Je suis l’autre

  Je suis mort né.

Vous avez beaucoup versé de larmes, puis vous m’avez remplacé.

A toi qui n’as pas connu la vie, sais tu que tu l’as retransmise ? Tu aurais pu être mon cousin, nous aurions ri ensemble mais tu as suivi ta destinée. A ta place est venue Françoise, de quinze jours mon aînée. Nous avons fait les quatre cent coups, toutes les deux.

Quelle aurait été ta vie, ta carrière, tes amis ? Mais qui es tu donc au fond de ton cosmos ? T’amuses tu au moins ? Connais tu ton prénom ?

Si tu avais choisi de rester parmi nous, Françoise n’aurait certainement pas eu le même caractère ! Elle a été chouchoutée, couvée…. Beaucoup trop. Ils avaient tellement peur de la perdre ! Elle n’a pas pu choisir sa voie : ton papa l’a orientée et désormais elle s’ennuie comme un rat mort. Eux aussi s’en sont allés.

Je pense qu’elle a besoin de toi. Rend lui visite, s’il te plaît, redonne lui la joie, le sourire, le goût à cette vie que tu n’as pas eue.