Magazine Culture

Balade en Gaule

Par Amaury Piedfer

Chapitre 6 - Idylle

«Tu as comme des coups de soleil. Tu as le visage tout rouge!»
Un éclat de rire ponctue cette déclaration, qui a tiré Kay de son sommeil. Une voix fraîche, un ton aimable et gentiment ironique...
«Diouhogna ! Tu me regardais dormir ?
- Oui, je te surveille depuis ce matin, et je suis venue plusieurs fois pour te protéger du soleil. Sais-tu quelle heure il est ?
- Non.» Kay est un peu perdu. Le soleil brille encore, mais il n'est plus au même endroit dans le ciel. Un dais, une belle couverture tissée, accrochée à quatre piquets plantés dans le sol, le protège efficacement du rayonnement féroce de l'astre du jour. Les traces de trous, par quatre, en d'autres endroits, prouvent que la jeune fille a dit vrai : elle a déplacé ce parasol plusieurs fois dans la journée.
«Le soleil se couchera dans une heure, dit-elle. Tu dors depuis l'aurore. Et tes brûlures ne viennent pas du soleil !
- Oui, je vois comme tu t'es bien occupée de moi. Merci pour le dais. C'est le four qui est responsable de mes brûlures.
- Je t'ai apporté de l'onguent pour passer sur ton visage. Ça doit cuire !
- C'est assez douloureux, oui.
- Laisse moi faire.»
La jeune fille se rapproche, tire de son sac un pot de bois au couvercle joliment décoré, prend un peu de crème et commence à l'étaler sur le visage de Kay. Elle agit sûre d'elle-même, sereine. Kay se veut impassible, mais il est touché en plein cœur par son aura lumineuse et aimante. Il reste immobile, tout à l'instant, goûtant chaque seconde, chaque geste caressant. Elle incline la tête, parfait son ouvrage, part d'un rire innocent à un spectacle sans doute comique à ses yeux, une tâche grasse sur le nez, de drôles de peintures de guerre, un masque de bouffon soudain apparu... Kay est envahi d'une vague de bien-être, il est conquis, sous le charme. Il a envie de la prendre dans ses bras... mais alors vient le souvenir des siens, la vision de sa femme et de ses trois enfants perdus à jamais dans les ténèbres infinies de l'espace. «Où sont-ils, que sont-ils devenus ? Je ne le saurai jamais». Encore assommé de fatigue, malgré le long sommeil qu’il vient d’avoir, il a envie de s’apitoyer sur lui-même, et de se complaire à sa douleur. Mais presqu’aussitôt, il réalise ce qui est en train de se passer...
«Il faut vivre dans le présent ; cette fille a jailli dans ma vie, et elle mérite bien d’être aimée. Vais-je refuser la chance qui s’offre ?» Alors que son cœur s’ouvre, ses sens s'éveillent, et comme il plonge dans le regard émeraude de la belle Diouhogna, il y trouve un contact chaleureux mêlé d'une douce fraîcheur, et son désir l'envahit. Elle, confiante, ne vit que pour cet instant. Ils s'embrassent fougueusement, laissant peu à peu toutes leurs inhibitions les quitter. Puis ils s'arrachent leurs vêtements, pour ne laisser aucune barrière entre leurs deux corps assoiffés l'un de l'autre. Allongée sur le dos elle sent les galets lui torturer les reins. Mais il se fait léger et ne pèse pas sur elle, tandis qu’il la pénètre doucement et puissamment, en laissant s'échapper un soupir rauque. Elle accueille généreusement la verge de Kay en ondulant, malgré la meurtrissure des galets. Le plaisir est plus fort, et c'est l'apothéose, ensemble ils jouissent de leur bonheur. Quelques légers soubresauts, essoufflés, ils s'enlacent, laissant perler leurs sueurs mêlées, scellant leurs ébats aussi violents que rapides.
Enfin calmes, ils décident d'aller se rafraîchir. Ils se déshabillent et plongent tous les deux dans l'onde bienfaisante. Ils se tournent autour, s'éloignant l'un de l'autre pour mieux se rapprocher et s'embrasser, se caresser, s'enlacer. Sortant de l'eau ils choisissent un sentier qui les amène dans les bois, loin du village et de la rivière.
Les chênes et la roche sont étroitement emmêlés là où ils vont, d'étranges sculptures minérales surplombent le petit creux moussu caché dans cette étrange forêt. Le soleil couchant filtre à travers le généreux feuillage, et la lumière semble palpable, comme un brouillard dense. Le bord de la falaise, proche, laisse apercevoir la rivière, par de brefs reflets d'argent.
