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Un manteau entre les mains...

Publié le 04 février 2010 par Aragon

boltanski.jpg"Personnes" au Grand Palais. Une exposition dépeinte par l'artiste comme une métaphore de la mort inéluctable et du destin...

Un hall immense, saisissant de pâleur, un froid polaire. On peut claquer des dents. le coeur claque aussi dans sa cage thoracique. Étroite, tellement étroite. Vêtement, petit carré de toile de tissu  limité par la dérisoire frontière, disparue,  d'un corps... Alors, vêtement en manque ? Corps en manque ?

Boltanski : le jeu de la mort et du hasard, et Pina et PPP et Topor et Arrabal et Mozart, tant d'autres et toi et moi. Incroyable vision que celle de ces trois tonnes de vêtements entassés en une colossale montagne, éparpillés sur le sol sur 13 500 mètres carrés !

Mais que c'est-il passé ? Quel cataclysme incroyable, effroyable, est advenu. Un tremblement de terre tout frais, pauvres restes des camps de réfugiés de Sangatte et d'ailleurs, la guerre, un attentat à la bombe, la Shoah ?

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Ces vêtements absents de leurs corps, ces vêtements mutilés de leurs possesseurs.

Ces vêtements vides d'espoir. Ces vêtements nus.

L'absence ? Boltanski le dit :

"Même l'art n'y peut rien. Quand il essaie de sauver quelque chose, il révèle l'absence."

La véritable impudeur est l'absence de corps, pas celle de vêtements. Alors la disparition, la mort, sont-elles absence ? Fatalement oui. Impudique absence, le vêtement chrysalide a laissé son corps passer à la lumière pure. Sans tache. L'absence est par définition, naturellement, sans tache. L'absence est le signe du passage. L'absence est cruauté. Il nous reste, comme dans Le livre d'Élie, le manteau entre les mains. Rien qu'un manteau. Un manteau que les mains ont pu saisir sans le lâcher, sans le lâcher, sans le lâcher...

Or, comme ils marchaient en conversant, voici qu'un char de feu et des chevaux de feu se mirent entre eux deux, et Élie monta au ciel dans le tourbillon. Élisée voyait et il criait : " Mon père ! Mon père ! Char d'Israël et son attelage ! " puis il ne le vit plus et, saisissant ses vêtements, il les déchira en deux. Il ramassa le manteau d'Élie, qui avait glissé, et revint se tenir sur la rive du Jourdain. Il prit le manteau d'Élie qui avait glissé et il frappa les eaux en disant : " Où est Yahvé, le Dieu d'Élie ? "


Christian Boltanski Personnes Monumenta 2010
envoyé par ARTNET_france. - Regardez plus de courts métrages.


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