C'était hier. Je vivais cette belle grossesse comme étant ma dernière. Ma troisième et dernière. J'ai vécu un accouchement de rêve. Un bel et dernier accouchement. Tout était clair et limpide dans mon coeur et ma tête. J'aurais trois enfants. J'étais comblée!
Lorsque mon beau E m'a lancé un Oh! On a fait un quatrième! peu de temps après la naissance de O, j'ai bien rigolé. Avoir quatre enfants? Non, je ne crois pas. Vraiment pas. Je suis comblée avec trois!
Et voilà que 18 mois après ce bel et supposé dernier accouchement, mon coeur et mon ventre se remettent à crier, à me lancer des appels, à me mettre dans tous mes états. Ils m'ont rendue comme une éponge remplie d'eau qui déborde dès qu'on la presse un tantinet. Moi qui avais si bien rationalisé de façon cartésienne la fin de l'époque de l'enfantement, qui avait fait cela comme une grande, me voilà aujourd'hui prise contre mon gré dans les montagnes russes de la maternité, incapable de raisonner. Un rien me fait pleurer. Je fonds à la vue d'une femme enceinte. J'ai l'impression de n'avoir jamais porté de bébé. De n'avoir jamais accouché. Mon coeur s'est tellement agrandi à la venue de mes enfants qu'il me donne souvent l'impression d'avoir été conçue pour aimer une famille encore plus grande.
Mes écrits peuvent donner l'impression que je désire à tout prix un quatrième enfant (ou même que je suis présentement enceinte!). Mais non. Je suis incapable de raisonner. Je ne peux qu'être en ce moment. Ma fibre maternelle vibre à une telle fréquence qu'elle me donne le vertige. Mon coeur est si sensible qu'un rien m'ébranle.
Et de l'autre côté de la médaille, il y a ma vie qui me comble au plus haut point. Un équilibre familial qui fait du bien. Une vision d'avenir, des plans, des projets. Il y a aussi un corps. Un budget. Des enfants qui grandissent.
J'ai la chance d'avoir E à mes côtés, qui sait me tenir la main et m'écouter. Ensemble, nous prendrons une décision plus tard. Pas maintenant. Ce sera la meilleure décision pour nous, pour notre famille. Et je sais qu'il sera avec moi pour faire le deuil d'un quatrième enfant ou pour accueillir un nouveau petit coeur au sein de notre belle famille.
Une chose est certaine, elle est bien loin de moi maintenant cette fille qui croyait avoir terminé sa famille en toute sérénité. Je ne croyais jamais ressentir un jour ce que je ressens en ce moment.
Et vous? Comment vivez-vous tout cela? J'aimerais vraiment savoir...