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John Eliot Gardiner décortique Beethoven

Publié le 03 février 2010 par Philippe Delaide

Concert samedi 30 janvier à Pleyel. Au programme trois pièces de Ludwig van Beethoven par le London Symphony Orchestra, sous la direction de sir John Eliot Gardiner : l'Ouverture d'Egmont opus 84, le concerto pour piano N°2 en si bémol majeur opus 19 interprété par la pianiste Maria-João Pires, la symphonie N°6 en fa majeur opus 68 ("Pastorale").

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L'Ouverture d'Egmont, attaquée avec une virulence rare ne permet même pas au LSO de s'échauffer. John Eliot Gardiner imprime d'emblée une tension impressionnante et les tutti d'orchestre emplissent de façon impressionnante la salle Pleyel. L'introduction de cette pièce est d'une noirceur particulièrement bien mise en évidence par le chef britannique.

Dans le Concerto N°2 pour piano, l'intervention de Maria-João Pires permet d'apporter une touche de grâce et surtout un "cantabile" qui manque très souvent dans ce que l'on pourrait appeler le plus mozartien des concertos de Beethoven. Je me souviens très bien d'une version qui m'a marqué à tout jamais, impériale, ample et d'un classicisme irréprochable de Daniel Barenboim avec Otto Klemperer avec le New Philharmonia Orchestra (enregistrée en ). Samedi soir on était dans un tout autre registre. Maria-João Pires déploie un jeu qui rapproche plus ce concerto de ceux de ses aïeux qu'ils soient Joseph Haydn ou WA Mozart. A la recherche du legato d'une version dite romantique, Maria-João Pires oppose une

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  interprétation où les notes sont très détachées, le toucher percussif, avec très peu de pédale. L'orchestre suit cette même logique d'un travail très axé sur les structure rythmique et sur le détachement net des différents plans sonores. De belles nuances de la pianiste sont magnifiées par l'acoustique exceptionnelle de Pleyel et son engagement physique est certain pour rendre un concerto d'une belle lumière et d'une vitalité certaine.

En seconde partie de concert, John Eliot Gardiner s'aventure dans une version qui se veut assez narrative et expressive de la sixième symphonie. Les thèmes pastoraux de cette symphonie pourraient se prêter, plus que toute autre, à cette tentative de rechercher l'enchaînement de tableaux successifs, répondant au souci d'une certaine théâtralité, dans la grande tradition baroque. Je n'ai pas, pour ma part, été convaincu par cette lecture qui fait inévitablement perdre le fil de cette symphonie en dénaturant son unité, sa cohérence, et ce par un excès de décorticage. La salle a d'ailleurs été assez déroutée, applaudissant plus par respect pour cet immense chef et la plasticité certaine du LSO que par réelle enthousiasme pour cette lecture déroutante.


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