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Critiques en Vrac 18: Le Livre d’Eli – Ninja – Blindés – In the Air

Par Geouf

Le Livre d’Eli (The Book of Eli)

Critiques en Vrac 18: Le Livre d’Eli – Ninja – Blindés – In the Air

USA, 2010
Réalisation: Albert et Allen Hughes
Scénario : Gary Whitta
Avec : Denzel Washington, Gary Oldman, Mila Kunis

Résumé: Un homme solitaire sillonne les routes désertes des Etats-Unis dévastés suite à une guerre nucléaire. Son but : se rendre à l’Ouest pour y apporter un livre qui pourrait sauver l’humanité. Mais il n’est pas le seul à s’intéresser à ce livre…

Les frères Hughes avaient disparu des écrans depuis la sortie de From Hell en 2001. Ils reviennent cette année avec un « western post apocalyptique » qui risque de pas mal diviser par les thèmes qu’il aborde. Car en effet, ce nouveau film traite de la foi, incarnée par le personnage de Denzel Washington, et certains esprits chagrins ne manqueront certainement pas d’y voir une apologie puante du catholicisme (le livre que transporte Eli est en effet une Bible), alors qu’il n’en est rien. La faute certainement à un script un peu maladroit et confus qui ne dévoile son thème réel que dans ses dernières minutes. Un scénario qui multiplie en plus les incohérences et peine à rendre ses personnages attachants (le pire étant celui de Mila Kunis, totalement inutile et insupportable). Du coup, le monde décrit n’est jamais crédible (cela fait trente ans que la Terre a été quasi détruite, les gens sont retournés au temps du far west, oubliant toutes les connaissances accumulées par l’humanité, oubliant même comment lire, mais par contre on trouve de l’essence raffinée sans aucun problème) et pire encore, le twist final sur le personnage d’Eli pose de sérieux problèmes de continuité.

Mais au-delà de ces défauts assez rédhibitoires, il faut avouer que le film n’est pas exempt de qualités, surtout dues au talent de mise en scène des frères Hughes. L’image délavée est magnifique et rend bien cette atmosphère post apocalyptique, Denzel Washington, charismatique en diable comme toujours, est parfaitement iconisé par la caméra des frérots. Les quelques scènes d’action sont parfaitement maitrisées et lisibles (voir à cet égard l’excellent affrontement sous le pont), variées et souvent impressionnante (notamment la scène d’attaque de la maison). Dommage que ce talent ne soit pas mis au service d’un scénario mieux écrit, malgré le fait que celui-ci propose des pistes d’analyse intéressantes (sur le pouvoir des livres, ou l’idée que l’humanité ne pourra se rebâtir que lorsque toutes les religions ne feront plus qu’une au lieu de s’affronter).

Bref, s’il n’est pas totalement à jeter, Le Livre d’Eli reste tout de même une sacré déception, surtout au regard d’un chef d’œuvre comme La Route, avec lequel il partage de nombreux points communs.

Note : 5/10


Ninja (Ninja Assassin)

USA, 2009
Réalisation: James McTeigue
Scénario : Matthew Sand et J.Michael Straczynski
Avec : Rain, Shô Kosugi, Naomie Harris, Ben Miles

Résumé: Le membre rebelle d’un ancien clan de ninjas tente avec l’aide d’une agent d’Interpol de mettre fin aux agissements de ses anciens compagnons d’arme.

Lorsque les membres d’un gang de yakuza reçoivent une enveloppe contenant du sable noir, ils rient du vieux tatoueur qui tente de les mettre en garde. Soudain, une lame surgit et décapite l’un d’eux, et le massacre commence. En à peine 5 petites minutes d’intro d’une férocité hallucinante, Ninja Assassin a déjà réussi à capturer l’attention du public… Avant malheureusement de se vautrer lamentablement.

