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Pauvre Guy Môquet...

Publié le 22 octobre 2007 par Jarousseau
C'était prévisible depuis l'annonce présidentielle, la célébration dans les lycées de la mort de Guy Môquet ne sera pas respectée. Le mouvement est parti des professeurs d'histoire-géographie, celui-ci a gagné les autres disciplines. Rien d'étonnant donc, n'importe quel professeur sait qu'éduquer ce n'est pas faire lire un texte à la rentrée, le jour où les élèves sont tout à leurs retrouvailles amicales. On imagine le sort réservé à cette lecture, les « encore Guy Môquet, comme tous les ans !!! », et les jeunes échangeront des souvenirs de plage en rigolant : ce sera la deuxième mort de Guy Môquet. Si cette lettre doit garder toute son exemplarité et son sens, c'est en classe qu'il faut la lire, en cours d'année, dans son contexte qui sera expliqué par les enseignants.
Les propos du porte-parole, puis de M. Guaino nous éclairent un peu plus sur les motivations profondes du projet présidentiel. Ainsi M. Guaino déclarant que "l'école, ce n'est pas un self-service", s'interrogeant sur les refus d'obéissance des enseignants ("Tout ça est très triste mais amène à s'interroger sur ce que doivent être au fond à la fois l'éthique et les devoirs d'un professeur dont la nation a payé des études, dont la nation paie le salaire et auquel la nation confie ses enfants") et proclamant que Guy Môquet est là pour refonder une identité nationale menacée par le cosmopolitisme ("aujourd’hui, avec l’immigration, la mondialisation, la désintégration du travail, il y a un problème identitaire") a réussi à faire tourner le dos à nombre d'enseignants qui envisageaient d'utiliser la journée pour un réel travail historique.
La mort de Guy Môquet méritait autre chose que cette mascarade. Pourtant si elle témoigne du tragique de l'Histoire, elle ne résume pas à elle seule la Résistance. Pas plus que les bons sentiments de sa lettre. La leçon donnée à sa mémoire aujourd'hui dans les lycées (où ce jeune communiste est accompagné d'un cortège de “compagnons“ et non de “camarades“), relève plus des contes et légendes que de l'Histoire. Elle participe à réduire celle-ci à un miroir changeant de nos obsessions présentes. http://vincent-jarousseau.blogspot.com/atom.xml

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