Certainement pas les membres des groupes suivants, qui se battent jour après jour pour faire exister leur musique dans l’hexagone. Dur dur pour les rockers de se faire une place en France, à moins de baisser sa culotte pour faire rentrer les standards variétoradiophoniques par un chemin douloureux et très mal éclairé. Non, quand on fait du Rock, avec le coeur et les tripes, les concessions c’est comme une épilation à la cire : une fois pour faire plaisir mais c’est tout.
Seulement voilà, notre bonne vieille france n’est pas une patrie rock & rollesque. Allez, on se souvient tous de Telephone. Qui n’a jamais chanté "la bombe humaine", ou hurlé "Quelquechose en toi ne tourne pas rond" à un mariage ou une soirée en faisant du air guitar ? Qui ne se souvient pas de Noir Désir, même si Bertrand Cantat a réussi à être plus connu grâce à une baffe qu’à un album… A part ça, on se souvient de qui ? Et qu’on ne me parle pas de Superbus, qui fait du rock comme je coupe mes ongles de pieds, à savoir : Une fois quand j’y pense. BB Brunes me direz vous ?
Mouahaha, je me gausse.
Le Rock Français est pourtant bien vivant. Pléthore de groupes continuent le combat, presque perdu d’avance, pour se faire une place dans le panel musical hexagonal. Les maisons de disques ne signent plus, trop risqué. Les labels indépendants deviennent frileux, pris à la gorge. Les groupes se retrouvent jusqu’aux genoux dans le boueux dilemme : intégrité musicale et créative / Loyer à payer. Pourtant, les Belges, dont on se moque à longueur d’année, y arrivent plutôt bien : Ghinzu, Millionnaire, DeUS, Girls in Hawai, Malibu Stacy, et j’en passe, parviennent à se faire une place de choix de façon internationale. Le secret ? le mystère du plat pays. (Probablement un prochain article)
Bref, revenons en à nos moutons, trêve d’introduction, voici un aperçu non exhaustif des groupes français qui font du rock, et qui le font bien.
SOMA
Découverts il y a quelques temps par hasard, au détour d’un myspace où ces messieurs avaient spammé leur clip dans les commentaires d’à peu près tout le monde, et à raison : ce clip est un petit bijou. Ode non dissimulée aux standards Tarantinolesques, violent, sexy, en 3 mots : ROCK AND ROLL. Plus de 200 concerts, des premières parties plus que prestigieuses, un EP génial et surtout : Un album à venir enregistré en analogique au studio Black Box à Angers, et mixé à Los Angeles par Môssieur Dave Sardy (Dandy warhols, Oasis, Nine Inch Nails, Ting Tings, Wolfmother, Cold War Kids…) . SOMA fait très fort, mais ils le méritent amplement. Leur son virevolte entre rock & roll tapageur et mélodies pop Über efficaces, avec la voix de Lionel Buzac aux manettes, petite cerise sur la gâteau.
SKIP THE USE
Skip The Use : Tu achètes ton billet de concert, tu rentres dans la salle, et là tu te dis "WOW c’est quoi ce délire ? " . 5 Lillois, complètement hétérogènes : un black tatoué jusqu’aux yeux, sorte de zébulon au slim vissé en bas des fesses, torse nu à la première occasion, avec une voix incroyable. Un barbu aux cheveux longs, casquette vissée sur le crâne, mélange de rocker californien et de rescapé de la mode skate, guitariste surdoué (si vous le croisez, appelez le vomito). Un bassiste aux dreadlocks improbables, tombant jusqu’aux fesses, elles même vissés à une tige d’1m90 pour 35 kilos. Un clavier typé premier de la classe, il n’y peut rien, il a la tête de premier de conservatoire… Et un batteur casquette à l’envers, qui tabasse sa batterie avec malgré tout une finesse impeccable. Bref, pas le prototype du groupe de rock à mèche. N’oublions pas que Skip The Use, c’est le groupe post CARVING (1500 concerts, 15 ans d’existence), donc de l’expérience, ils en ont à revendre.
Et la musique me direz vous ?
La musique, c’est tout ça. Une somme d’influences intelligemment ficelées, toujours au service de l’énergie, et le petit plus : chaque titre donne envie de se bouger le popotin et de transpirer. Ces mecs mélangent Rock / Punk / Electro / Disco avec une insolente facilité qui pousserait presque à les targuer de petits génies. Un album 12 titres sorti en septembre 2009 qu’il faut absolument avoir dans sa discothèque, des concerts dans toute la france, une énergie scénique proche de l’ovni (Et lorsqu’on voit Matbastard chanter sur scène, le V de volant n’est pas posé à la légère). Faites vous plaisir, un achat à faire pour se remonter le moral.
PAMELA HUTE
Petit coup de coeur découvert l’hiver dernier à la Flèche d’Or, Pamela Hute ( à prononcer « youte » ) fait partie de ces groupes dont on sent la détermination à chaque minute d’écoute Live. Guitare-voix / Clavier / Batterie, formule simplissime pour résultat efficace. Petite tête blonde chétive, wayfarer sur le bout du nez, un brin de timidité l’air de dire "je n’en dévoile pas trop", Pamela et ses deux comparses enchaînent les morceaux avec l’assurance des grands artistes. Energique, un brin shoegaze, c’est un groupe avec lequel il faudra compter très bientôt même si l’humilité de leur attitude et de leur jeu scénique leur donnent l’image géniale d’un petit groupe à qui tout arrive. Un premier album, Turtle tales from overseas, qui arrive très bientôt après le succès de leur 4 titres. A surveiller de près pour ne pas avoir à dire "Pamela Quoi ??" quand vous serez le dernier à les connaître.
Le myspace
IZIA
Izia c’est déjà pour commencer Izia Higelin. Fille de Jacques, soeur d’Arthur. Rien que ça. Izia c’est du live à tout péter. De l’émotion à revendre, du brut de décoffrage. La France a rarement fait du rock & roll aussi bon, aussi simple. Ca me donne envie de dire "Merde, vous voyez que c’est possible". Elle a beau être fille de, un excellent album reste un excellent album. Même si faire à 16 ans la première partie d’Iggy Pop, c’est malgré tout une histoire de contacts. Mais tant pis, quand un groupe est aussi bon, on passe au dessus de ce genre de choses, on fait mine de ne rien savoir et on écoute poliment. Enregistrement de l’album en condition de live, guitariste au toucher génial, ça suinte le rock & roll dès les premières notes. Cocorico les enfants, Izia c’est écorché, violent, suave, les compos sont réduites au dénuement le plus total, et tant mieux, c’est aussi ça le rock & roll.
La suite, très prochainement avec encore de nombreuses pépites, ceux qui ont choisi de chanter en français, rien que ça.