Il y a juste la place de s'allonger pour un couple, et le sol élastique a dû voir bien des amants. C'est un temple ici, en pleine nature, et dédié a sa plus grande divinité : l'Amour. Leur soif d'amour est grande, et la magie du lieu et du moment amplifie leur désir mutuel, ils échangent un baiser complice, deux âmes-sœurs semblent se retrouver enfin. Chevelure défaite, blonde cascade de soie le long du visage, Diouhogna reste immobile, face à Kay, comme hypnotisée, incapable de prendre plus d'initiative. Lui, pose lentement ses mains sur les épaules de la jeune femme, les caresse, descend, enveloppe les seins, titille les tétons déjà bandés, embrasse voluptueusement ses lèvres. Diouhogna se détend, laissant monter le plaisir; sentant cela, il laisse glisser sa langue dans le cou, puis tout autour des mamelons de sa belle. Elle commence à haleter, il s'émeut, mais n’a d’autre préoccupation que son plaisir, à elle. Guidant sa main jusque sur la toison d'or, il cherche enfoui le petit bouton, le frôle doucement, régulièrement. Elle renverse sa tête en arrière, en se cambrant. Il caresse encore et toujours en de petits mouvements circulaires, en lui embrassant tantôt le cou tantôt les seins. Elle ondule enfin, cambre son corps, et pousse des petits cris, surprise par l'orgasme.
Il la couche alors sur le sol moussu, et méthodiquement entreprend de la caresser de la tête au pied, parfois effleurant, parfois pétrissant, et tout ce temps il se maîtrise, refusant de se laisser emporter par sa passion. Il garde dans son regard le regard de son amante, attentif à son plaisir, à ses émotions, à ses désirs. De nouveau, il utilise sa langue, laisse une traînée sur la peau soyeuse. Ainsi, la brise légère du soir associée au contact mouillé, procure des frissons à la belle Diouhogna, qui commence à s'animer, à répondre : son corps délicieusement torturé ne peut plus garder l'immobilité, et elle se met à onduler sous sa langue, à réagir au moindre de ses contacts, à les rechercher en offrant telle ou telle partie à son exploration inlassable. Il enveloppe les seins de sa bouche, les humidifie, puis descend le long de son abdomen. Enfin il écarte tendrement ses cuisses, et entreprend de les lécher en remontant du genou jusqu'à l'aine où il s'attarde de plus en plus. Les lèvres s'offrant ouvertement, il les embrasse, comme celles d’une bouche riche en baisers, torturant gentiment de la langue, ne laissant aucune chance à la belle de retenir son orgasme.
Kay commence à souffrir de se retenir, elle s'en doute, et renverse la situation : d'un bond elle le retourne sur le dos et se met à cheval sur lui. Elle frotte sa chatte mouillée contre la verge déjà durcie. Il se détend enfin, acceptant son plaisir. Elle caresse de ses mains la poitrine presque imberbe, griffant légèrement jusque sur le ventre. Puis c'est avec sa bouche qu'elle s'amuse innocemment, faisant des zigzag apparemment insensés mais toujours dirigés vers les zones érogènes, comme le creux des cuisses, le bas du ventre, enfin la verge qu'elle torture délicieusement des lèvres et de la langue. Kay n'y tient plus, il arque tout son corps, donne des coups de reins, jusqu'à la libération dans un cri rauque.
Rompus de fatigue, ils s'étendent tous les deux sur le sol s'étreignant et se caressant tendrement. Le silence est d'or, quelques oiseaux chantent encore malgré la nuit tombée, la nature semble s'être endormie. Diouhogna sombre dans le sommeil. Kay veille sur elle, tout en goûtant au plaisir de la détente ressentie après l'amour; il savoure aussi le fait d'aimer de nouveau. L'air se rafraîchit, il couvre Diouhogna de ses habits, puis se protège lui-même. Il regarde tour à tour les étoiles et Diouhogna. En plus tu es belle, pense-t-il, comme s'il ne l'avait pas vraiment remarqué jusque là. Et je t'aime ! Il a dû dire cette dernière phrase à haute voix, car elle a poussé un soupir en se retournant.
La nuit est déjà fraîche à cette saison. La couverture qui a dans la journée abrité Kay du soleil les isole maintenant du sol, et leurs vêtements les protègent du froid, mais c'est tout de même fortement serrés l'un contre l'autre qu'ils se retrouvent au petit matin, légèrement transis malgré l'union de leurs chaleurs. Ils ne regrettent rien ni l'un ni l'autre pourtant; cette nuit passée ensemble était la conclusion logique à ce qu'ils ont vécu la veille. Ils ont en quelque sorte officialisé...
Si Kay ressent quelques inquiétudes quant aux réactions qu'ils vont soulever dans le village, Diouhogna, en revanche, n'en éprouve aucune. Elle est visiblement radieuse, et c'est en riant et chantant qu'elle entraîne son amant vers le bord de l'eau pour une toilette revigorante.
Comme ils terminent leur baignade, pendant qu'ils attendent de sécher sur la rive, ils discutent calmement.
«Pardonne moi ce que je vais dire, Kay. Je ne le ferai qu'une fois, et après, si tu veux, je ne le mentionnerai jamais plus...
- Mais... quoi donc ?
- Si tu veux... si tu crois... enfin, tu as une femme et des enfants. Peut-être as-tu... cédé à un moment d'émotion, peut-être regrettes-tu. Je crois bien que je t'aime, Kay. Mais si tu veux que notre relation soit sans lendemain...
- Non ! Kay a presque hurlé.
- Mais ta femme, tes enfants ?
