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Anthologie permanente : Jean-Claude Dubois

Par Florence Trocmé

O Nocturnes !
Vous
qui refusiez à notre église
d’avoir des amants
    
vous êtes aujourd’hui
comme elle,
allongés sur le dos
    sans besoin d’être heureux.
*
    
D’ici là, ô Nocturnes,
je vous le demande,
    
d’ici là,
ne laissez pas la nuit
terminer seule
ce que vous aviez commencé.
    
*
    
La partition de Bach est immense
et pourtant tout vient
se serrer contre moi.
    
          Je garde les yeux fermés. J’oublie.
    
Et ceux que j’oublie n’imaginent pas
qui m’a demandé de les oublier.
    
*
    
« Partez ! »,
m’a souvent dit Bylsma
à ce moment de la partition.
          Mais
où aller sans l’œuvre ?
    
*
    
Seul,
j’affronte la plus exaltante
de ses menaces :
    
la voir
s’effacer peu à peu,
sans cesser de me tenir les mains
ni de me dévisager.
    
*
    
Je suis seul
et n’ai rien de mieux à offrir
que ce que la musique a follement aimé.
    
Je suis seul
comme si tout était de ma faute.
    
    
Jean-Claude Dubois, Leurs adorables, Cheyne, 2007.
p.25 et28, Les Nocturnes de Chopin
p.46 et 51, Suites pour violoncelle seul de Bach (dans l’interprétation d’Anner Bylsma)
p.60, 66, Second mouvement du Quintette en ut D 956 de Schubert
    
    
Contribution d’Ariane Dreyfus
    
    


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