Je me souviens l'avoir lu en juillet 2008, c'est vieux, c'est vieux, mais comme mon blog
se remplie de littérature jeunesse, je me suis dit qu'un peu de classique ne lui ferait pas de mal, et bien évidemment, j'ai choisi Kafka. Pourquoi ? Peut-être parce que ce récit, ce roman
(me semble-t-il ? non ? Il est fin, mais ce n'est pas une nouvelle ?) m'a pas mal marqué quand je l'ai lu, et c'est aussi l'un des livres qui m'a conforté dans mon choix d'aller en littérature
plutôt qu'en informatique (de toute, je suis nulle en maths...). De plus, j'ai été happé par le côté "insecte" de l'aventure et de la société.
Résumé : Lorsque Gregor Samsa s'éveille, un matin, après des rêves agités, il est bel et bien métamorphosé. Doté d'une épaisse carapace
d'où s'échappent de pitoyables petites pattes ! Lugubre cocasserie ? Hélas, ultime défense contre ceux qui, certes, ne sont pas des monstres mais de vulgaires parasites... Les siens. Père, mère,
soeur, dont l'ambition est de l'éliminer après avoir contribué à l'étouffer... Ici, un homme se transforme en coléoptère monstrueux, là, un engin pervers tue avec application... Dans la colonie
pénitentiaire, c'est l'expérimentation en direct. Une machine infernale s'acharne sur un soldat soumis. Une machinerie hors pair, digne d'un inventeur à l'imagination torturée !
(synopsie d'ici : LivrAddict)
Lorsqu'on imagine la scène comme étant réelle, on pourrait tout d'abord éprouver du dégoût pour Gregor puisque c'est ce qu'il semble ressentir de lui-même en se découvrant mi-cafard,
mi-immondice, seulement, ce sentiment est vite remplacé par la compassion quand on constate le comportement plutôt inhumain des gens. D'ailleurs, ce comportement-ci était présent avant même que
Gregor ne devienne une bête à écraser, il l'était déjà, de toute façon, puisqu'asservie à une petite vie bien quotidienne pleine de travaux pour survivre et faire survivre les autres. Dans mes
souvenirs, je me rappelle avoir été plutôt agacée par tout cela, toutes ces manigances de pseudo-vies heureuses alors qu'en fait, il ne s'agit que de chaînes que l'on ne voit pas. C'est
d'ailleurs ça la liberté, un joug qui nous entrâve mais dont on ne calcule pas le poids hors normes, trop occupés à avancer comme des boeufs à la conquête d'un avenir quelconque, ni fructifiant,
ni délicieux. Juste pitoyable.
Bref, passons, c'est donc ainsi que j'ai commencé ma lecture, avec une envie de jeter tout par la fenêtre, refusant des responsabilités ridicules et me rendant compte que les vraies, elles ne se
trouvaient que dans les romans, lorsqu'on devient quelqu'un d'autre et qu'on se prête au jeu du mensonge. Joli pacte. C'est peut-être à cause de ce pacte là que les lettres vont se faire réduire
dans le futur (nous ne sommes pas assez libre *terme volontairement employé de manière péjoratif, youhou*).
Passons encore pour en venir enfin à La Métamorphose, et bien, je me souviens toujours du côté assez diforme et des images plutôt marquantes que fait véhiculer Kafka dans ce récit. L'une
d'entre elle m'a particulièrement perturbé : c'était lorsque Gregor voulait protéger un cadre (il me semble) et que sa soeur le découvrait, énorme, accroché au mûr, ça m'a rappelé mes nombreuses
découvertes d'insectes atroces collés contre les posters de ma chambre, je ne regardais plus mon environnement de la même manière après ça. Et pourtant, à ce moment, j'ai aimé Gregor parce qu'il
avait peur, il craignait qu'on lui arrache tout ce qui lui permettait de se souvenir de son ancienne condition d'être humain - qu'il avait encore, bien qu'enfuis sous une apparence physique
repoussante. Tout le long du roman, on ne cesse de se demander qui est réellement Homme. Est-ce son père lorsqu'il le chasse en le frappant ? Est-ce sa soeur qui est la pire de tous ? Est-ce
encore la bonne qui dit s'être débarassée de "la chose" ? J'avoue très franchement qu'ils n'ont que l'apparence d'humaine, mais qu'au fond, l'être le plus fragile du récit, le plus touché par les
émotions, par la crainte, le désir, le besoin, l'affection, bah, c'est ce triste Gregor transformé en monstre.
Je crois qu'on retrouve plusieurs notions assez brutales dans le coeur d'un Homme mais dont pourtant, il est souvent victime : la solitude et le rejet. Je ne sais pas s'il faut les avoir connus
pour parvenir à ressentir ça dans La Métamorphose, mais en tout cas, c'est ce dont je me souviens le plus ; nous ne sommes que des insectes parmis les cafards et en plus de ça, on en
crève.
Mais c'est la vie.
Par contre, est-ce que la transformation était mentale ou physique ? Je n'en sais rien, mais si elle était mentale, elle n'en est que plus applicable à la réalité. C'est toujours agréable...