- Ils sont morts, Diouhogna ! Morts depuis... je ne sais pas. "Là où le vent lui-même a oublié les noms des morts qu'il pleure"
[1]. En tous cas, je ne les reverrai jamais. Jamais ! Ils sont aussi perdus que la patrie de tes ancêtres, les Pélasges. Ils sont le passé. Tu es le présent. Moi aussi, je t'aime, Diouhogna.
- Tu m'aimes ? Vraiment ?
- Oui. Comme ma vie.
- Moi, je t'ai aimé dès que je t'ai vu, le premier jour, chez Ambigat. Mais je n'avais rien dit depuis, à cause...
- Oui, je l'ai compris. Moi aussi, dès que je t'ai vue, je suis tombé amoureux de toi. Mais les travaux, la fonderie...
- Bien sûr. Il ne fallait pas te déranger. C'est extraordinaire, ce que tu as fait pour nous !
- Vous m'avez accueilli comme l'un de vous. Je suis heureux de pouvoir me rendre utile. Je n'ai fait qu'utiliser mes connaissances.
- Qui doivent être vastes ! Je suis heureuse d'aimer un homme comme toi ! M'aimes-tu vraiment, Kay ?
- Comme ma vie.»
Il la prend dans ses bras, la serre tendrement, la caresse, l'embrasse. Oui, je t'aime, Diouhogna, pense-t-il. Tu es le premier rayon de soleil que j'aie vu après la nuit de l'espace et du temps. Je rends grâce à Dieu de nous avoir fait rencontrer. Je t'aime et t'aimerai toute ma vie.
Un peu plus tard, ils se dirigent vers le village, main dans la main. Kay a fait part à Diouhogna de ses craintes quant aux réactions des Gaulois. Elle le rassure.
«Je ne suis plus une enfant, Kay, et je peux coucher avec qui me plaît. C'est la règle parmi nous. N'en est-il pas de même chez toi ?
- Non, pas vraiment. C'est un peu plus difficile...
- Alors, tu apprécieras nos coutumes. Tu as pu constater que je n'étais pas vierge...
- Oui...
- ... et je n'ai pas demandé la permission à ma mère, même la première fois ! Chez nous, les jeunes gens découvrent l'amour au printemps, à la fête du Feu de Bélénos
[2]. Au soir, les bois sont pleins de cris et de rires. Il ferait beau voir que les parents essayent d'y mettre le nez ! D'ailleurs, ils sont bien trop occupés à leurs propres ébats !
- C'est une fête... - Kay ne trouve pas le mot gaulois pour dire "orgiaque" - ... très coquine, non ?
- C'est la fête du Feu Sacré. Et le feu sacré, c'est l'amour.»
Leur arrivée au village passe d'autant plus inaperçue que tous ceux qui sont déjà levés, guerriers et artisans, sont réunis devant la fonderie. Le four est encore tiède, mais les pièces coulées ont déjà refroidi depuis longtemps, bien sûr. Pourtant, personne n'a osé y toucher, pas même Dagolitos et ses apprentis - il est vrai que ces trois là ont dormi tout autant que Kay la veille.
En voyant Kay et Diouhogna main dans la main, Ambigat a un franc sourire de satisfaction. Clapa, Bogiorix, Dagolitos et les autres semblent approbateurs aussi. Et c'est d'une voix chaleureuse que le chef s'adresse au visiteur.
«Je suis heureux de voir que tu as pu te remettre de ta fatigue, Kay. Et fier que certains habitants du village se soient dévoués pour ton bien-être...» Il a un petit sourire ironique en regardant Diouhogna. Quelques sourires, tous amicaux, ponctuent cette déclaration.
«... J'espère que maintenant, tu vas enfin nous dévoiler ces belles lames que tu as fondues avec Dagolitos.»
Les heures qui suivent sont vécues avec passion par les Gaulois. Kay et Dago sortent les pièces grises des moules de sable, les nettoient, les brossent. Ils les tendent ensuite à ceux présents, et elles circulent de main en main, chacun s'extasiant, s'interrogeant.
«Elles ne sont pas blanches et brillantes comme les épées prises aux Celtes, dit un guerrier. Il va falloir les meuler.
- Pas tout de suite, Dordoviros. Elles se briseraient au contact de la pierre. Il va falloir maintenant allumer les fours à chaux que j'ai demandé de préparer, et plonger ces pièces au milieu du calcaire, pendant une ou deux semaines.
- Si longtemps ? Mais pourquoi ?
- Le calcaire va se transformer en chaux sous l'effet de la chaleur; et la chaux, au fur et à mesure, va absorber le charbon que le fer contient en trop. C'est une opération lente. Je testerai une des lames dans une semaine. Si je ne la juge pas assez adoucie, il faudra la replonger dans la chaux quelques jours de plus.
- Et après ?
- Le métal sera alors prêt à être meulé, forgé et poli. Tu auras une belle épée brillante, Dordoviros.
- En fer !
- Oui, en fer !»
