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Le Tacheles

Publié le 02 février 2010 par Colinzonska

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Peu de bâtiments peuvent se targuer de posséder une histoire aussi passionnante que celle du Tacheles, tout près de la U-Bahn Oranienburger Tor (U6), dans le quartier de Mitte. Construit en 1909 sous Guillaume II, le "passage de la Friedrichstr.", qui relie la Friedrichstr. à la Oranienburgerstr., résulte de l'initiative de commerçants indépendants qui se constituent en société anonyme. C'est alors l'un des premiers édifices faits de béton et d'acier, ce qui n'empêche pas sa façade d'être rehaussée de touches gothiques et néoclassiques. Son architecture des plus modernes présente la particularité d'avoir une façade et une structure interne indépendantes l'une de l'autre. Celle qu'on appellera la "cathédrale des marchandises" sera vendue aux enchères par décision judiciaire avant la Première Guerre mondiale.
En 1928, la société AEG en fait une "Maison de la technique", lieu d'exposition et de présentation de produits. A la fin des années 1930, c'est là qu'a lieu la première diffusion télévisée du monde entier.
Après la prise de pouvoir du parti nazi en 1933, le complexe devient la résidence du bureau d'études du DAF (Deutsche Arbeitsfront), syndicat affilié au NSDAP, réunissant patronat et salariés qui voit le jour en même temps que la suppression du droit de grève. En 1941, le DAF devient propriétaire de l'immeuble et accueille le siège de la SS. En 1943, son grenier abritera même des prisonniers de guerre.
Après la création de la RDA, le bâtiment n'est plus qu'une ruine gigantesque gisant au beau milieu de Berlin-est. Une agence de voyages occupera certains étages et le rez-de-chaussée sera entre autres occupé par le cinéma CAMERA et une école de commerce. La mairie ira même jusqu'à louer des salles de séminaires à l'école d'artistes de la RDA et à mettre à disposition quelques locaux pour l'armée nationale.

Le Tacheles est à l'origine un collectif de musiciens qui se forme du temps de la RDA, en désaccord avec les méthodes de censure du régime. En yiddish cela signifie "se révéler", "s'expliquer" et en hébreu "suivre un but". Le 13 février 1990, ces artistes squattent la ruine délaissée et réclament l'arrêt des étapes préliminaires de démolition, entamant des démarches pour faire déclarer le bâtiment monument historique. Malgré une décision judiciaire qui confirme la démolition, les artistes obtiennent le droit de véto de différents partis politiques et exigent que soit effectuée une nouvelle expertise sur l'état du bâtiment. Celle-ci se révélera positive et déclarera le bâtiment en bon état. En 1992, la classification monument historique sera confirmée.
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Depuis, le bâtiment est officiellement une maison d'artistes, devenu un lieu d'échange de cultures et d'approches esthétiques, enrichi par la vision d'artistes venus du monde entier. Les touristes peuvent s'y procurer des reproductions ou des peintures sur toile (par ex : patchworks) à prix raisonnables ou simplement visiter des expositions d'art moderne.
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Au dernier étage, on peut s'installer sur des fauteuils et canapés de récup, consommer une boisson au bar et admirer le panorama qui s'étend à perte de vue.

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Les ateliers d'artistes sont nombreux. N'hésitez pas à les visiter, les oeuvres sont souvent à vendre.

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© Photo de René Pelliccia


Même si elle semble hostile, la cage d'escalier taguée à l'odeur "safranée" vous permettra d'accéder aux différentes salles d'exposition et ateliers d'atistes. Vous pouvez aussi vous rendre dans la cour du complexe où des expositions régulières de sculptures ont lieu, en général les donations y sont volontaires ou les expositions payantes sont annoncées par des panneaux. Le Tacheles risque d'être bientôt racheté par un investisseur privé faute d'argent et en appelle aux dons volontaires. La privatisation signifierait la fin de cette aventure exceptionnelle.

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© Photo de René Pelliccia
Comment s'y rendre : Oranienburgerstr. 54-56a  S-Bahn Oranienburger Str. (S1/S85) ou U-Bahn Oranienburger Tor (U6)
Site Internet du Tacheles

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