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Martine: Les retraites de Russie

Publié le 27 janvier 2010 par Nicolas007bis

Georgette

Comme il fallait s’y attendre, Martine Aubry a mangé son chapeau !

Après voir admis qu’éventuellement, sous certaines conditions et notamment de tenir compte de la pénibilité du travail, on pouvait imaginer de faire passer l’âge légal de départ à la retraite à 61 voire 62 ans, Martine Aubry sous la pression de ses militants et de ses petits collègues, a fait purement et simplement marche arrière !

Il faut dire que les critiques à son égard avaient été quelque peu acerbes !

A la gauche du PS, l’occasion était trop belle et on n’y pas allé avec le dos de la cuillère :

Ce fut Gremetz (PC) qui invoque la mémoire de François Mitterrand : « (…) C'est un désaveu de toute la politique de 1981 mise en œuvre par les dirigeants actuels du PS (…) » !

Puis évidemment Mélenchon, qui, toujours plein de nuances, dénonce « un mauvais coup au mouvement social et donc à toute la gauche » !

Très significative également a été la réaction du facteur Besancenot : « Avant même que la bataille sociale ait lieu, le Parti socialiste commence la campagne des régionales en disant 'on est déjà prêt à trouver un accord, il faudra travailler plus longtemps'. C’est une réponse libérale" »…. le PS se dit prêt à trouver un accord, vous vous rendez compte ! … trahison !....l’injure suprême est même lâchée «une réponse libérale » !!!!

Même au sein de son propre parti, les réactions ont été véhémentes et certains se sont empressés de la contredire comme Benoît Hamon ou Henri Emmanuelli parlant de « très mauvais symbole » !

En bref, Pour Martine ce fut la retraite de Russie !

Pourtant, parler d’un décalage à 61 ou éventuellement 62 ans et sous conditions par-dessus le marché, ne paraissait pas constituer un revirement idéologique digne de la guillotine !

D’autant plus, qu’après tout, l’âge légal de départ en retraite n’a somme toutes pas grosse signification puisque ce qui compte c’est bien le nombre d’annuités de cotisations nécessaires pour bénéficier de sa retraite à taux plein !

Mais non, c’est une question de principe, comme l’a bien dit Jean-Claude Mailly invité de l’émission « 17 heures politique » sur iTélé, « Le droit de faire valoir ses droits au départ à 60 ans n’est pas négociable » !...pas négociables, tout est là !!

Le fait que, entre 1983 et 2009, les hommes ont gagné sept ans d’espérance de vie et les femmes presque cinq ans importe peu !...un droit est un droit, peu importe que le contexte ait profondément changé, peu importe !!!

D’ailleurs, ce même Dailly ne comprend pas « pourquoi, parce que l’espérance de vie augmente, on doit travailler plus longtemps » (sic) !

Mais non, Monsieur Dailly, ce n’est pas parce que l’espérance de vie augmente que l’on doit travailler plus longtemps, mais avant tout, parce que nous en sommes à un déficit de l’ensemble des régimes de retraite estimé à environ 25 milliards d’euros (pour 2010).

Ce qui signifie tout simplement, qu’en l’état nous ne finançons pas, et loin s’en faut, les retraites de nos ainés ! Et que, plus grave encore, la tendance ne vas pas aller en s’arrangeant, le poids des retraites par actif va devenir de plus en plus lourd !

Compte tenu de cela, il y a plusieurs paramètres sur lesquels il est possible d’agir et travailler plus longtemps en est un !!!!...voilà Monsieur Dailly !!!!

Le sujet est d’importance nationale et tout le monde a intérêt à ce que la meilleure solution possible soit trouvée pour y apporter une réponse.

Malgré cela, le PS et toute la Gauche refusent le débat !

Rappelons quand même que le PS, en son temps, je parle de celui de Jospin, s’était bien gardé de s’attaquer à un sujet qui, quelles que soient les mesures prises, ne pouvait que rendre impopulaire. En clair il s’était joyeusement dégonflé laissant à ses successeurs le soin de se coltiner le boulot !

Aujourd’hui, face à une situation complexe et grave à laquelle elle n’a jamais été capable d’apporter une réponse cohérente, l’opposition fait encore une fois le choix de la démagogie !

Consciente qu’il n’y a pas de réelle solution qui ne soit déplaisante à entendre, la tactique de l’opposition consiste à faire de l’obstruction systématique en se cachant derrière le beau et sacro-saint concept d’acquis social et le tour est joué !

Peu importe si ça revient en réalité à fermer pudiquement les yeux sur le problème et, de fait, à continuer à recourir à l’endettement en pensant très fort « après moi le déluge » !

Peu importe, d’autant plus que les tenants de cette technique ne se dévoilent généralement pas aussi clairement. Vous n’entendrez jamais quelqu’un vous dire « Pas de problème, on n’a qu’à laisser les générations futures se démerder pour financer nos retraites ! »…Non, non, c’est beaucoup plus subtil que ça !... il suffit simplement de refuser toute solution qui suppose de faire un quelconque effort, au nom des acquis sociaux que l’on ne peut, par définition, pas remettre en cause !

Augmenter l’âge légal de départ en retraite, vous n’y pensez pas c’est un acquis social !

Augmenter le nombre d’annuités à travailler, vous n’y pensez pas c’est un acquis social !

Diminuer les pensions, vous n’y pensez pas c’est un acquis social !

Cotiser plus, vous n’y pensez pas vous allez plomber notre misérable pouvoir d’achat !

De cette manière, on est gagnants sur les 2 tableaux, d’une part en donnant la fausse impression de défendre les intérêts de sa clientèle politique et d‘autre part en rendant plus difficile encore, pour le Gouvernement, la recherche d’un consensus national sur un sujet qui pourtant le mériterait !

Et puis, comme il faut ne pas avoir l’air trop irresponsable, on balance ensuite une belle proposition bien démago comme par exemple de faire payer les entreprises en supprimant les exonérations de charges sociales dont certaines peuvent bénéficier !

Il parait évident qu’il n’y a pas de solution miracle pour régler de manière pérenne la question des retraites, il faudra choisir la moins mauvaise et de préférence une solution qui ne fasse pas peser sur nos enfants l’intégralité de l’effort financier. Ils vont déjà se coltiner une dette pharaonique, il n’est peut être pas nécessaire d’en rajouter !

En tout état de cause, on peut raisonnablement penser que la solution optimum consistera à jouer sur une combinaison de paramètres et des paramètres ils n’y en a pas des masses. Il est à la fois irresponsable et absurde d’engager une réflexion de ce type en interdisant d’entrée d’explorer certaines options pour des raisons idéologiques ou de petite politique !

Compte tenu de la gravité du sujet, on est en droit d’attendre de la part des forces politiques responsables des propositions dignes de ce nom et le débat qui va avec ! …pour le moment, le moins que l’on puisse dire c’est que ces propositions se font rares et le débat inexistant, après la retraite de Russie pour Martine, je crains que ce débat ne tourne en une pitoyable bérézina !


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