Une acclamation salue ces paroles, et petit à petit la foule se disperse. Les métallurgistes retournent à leurs travaux. Dagolitos a commencé de s'occuper des fours à chaux avec les apprentis. Kay vient à son aide, pour le transport des lourds lingots, et Diouhogna, intéressée et curieuse d'abord, préfère, comme la matinée s'avance, s'éclipser discrètement et rejoindre le logis de sa mère, Bogonina - elle se sent de taille à faire face à ses questions.
Comme les jours passent, Kay et Diouhogna se revoient, et trouvent chaque jour l'occasion de s'éclipser vers l'un ou l'autre coin tranquille. Leur relation, connue de tous au village, n'a pas soulevé d'autre réaction qu'une offre amicale, de la part de nombre d'hommes, de les aider à se construire une maison. Ambigat, de son côté, a réaffirmé que Kay pourrait rester sous son toit aussi longtemps qu'il le voudrait, et que Diouhogna pourrait y rester avec lui. C'est l'arrangement qu'ils prennent au bout de quelques jours, prévoyant que la construction de leur propre demeure ne pourrait pas démarrer avant la fin des travaux de fonderie.
La fête des Javelles approche, et Bogiorix se fait plus pressant auprès des métallurgistes, anxieux d'avoir les épées prêtes pour l'occasion.
Kay craint que la décarburation du métal ne prenne plus longtemps que prévu. Aussi est-il agréablement surpris lorsque, au bout d'une semaine, il retire d'un four à chaux un des échantillons de fer, une simple barre destinée à devenir un marteau après forgeage et recuit. La teinte gris foncé a fait place à un gris de perle clair, et, frotté contre la meule, le métal devient brillant, s'usant de façon régulière sans trop attaquer la pierre : ce n'est plus de la fonte, c'est du fer.
Il attend deux jours de plus pour retirer les pièces plus grosses, épées et autres outils. Enfin, le lendemain, il sort les lingots et la grosse pièce d'une forme bizarre. Dagolitos, sa curiosité à son comble, lui demande à nouveau de quoi il s'agit, et cette fois Kay accepte de lui répondre.
«C'est l'objet sans lequel les autres ne pourraient exister, Dago. C'est celui sur lequel nous allons tous les poser, et taper dessus, taper, taper encore, pour les forger. C'est une enclume !»
Les jours suivants, le village ébahi découvre le vacarme d'une forge. Car de simple métallurgiste fondeur de bronze, Dagolitos, aidé de Kay, vient de s'élever au rang de forgeron. Kay lui a enseigné comment cokéfier l'anthracite, et ensemble ils ont confectionné un brasier de forge, rudimentaire mais efficace. Tour à tour, ils y plongent les pièces de fer, et les travaillent au feu et à l'enclume. Il faut apprendre l'art de la trempe aussi, et du recuit, et polir, rectifier, meuler...
Souvent, ils ont des spectateurs, hommes, femmes, enfants, certains mus par la simple curiosité, mais d'autres, véritablement intéressés, se découvrent des vocations. Il y a aussi un personnage inattendu, qui vient assidûment chaque jour : Esugenos, le druide. Il observe, ne dit rien, passant parfois de longues heures, immobile, à scruter le travail des forgerons. Il ne gêne pas, n'interfère pas, ne critique pas. Ils ont fini par s'habituer à sa présence silencieuse, aussi sont-ils surpris lorsque, un matin, il parle enfin.
«L'équinoxe est dans trois jours, Kay. La fête des Javelles. Serez-vous prêts ?
- Oui, druide, nous le serons. Veux-tu voir les épées ?
- Non, je ne le désire pas. Je les verrai lors de la cérémonie. Je m'assure simplement que tout se passe bien. Mais je voulais te dire autre chose. Les Javelles sont l'occasion de diverses célébrations. Il pourrait y avoir un mariage...»
Ce soir-là, seul avec Diouhogna dans la chambre qu'ils occupent chez Ambigat, Kay fait part à sa compagne de ce qu'a dit le druide. Les deux amants discutent gravement, s'interrogent. Mais leur décision est vite prise. Ils vont se marier !
Kay, qui a réfléchi à une telle éventualité depuis plusieurs jours, a pris une autre décision, après en avoir discuté avec Clapa et obtenu son assentiment. Il s'en ouvre enfin à la jeune femme.
«Mon amour... il ne saurait y avoir de grand secret entre mari et femme... et puisque tels nous serons bientôt, il est temps que je te révèle quelque chose... d'important, me concernant.
- Quoi donc, Kay chéri ? N'as-tu pas dit la vérité sur ton voyage, ta femme, tes enfants ?
- Non, il ne s'agit pas de cela. Tout ce que j'ai dit à ce sujet est vrai. Il s'agit plutôt de mon origine...
- Ne viens-tu donc pas d'une lointaine contrée, à l'est ?
- Je viens en effet d'une lointaine contrée, très lointaine. Mais pas à l'est.
- Qu'importe, que ce soit du nord, du sud, ou même de l'ouest où était la patrie de nos ancêtres !
- Qu'importe, en effet ? Ce n'est pas le lieu qui compte. Si je te le nommais, cela ne t'apprendrait rien de plus. Mais c'est ce que j'en rapporte, ce que j'ai amené avec moi.
