leurs accoudoirs. Mais qui étaient donc cette ligue des gentlemen extraordinaires qui ont choisi le côté obscur de la force ? La ligue 1 de la série B. Ou la ligue 1 de la ligue 2, si vous préférez. - Boris Karloff ? Mouais. - Bela Lugosi ? Le prince des ténèbres. Ah, ça, dormir dans un cercueil ça vous (re)pose un homme. Pour l’éternité. - Lon Chaney ? Non, trop rustre. C’est comme si Gérard Depardieu défilait pour Jean-Paul Gaultier un soir de pleine lune. - Basil Rathborne ? Le Sherlock Holmes ? Pourquoi pas. Mais nous sommes à Fury Magazine. Le magazine de l’homme moderne, ne l’oublions pas. - Vincent Price ? Le désosseur de cadavres  (1960), Le grand inquisiteur (1968), L’abominable Docteur Phibes (1971), c’est lui. Malheureusement on le retrouvera, en pleine traversée du désert, en passager de La croisière s’amuse. Un comble ! Heureusement, Tim Burton lui offrira la rédemption dans Edward aux mains d’argent. Quand même. - Christopher Lee ? Pouvait-on être Beatles ou Stones ? Oui. Christopher Lee ou Peter Cushing ? Non. Pas plus que Stone ou Charden ou Sheila ou Ringo. Qui prenait son billet pour Dracula ou Frankenstein ou la Momie, savait que l’un n’allait pas sans l’autre. Un peu comme Bataille et Fontaine ou Poiret et Serrault. Malheureusement, Christopher Lee  privilégia la quantité à la qualité et explosa le record du nombre de films tournés. Foi (dans le dos) de Guinness book. S’il n’en reste qu’un ce sera son rôle dans Les vierges de Satan (1967) (non, Marylin Jess n’a pas tourné dedans non plus). Hiératique, charismatique, déterminé, tout en rigueur et en tenue, Christopher Lee (rien à voir avec Bruce) n’a pas fait les choses à moitié. Quand on pense qu’Elton John a été anobli, qu’attend la Reine pour réparer cette injustice ? Et lui faire perdre à tout jamais son côté… Je ne sais pas… Contrôleur des impôts, peut-être.
Bonjour, je suis envoyé par l’administration fiscale pour procéder à la vérification des comptes de Fury Magazine.
Patron ? On n’est pas dans la merde. Goudurix, si tu  te documentais plutôt tu saurais qu’il a été anobli par la reine en 2001 et qu’on peut continuer tranquilles. Ah ? Vous êtes sûr ?
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- Peter Cushing ? A tout saigneur, tout honneur. L’ennemi juré de Dracula, c’est lui. Celui qui donne ses lettres de noblesse à la Hammer, c’est lui. Frankenstein en couleurs, c’est lui aussi. Le baron, pas le monstre. Sans lui, Richard O’Brien serait-il devenu Riff Raff dans
Rocky horror picture show ?  Charles Gray, le Blofeld des Diamants sont éternels ? - d’ailleurs M le maudit - aurait-il donné à des générations de chères têtes blondes l’envie de devenir criminologiste ? Bien sûr que non. "Alors mon petit, que voudras-tu faire plus tard ?" "Criminologiste comme dans Rocky horror picture show" "Quoi ? Fous-moi le camp dans ta chambre. Tu devrais avoir honte". Preuve qu’élégance rime avec prestance et qu’un tel regard magnétique n’a pas été perdu pour tout le monde. Mais c’est surtout son Sherlock Holmes dans Le chien des Baskerville (1959) qui décrochera le pompon (qu’avait-il pris pour être dans un état pareil ? J’en veux deux boîtes). Malheureusement, faute d’hémoglobine au litre, ce film ratera son coup auprès du public et le personnage ne fut jamais franchisé. Noblesse envolée. Particule (élémentaire, mon cher Watson) oubliée.  Qu’est ce qu’il leur fallait ! Drôle d’époque…Peter Cushing restera donc comme celui qui faisait frémir. Quelle sensation ce doit être que de faire frémir. Il faudrait que j’essaie d’essayer un jour... Comme nous ne devons plus être que deux ou trois, permettez-moi une confidence. Lui et moi avions un point commun : nous étions tous les deux amoureux de madame Peel. Et oui.


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