Parce qu’on a beau apprécier les combats entre ninjas, les séquences gores dans laquelle le sang coule à flot et l’impressionnante prestance de l’acteur Rain, il faut dire ce qui est : Ninja Assassin a tout du gros nanar rigolard. Le script d’une stupidité rare (pourtant rédigé par J. Michael Straczynski, génial créateur de Babylon 5) n’est qu’un prétexte à des déluges de sang virtuel (Zatoichi style, le second degré en moins malheureusement) à tel point que cela en devient vite fatiguant. Entre les scènes de baston, c’est le calme plat. On suit péniblement les flashbacks racontant le passé de Raizo, et encore plus péniblement ses aventures avec l’agent d’Interpol Mika et le chef de celle-ci. Des personnages dont on se demande d’ailleurs bien ce qu’ils foutent là, mis à part pour rajouter quelques bons Américains dans une histoire certainement trop « jaune » pour Warner. On se croirait presque revenu au temps où les distributeurs américains rajoutaient des images de reporters blancs commentant l’action sur les vieux Godzilla. Venant des frères Wachovski (qui produisent la chose), c’est une réelle déception.

Les très nombreuses scènes d’action sont à peu près correctement emballées, même si parfois un peu illisibles, et citent évidemment tout un tas de classiques du genre. Plus étonnant, une scène d’attaque dans un entrepôt rappelle… Predator 2, avec la même caractérisation d’un ennemi invisible et pourtant omniprésent et invincible, la même façon de massacrer les pauvres agents d’Interpol (on remplace les lasers par des étoiles de ninja), et même un passage en caméra thermique.

Reste que pour peu qu’on se prenne au jeu et qu’on oublie les aléas d’un script débile, le spectacle est parfois réjouissant, grâce notamment à l’impressionnante prestation physique de Rain. On appelle ça un plaisir coupable.

Note : 4/10


Blindés (Armored)

Critiques en Vrac 18: Le Livre d’Eli – Ninja – Blindés – In the Air

USA, 2009
Réalisation: Nimrod Antal
Scénario : James V. Simpson
Avec: Colombus Short, Matt Dillon, Laurence Fishburne, Jean Reno, Skeet Ulrich, Amaury Nolasco, Milo, Ventimiglia

Résumé: Vétéran de la guerre en Irak, Ty (Colombus Short) s’occupe seul de son frère Jimmy depuis la mort de leurs parents. Le meilleur ami de son père, Mike (Matt Dillon), lui a trouvé un job de convoyeur de fonds. Lorsque ses collègues décident de dérober le magot qu’ils transportent en faisant croire que leur camion a été attaqué, Jimmy accepte de marcher dans la combine. Tout se déroule parfaitement jusqu’à ce qu’un SDF les surprenne et qu’ils doivent l’éliminer. Ty refuse de prendre part à la dissimulation du meurtre et s’enferme dans le camion, seul contre tous…

En deux films (l’excellent Kontroll et le sympathique Motel), Nimrod Antal s’est imposé comme un jeune réalisateur plus que prometteur. A tel point que Robert Rodriguez vient de lui confier la réalisation du nouvel épisode de Predator. Mais avant de s’occuper des extraterrestres belliqueux, il s’est attelé à un petit thriller au casting assez exceptionnel, Blindés. Longtemps présenté à tort comme un remake du Convoyeur de Nicolas Boukhrief, le second film américain d’Antal n’a en fait rien à voir avec le long métrage français, si ce n’est qu’il prend aussi comme sujet des convoyeurs de fonds.