- Un trésor ? De quoi s'agit-il ? Je t'en prie, mon amour, ne me laisse pas languir ! Tu m'as mis l'eau à la bouche, et maintenant je suis tellement impatiente de savoir. Vas-tu enfin me le dire ?
- Non pas te le dire, mais te le montrer.
- Quand ? Où ? Est-ce caché ? Allons-y !
- Ce n'est pas possible tout de suite. Il faut que je prenne des dispositions d'abord. Mais bientôt, demain ou le jour suivant.
- Mais de quoi s'agit-il donc ? Je meurs de curiosité ! Dis m'en plus, je t'en prie !
- Soit. Le... pays d'où je viens est plus avancé que le vôtre dans les connaissances...
- Oui, et cela explique ta science de la métallurgie...
- De la métallurgie, et de bien d'autres choses. Je dispose d'armes, de machines, et de certains objets qui te paraîtront incompréhensibles, même quand je te les aurai expliqués.
- Est-ce une science magique ?
- Oui, par rapport à la vôtre. Mais peut-être ne le semblerait-elle pas à vos druides...
- Est-elle plus puissante que celle des druides ?
- Dans certains domaines, sûrement. Mais pas dans tous. Vos druides sont étonnants. J'aurais beaucoup à apprendre d'eux en ce qui concerne l'esprit humain.
- Et cette science, en es-tu un maître ?
- Tout au moins un expert, dans quelques domaines, et un bon pratiquant dans les autres.
- Et tu vas me montrer tout cela ?
- Disons une partie, pour commencer. Tu découvriras certaines choses au fur et à mesure.»
Après cela, Kay a du mal à calmer l'excitation de Diouhogna, et à la persuader d'attendre le lendemain. Mais ils n'ont pas encore exploré toutes les possibilités de leur relation amoureuse - et il réussit à la convaincre de penser à autre chose.
Le lendemain, il annonce à Clapa, Dago et Ambigat qu'il va s'absenter un jour ou deux avec Diouhogna. Ambigat leur prête deux chevaux, et donne une recommandation :
«Soyez revenus pour demain soir, surtout. Après-demain commence la fête des Javelles, et vous devez y participer !»
En milieu d'après-midi, ils partent, suivant le cours de l'Ardesca. Kay porte un petit havresac dans lequel il a placé les deux susmas, les torches électriques et ses armes, électrocuteur et laser. Il ne presse pas les chevaux, sachant qu'il ne sert à rien d'arriver de jour à la grotte.
Ils y sont à la tombée de la nuit. Kay la repère grâce à l'émetteur de position qu'il a laissé en service lors de leur départ, avec Clapa. Il montre l'emplacement à Diouhogna :
«Tu vois cette saillie rocheuse, là-haut, sur la falaise ?
- A côté du gros buisson ?
- Oui, exactement. C'est là que nous allons.
- Là ? Mais il n'y a rien, là-haut ! As-tu caché quelque chose dans les fourrés, ou dans un trou du rocher ?
- Euh, non... enfin, oui.. tu verras. Attendons la nuit. Nous ne devons pas être vus.
- Mais comment pourrons-nous monter là-haut de nuit ? Même de jour, ce doit être dangereux !
- Ne t'inquiète pas. Nous pourrons monter sans danger.»
Cette fois, Diouhogna n'insiste pas, réalisant enfin qu'il y a beaucoup de choses que son amant ne pourra lui expliquer. Et elle lui fait confiance : s'il dit que tout ira bien, pourquoi s'en faire ?
Entre chien et loup, avant que la ténèbre ne les enveloppe tout-à-fait, Kay sort du sac le plus puissant des susmas, et s'en équipe devant la jeune femme interloquée. La partie électromagnétique est peu visible, et impossible à reconnaître pour qui ne connaît pas cette technologie. Aussi ne voit-elle qu'un baudrier de cuir, le travail soigné, certes, mais artisanal, que Kay a réalisé à son départ du vaisseau. Elle lui demande pourquoi il s'équipe de la sorte.
«Ceci va nous porter dans les airs, le long de la falaise.
- Nous porter dans les airs ? Est-ce un baudrier magique ?
- En quelque sorte. Il est le fruit de la science de mon peuple.
- Mais toi seul en es pourvu...
- Je vais te porter. J'ai pris Clapa sur mon dos, quand nous sommes arrivés. Mais toi, je pense que je vais te prendre dans mes bras...»
Ce qu'il fait un moment après. Diouhogna s'accroche à son cou, le regarde amoureusement, et ne s'aperçoit pas immédiatement qu'ils ont quitté le sol. La nuit n'est pas encore noire, et au bout de quelques instants, elle aperçoit la cime d'un arbre, en dessous d'eux. Elle pousse un petit cri de frayeur, et se cramponne plus fermement à Kay. Lui rit gentiment, la rassure, et bientôt elle se détend et s'adonne au plaisir brut et grisant de voler dans les airs, aux bras de son amant...
