Pour tout dire, cette chronique a été un véritable enfer à accoucher. J’étais la première il y a quelques mois, à m’impatienter de l’arrivée prochaine du successeur de Mansard Roof. Il est des musiques qui sans en faire des tonnes, s’invitent dans votre vie jusqu’à en devenir une véritable bande sonore, cet album en fait parti. Voilà qu’en décembre arrive donc un premier extrait, Horchata. J’écoute le titre plusieurs fois pour essayer de me convaincre que cet absence d’émotions n’est pas réelle mais je dois m’y résoudre. Oui, ce sont bien les quatre bien peignés de Vampire Weekend, leur touche est reconnaissable entre toutes, mais sans surprise. Je n’ose pas le formuler à ce moment là, mais je sais déjà que Contra sera une déception.
C’est toujours casse gueule un deuxième album surtout quand le premier a été ovationné par la foule et la critique, on le sait. Mais disons que je l’ai pris encore plus perso, après la première écoute, j’en avais les larmes aux yeux tellement ça faisait pschitt. Alors je l’ai rangé dans un tiroir. J’avais toujours cette chronique à écrire alors vous comprendrez que c’était pas une situation très tenable.
Bizarrement, c’est donc en rentrant de Strasbourg un soir dans le tgv, les sens ramollis par quelques verres de Gewurzt que je me décide a réécouter Contra. Mes attentes personnelles laissés de côté, il s’est passé un petit miracle. J’ai retrouvé tout ce que j’aimais tant chez les VW. Une élégance de la mélodie, la voix fluette et harmonieuse d’Ezra Koenig, des arrangements qui vous emmènent décidément ailleurs. Certes, j’ai du procéder à une petite amputation, au diable l’éthique! Je devrais peut-être consulter car j’ai contracté une allergie que je crois incurable à l’auto-tune qui, sans que Roselyn Bachelot ne s’en aperçoive, a provoqué une véritable pandémie mondiale. Et ne me dites pas que les mignonnets l’utilisent intelligemment par pitié! Cet instrument du démon me donne des hauts le coeurs et California English ne fait pas exception. Le pire c’est que ce titre imbuvable est reste littéralement collé à mon cerveau après une seule et malheureuse écoute, comme un spectre de Kanye West errant aux limites de mon subconscient. Et puisque la poubelle est encore ouverte, allez hop, on balance Giving Up The Gun! Mais qu’est-ce que c’est que cet air tellement paresseux qu’on le croirait sorti du cerveau malade et en fin de carrière d’Elton John?…
Néanmoins, une fois oubliés et pardonnés ces faux pas, on peut se laisser gagner par une agréable sensation de détente. C’est vraiment de cet endroit dont il s’agit. Arrêtons d’intellectualiser une musique qui ne parle que de cocktails en décembre et qui fait beaucoup de ouh ouh. On a la jambe qui frétille sur Cousins, et c’est tout ce qui compte. C’est finalement quand je me suis abandonnée corps et âme à l’écoute de Contra que je me suis faite contrer. Oh allez, je devais la faire.
Enfin, le deuxième album des Vampire Weekend porte en lui son propre salut. Il se sauve lui-même à la dernière minute avec I think Ur a Contra. Moment de grâce inouï qui vaut bien tous les auto-tunes du monde. Vivement le troisième album.
Vv.
Audio
Vampire Weekend - Diplomat’s Son
Video
Tracklist
Vampire Weekend - Contra (XL Recording, 2010)
01. Horchata
02. White Sky
03. Holiday
04. California English
05. Taxi Cab
06. Run
07. Cousins
08. Giving Up the Gun
09. Diplomat’s Son
10. I Think Ur a Contra