Là où Boukhrief réalisait un drame psychologique, Antal nous pond un pur thriller maitrisé du début à la fin, porté par un casting prodigieux de « gueules ». On retrouve donc dans le film Laurence Fishburne (un peu bouffi mais toujours aussi charismatique), Jean Réno (monolithique, mais on ne lui demande pas plus), Skeet Ulrich (totalement méconnaissable avec ses cheveux noirs et sa barbe crade), Amaury Nolasco (le Sucre de Prison Break dans un rôle bien moins unidimensionnel qu’il n’y parait)  et surtout Matt Dillon, qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il joue les salauds. Face à eux, le quasi inconnu Colombus Short (Quarantine, Whiteout) réussit à s’imposer de façon assez exceptionnelle. Fidèle à ses habitudes, Antal construit son film comme un huis clos stressant, se passant en grande partie dans le fourgon blindé dans lequel le héros s’est enfermé. Un parti pris payant qui lui permet de bâtir un excellent suspense sans céder à la facilité (même les passages obligés comme le flic en patrouille qui se fait dézinguer sont détournés de façon intelligente). Et comme pour Motel, les personnages de Blindés sont crédibles, et ont des réactions logiques, ce qui fait qu’on se sent totalement impliqué dans leur destin. Le personnage de Ty est d’ailleurs emblématique de ce travail de fond sur les personnages. Là où on aurait pu s’attendre à voir un vétéran se contentant de dézinguer les bad guys, on se retrouve avec un héros torturé, coincé entre ses principes et sa loyauté envers ses collègues et amis. Du coup, même le happy end final laisse un arrière-goût amer, tant la victoire a couté au héros.

Blindés est donc une excellente surprise (une de plus à mettre au crédit d’Antal), un thriller élégant et efficace, qui laisse augurer du meilleur pour le prochain Predators (en croisant les doigts pour que Rodriguez arrive à pondre un script correct).

Note : 7/10


In the Air (Up in the Air)

Critiques en Vrac 18: Le Livre d’Eli – Ninja – Blindés – In the Air

USA, 2009
Réalisation: Jason Reitman
Scénario : Jason Reitman, Sheldon Turner
Avec: George Clooney, Vera Farmiga, Anna Kendrick, Jason Bateman,

Résumé: Ryan Bingham (George Clooney) a un job un peu particulier : il est consultant, chargé de licencier du personnel pour d’autres compagnies. Par conséquent, il est sur les routes quasi toute l’année, et n’a quasiment aucun rapport avec sa famille. Un mode de vie qui lui convient cependant parfaitement, mais qui se retrouve menacé lorsqu’une jeune recrue de sa compagnie (Anna Kendrick) propose à son boss (Jason Bateman) de faire le même travail en visioconférence afin de limiter les déplacements.

Pour son troisième long-métrage, Jason Reitman continue dans le style qui l’a fait (re)connaitre, mélange de cynisme et d’un regard acerbe sur la société moderne. Après les experts en communication de l’industrie du tabac dans Thank you for Smoking, c’est cette fois aux entreprises profitant de la récente crise qu’il s’intéresse, ainsi qu’à l’isolement individuel créé par la société moderne. Un point de départ intéressant et original qui aurait pu donner une comédie grinçante à l’image de son premier long métrage, mais qui malheureusement vire rapidement de bord pour se muer en en conte moral tout ce qu’il y a de plus classique. Le personnage de Clooney (parfaitement à son aise dans le rôle) va donc passer petit à petit de cynique désabusé et réfractaire à tout contact humain à celui d’homme qui doute de ses choix. Une transformation qui se fera par l’entremise de deux femmes, d’une part sa jeune collègue naïve (Anna Kendrick, excellente, et qui garde pour elle les meilleurs passages du film), et d’autre part une inconnue au profil similaire au sien, croisée dans un hôtel (Vera Farmiga, toujours aussi rayonnante). Et donc bien sûr, Ryan va lentement mais sûrement commencer à se poser des questions sur son mode de vie, sur la pertinence de ses choix, etc. Rien de bien original, surtout que le film est assez mou et devient très vite assez ennuyant.

Mais le véritable problème du film, qui m’a personnellement hérissé et fait sortir de la salle furieux, c’est son final. Un final équivoque, qui voit Reitman asséner au spectateur une morale réactionnaire et dénotant d’un manque d’ouverture hallucinant envers les personnes pensant différemment de lui. En clair, si vous avez décidé de ne pas vous marier et de ne pas avoir d’enfants, selon Monsieur Reitman, vous n’êtes qu’un raté ne méritant aucune considération, voire aucune rédemption. Voilà qui fait plaisir et qui donne très envie de voir ses films suivants…

Note : 4/10

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