Kay repère sans encombre l'entrée de la grotte, cette fois, et ils se trouvent, dès le seuil franchi, plongés dans l'obscurité la plus totale. Par télécommande, il provoque alors l'allumage des projecteurs de la barge - celle-ci est toujours en sustentation dans son renfoncement à droite de l'entrée, à quelques mètres du sol, et cette position dominante permet d'éclairer la majeure partie de la caverne.
Diouhogna pousse une exclamation, mi-surprise, mi-terreur. Mais il s'agit de terreur sacrée, et l'émerveillement prend de suite le pas sur la peur. Toujours accrochée au cou de Kay, qui ne les a pas encore amenés au sol, elle regarde avidement tout autour d'elle, s'extasie de tout, pose mille questions, et s'agite en tous sens, menaçant de tomber de quelques mètres sur le sol rocheux. Kay préfère alors se poser pour la laisser gambader et trépigner à son aise, sans danger.
Elle a double raison d'être excitée : la grotte en elle-même, déjà suffisamment merveilleuse pour arracher des cris d'admiration; et la magie que déploie Kay, la lumière, la barge au milieu des airs, le fait d'être venus en volant...
«Tu es un Elfe, Kay, un magicien ! Je comprends pourquoi tu disais que tu venais de loin ! Tu viens du pays des Elfes, en vérité...
- Je ne sais pas qui sont les Elfes, ma chérie. Je ne suis pas l'un d'eux. Mais là d'où je viens, il y a encore bien d'autres merveilles, plus grandes encore que celle-ci.
- Quel grand peuple que le vôtre, alors !
- Et quel peuple misérable, pourtant, qui n'a pas réussi à oublier la guerre, la haine, la soif du pouvoir...
- Cette caverne, est-ce ton domaine ? Les peintures ont-elles été faites par toi, ou par ceux de ton peuple ?
- Non, mon amour, cette caverne est à vous, les Pélasges. Ce sont vos ancêtres qui l'ont habitée, et si magnifiquement décorée. Je n'ai fait qu'y entreposer mon petit véhicule, lorsque je suis arrivé avec Clapa. C'est d'ailleurs lui qui m'a montré cet endroit.
- Et sait-il que nous sommes ici aujourd'hui ?
- Oui. Je l'ai prévenu de mon intention, et je lui ai demandé l'autorisation de te montrer cette grotte, qui lui appartient.
- Cette grotte... appartient à mon frère ?
- Bien sûr, puisque c'est lui qui l'a découverte. Je ne fais que l'emprunter par commodité. Je ne voulais pas arriver au village avec la barge flottant dans les airs.
- C'est vrai, ce... vaisseau, d'où émane cette lumière brillante, n'est accroché à rien ? Mais comment tient-il ?
- De la même façon que nous sommes montés jusqu'ici. Il s'appuie sur une... force, invisible mais bien réelle, qui le supporte aussi bien que le ferait un solide échafaudage de bois.»
Après cela, tandis qu'ils visitent la caverne, s'extasiant sur les peintures rupestres, Diouhogna paraît plus calme, silencieuse, presque taciturne, en comparaison avec son excitation initiale. Kay perçoit son changement d'humeur, et ne l'attribue au début qu'à une saturation émotive, une déconnexion due à la trop grande quantité de nouveautés à absorber. Mais lorsqu'il fait descendre la barge au sol pour y accéder avec la jeune femme, il s'inquiète enfin de la voir s'enfermer dans une sorte de bouderie mélancolique, alors qu'il s'attendait à être assailli de questions. A peine si elle regarde l'aménagement du roof, de la cabine, et elle ne prête aucune attention aux susmas, dont Kay est en train de lui expliquer le rôle. S'asseyant sur un banc à l'arrière, elle fixe ostensiblement l'extérieur, la vaste cavité toujours brillamment illuminée.
«Qu'y a-t-il, Diouhogna ? Tu me fais la tête, depuis un moment. Pourquoi ? Qu'ai-je dit, ou fait ?
- Nous allons nous marier, dans trois jours. Et je me rends compte que je ne sais rien de toi. Tu es un homme secret, un étranger. Tu as des pouvoirs, un savoir qui dépasse même celui de nos druides. Et tu n'as pas arrêté de dissimuler, à moi, à mon peuple.
- N'as-tu plus confiance en moi ?
- Eh bien... si, je crois, parce que je t'aime. Mais... je ne sais plus... je crois bien que j'ai peur.
- Peur de moi ?
- Peur de toi, oui, et de tes pouvoirs; peur de ton peuple, de ce qu'il pourrait faire au mien. Tu t'es enfui, parce qu'il menaçait de te détruire, toi et ta famille. Qu'avais-tu fait pour mériter cela ? Et ceux que tu redoutes, toi qui es si puissant, que ne pourraient-ils nous faire, à nous, les Gaulois ?
- Tu n'as rien à craindre de mon peuple, Diouhogna. Il est bien loin, et ne viendra jamais jusqu'ici...
- Je ne sais pas. Je n'ai que ta parole. Et mes interrogations. Qui es-tu vraiment, Kay ?
