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JD Salinger est mort, vive "L'attrape-coeurs"!

Publié le 29 janvier 2010 par Mgallot

L'écrivain américain JD Salinger vient de mourir.

Personne ne sait que dire de lui, dans la presse, puisqu'il a vécu des décennies reclus, refusant toute médiatisation, sans plus rien publier (mais peut-être pas sans rien écrire? qui sait ce que l'on retrouvera dans ses tiroirs?)

Un mauvais client, ce Salinger.

Et tant mieux! Il nous oblige à le lire plutôt qu'à gloser. "L'attrape-coeurs", surtout, son roman cultissime, écrit dans une langue remarquable, obsédante et drôle, cynique et naïve.

A tel point qu'à l'époque où je lisais ce roman (il n'y pas très longtemps), je me suis surprise plusieurs fois à faire des remarques à la Holden Caulfield, le jeune homme viré de son college qui erre dans les rues et les bars de New-York, avec cette insolence désorientée d'adolescent.

Salinger mort, vive
Extrait cadeau:

"Ils avaient chacun leur chambre et tout. Des gens dans les 70 ans ou même plus. Ce qui les empêchait pas de s'exciter encore pour une chose ou pour une autre - à leur façon un peu débile, tout de même. Je sais bien que c'est plutôt salaud de dire ça mais faudrait pas le prendre mal, c'est seulement que je pensais souvent au père Spencer et si on pensait trop à lui on en arrivait forcément à se demander à quoi ça lui servait d'être encore en vie. Vu qu'il était tout bossu, terriblement déglingué; et en classe, chaque fois qu'il écrivait au tableau et qu'il laissait tomber sa craie, un des gars au premier rang devait se lever et la ramasser pour lui. A mon avis, c'est vraiment moche. (...) un dimanche j'étais là avec d'autres gars à boire une tasse de chocolat, il nous a montré cette vieille couverture navajo assez esquintée que tous les deux, avec Mrs Spencer, ils avaient acheté à un Indien de Yellowstone Park. On voyait bien que le père Spencer était sacrément fier de son achat. C'est ce que je veux dire. Prenez quelqu'un de vieux comme le monde, le père Spencer par exemple, et rien que d'acheter une couverture, le voilà tout frétillant. (...) J'étais pas plus tôt entré que je regrettais d'être venu. Il lisait l'Atlantic monthly, et y avait plein de médicaments et ça sentait les gouttes Vicks pour le nez. De quoi vous donner la déprime. Les gens malades j'aime pas tellement. Ce qui arrangeait pas les choses c'est qu'il avait son vieux peignoir minable qu'il devait déjà avoir en naissant. Et je peux pas dire non plus que j'adore quand les types de son âge traînent en pyjama ou en peignoir." (traduction d'Annie Saumont)


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