- Je t'ai amenée ici, ma chérie, justement pour que tu prennes conscience que je n'étais pas un homme tout-à-fait comme les autres, et pour que tu saches malgré tout que je ne voulais pas avoir de secrets envers toi. Tu vas devenir ma femme, je t'aime, et je ne veux pas de méfiance entre nous. Pourtant, il restera des zones d'ombre - des choses que je ne dirai pas aux tiens, des choses que je ne dirai pas à Clapa, et même des choses que je ne te dirai pas, à toi. Mais pas par plaisir de la dissimulation. Pour votre tranquillité d'esprit, simplement. Pour votre sécurité aussi. Certaines connaissances sont dangereuses, si elles sont acquises trop tôt.
- Qui es-tu, Kay ?
- Un étranger. Un visiteur venu d'au-delà des étoiles, un visiteur d'un autre monde.
- D'un autre monde ? Comme les Brillants ?
- Les Brillants ? Clapa a déjà évoqué ce nom devant moi, sans me donner d’explication. De quoi, ou plutôt de qui s’agit-il ?
- Nous les appelons ainsi : les Brillants, les Lumineux, les Deiwos
[3]. Ils sont venus d'un autre monde...»
C'est au tour de Kay d'être interloqué. Ainsi, l'impression qu'il avait eue lors de ses premières conversations avec Clapa se confirme : ce peuple a déjà eu des contacts avec des êtres venus d'autres mondes. Le claparède n'avait pas paru tellement étonné de l'origine extraterrestre de Kay. Diouhogna aussi n'a pas tiqué à la mention de mondes au-delà des étoiles...
«Es-tu un Deiwo, Kay ? Ils n'agissent pas comme toi, d'habitude.
- Non, je ne suis pas un Brillant, mon amour.
- Tu sais, je ne te faisais pas la tête, tout-à-l'heure. Mais j'étais désorientée. Je t'ai pris tour à tour pour un Elfe, pour un Brillant...
- A propos des Brillants, tu as dit "d'habitude"... en voyez-vous souvent ?
- Plus maintenant. Ils ont un peu déserté les lieux habités par les hommes, depuis quelques générations. On en voyait beaucoup plus dans le passé, avant le cataclysme, et même un peu après. Maintenant, ils ne se montrent plus que rarement, et seulement à quelques individus sélectionnés. Et aux Robics plus qu’à nous, les Humains.»
A présent qu'elle a cessé de bouder, la jeune femme a retrouvé toute sa volubilité, et semble au contraire intarissable sur le sujet qu'elle a elle-même mis sur le tapis. Kay, rassuré, sent qu'il peut pousser un peu plus son questionnaire.
«En as-tu vu, toi ?
- Non. Mais notre ancien druide, Teutomatos, en avait rencontré à plusieurs reprises dans sa vie, et au moins une fois, le village entier avait été témoin de cette rencontre. C'était bien avant ma naissance, il y a une trentaine ou une quarantaine d'années.
- Peux-tu m'en dire plus sur ces Deiwos, Diouhogna ? Sont-ils vraiment d'un autre monde ?
- En tout cas, ils le disent. Ils sont en fait les plus anciennes créatures pensantes de la Terre, présents bien avant le début de l'humanité...
- Tu veux dire qu'ils ne sont pas humains ?
- Ils ressemblent à des humains, mais ils ne sont pas humains, tout comme les Robics. Du moins est-ce là encore ce qu'ils disent. Je te raconte ce que j'ai entendu depuis mon enfance, sans plus.
- Ils ont la même forme que les humains, mais sont d'une autre espèce ? C'est ce que tu veux dire ?
- Oui, je suppose que c'est cela.
- Comme moi, donc. Comme les Robics. Et ils étaient là avant les humains ?
- Oui. En fait, ils disent qu'ils ont créé les humains. A leur image.
- Créé les humains ? Se définissent-ils comme des dieux ?
- Non. Pas envers nous, les Pélasges, en tous cas. Peut-être ont-ils fait cela avec des peuples moins évolués. Il est certain que leur nom, Deiwo, qui signifie "brillant", est devenu le mot pour "dieu" chez bien des peuples
[4]. Mais chez nous, il ne signifie que cela, brillant. Comme dans mon nom, Diou-hogna : la chevelure brillante.
- Comment ont-ils créé les humains ?
- Nous ne savons pas. Les légendes disent qu'ils se sentaient seuls sur cette terre trop vaste pour eux, et qu'ils ont voulu de la compagnie. Alors, ils ont pris une souris, et ils en ont fait un humain.
- A partir d'une souris ! Et ce serait là l'origine de votre espèce ?
- Non, pas de la nôtre. Ils ont fait plusieurs tentatives. La première race, les Premiers Fils
[5], à partir de la souris, est celle des Robics, les petits hommes des cavernes. Notre race est la troisième - ils l'ont faite à partir d'un rat. C'est l'humanité qui peuple en majorité ce monde maintenant[6].
- Et la deuxième race
[7] ?
- Elle n'existe plus. Elle était issue d'une belette. Les Deiwos, aidés des Robics, l'ont détruite avant la création de la nôtre.
- Pourquoi l'ont-ils détruite ?
- Parce qu'elle était mauvaise, perverse, malade. Ils avaient raté leur œuvre. Ces humains-là n'étaient pas sains - ils ne pensaient qu'au sang, à la chair fraîche, à la chasse, au carnage. Ils menaçaient les Robics, et même les Brillants. Alors, ils les ont détruits.
- Combien de temps y a-t-il de cela ?
- Je ne sais pas. Sans doute les druides sauraient te répondre mieux que moi sur toutes ces questions. Je n'ai que le savoir populaire.
- Mais... il y a quelque chose qui me chagrine, dans ce que tu m'as dit : d'une part, les Brillants sont plus anciens que l'humanité, la plus ancienne espèce pensante de ce monde; et d'autre part, tu m'affirmes qu'ils viennent d'un autre monde.
- Oui. Ce sont eux qui l'affirment. Ils disent qu'ils sont venus quand ce soleil était encore jeune, et qu'ils ont régné sans partage sur cette terre alors qu'elle n'était que chaos de jungles et de volcans. Puis, ils ont soutenu des combats contre des monstres qui venaient leur disputer la Terre
[8]. Comme ils étaient peu nombreux, ils ont créé les Robics pour les aider, puis le Peuple Sans Descendance, qui a fait alliance avec les monstres et qu'ils ont détruit, puis nous, les Derniers Fils, les Orphelins.
- Orphelins ?
- C'est aussi un des noms que se sont donnés les Pélasges, quand leur patrie a disparu dans les flots. Ce continent est celui d'Orpa, le continent des orphelins.
- Tu dis : ce continent. Veux-tu dire par là, non seulement les Gaulois, mais aussi les Celtes ?
- Et les Ligures
[9], et les Etrusques, et les Ibères, et les Danéens, oui. Et même les Germains, et les Azes, et les Vanes[10], ces sauvages, tous ces peuples sont des peuples d'Orpa[11], orphelins de la grande mère patrie de l'ouest[12], où vivaient en bonne harmonie les Deiwos, les Robics et les Humains.
- Comment s'appelait cette patrie disparue ? Et comment a-t-elle été détruite ?
- Elle s'appelait Avalonia, la Terre de l'Eau. Et elle a été engloutie dans les flots quand les monstres, les Innommables, ont précipité sur elle le Ciel, le Feu du Ciel. Et c'est pourquoi nous avons toujours peur que le Ciel nous tombe sur la tête !»
C'est au tour de Kay, maintenant, d'être désemparé. Il doit revoir toute l'image qu'il s'était faite de ce monde, de ce peuple. Il se trouve dans une situation bien plus compliquée qu'il n'avait imaginé. Ces gens ne sont pas simples ! Et peut-être ne pourra-t-il pas continuer d'assumer le rôle qu'il s'est donné au départ? Peut-être devra-t-il rencontrer ces Deiwos, qui semblent proches de lui sur le plan de l'évolution. Et faut-il continuer à vivre parmi les Gaulois, se fondre dans ce peuple, oublier ses origines et son savoir, redevenir un "primitif", ou bien se donner plus de liberté d'action, quitter le village, utiliser la technologie qui est à sa disposition ? Autant de questions qui lui agitent l'esprit, sans trouver de réponse.
Pour le moment, n'ayant pas de meilleure ligne de conduite, il reprend le cours de son initiation auprès de Diouhogna. Après tout, elle n'a fait qu'évoquer des légendes...
«Voilà, ma chérie. Tu sais maintenant qui je suis, et d'où je viens. Et tu m'as appris de bien intéressantes choses sur ton monde et ton peuple. Il va être temps de retourner au village.
- Allons-nous utiliser ton vaisseau magique ?
- Non, nous allons reprendre les chevaux que nous avons laissés dans la vallée, souviens-toi. Il faut que cette grotte et son contenu restent secrets. Comprends-tu ?
- Oui, mon amour brillant et elfique. Tu peux compter sur moi.»
Au matin, après avoir fait l'amour dans la barge que Kay a sortie sous les étoiles, ils reprennent le chemin de Vogua.
...
[1] Leigh Brackett, « L’Epée de Rhiannon ».
[2] Beltan, en mai, était encore pratiqué au Moyen-Âge en Bretagne et en Irlande.
[3] Deiwo : racine indo-européenne, attestée en Sanskrit comme en Gaulois, et signifiant toujours : brillant, lumineux, divin, diurne.
[4] La racine "deiwo" a donné Deva en Sanskrit, Theos en Grec, Deus et dies (le jour) en Latin, Dios en Celte, Dis en Gaulois, etc...
[5] Les Hommes de Néanderthal, Homo Sapiens Faber, Caïn, le premier fils d'Adam et Eve.
[6] Les Hommes de Cro-Magnon, Homo Sapiens Sapiens, Seth, le troisième fils.
[7] Le chaînon manquant, Homo Lycanthropus, Abel, le deuxième fils.
[8] Les Innommables, les Yahous, les Gris à Long Museau (cf J. Guieu).
[9] Peuplant l'Italie du Nord et le sud-est de la Gaule.
[10] Azes et Vanes sont les deux peuples dont l'union a été à l'origine des Scandinaves.
[11] L'Europe.
[12] L'Atlantide. ... Richard Bach.

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