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Pandemonium

Par Anne Onyme

pandemonium1pandemonium2Christophe Bec
et Stefano Raffaele

Éditions Soleil

T.1: Le sanatorium, 55 pages
T.2: Le tunnel, 51 pages

Résumé:

Maman, il s'est passé des choses horribles ici...Je les vois, je vois tous ces morts.

Mon commentaire:

J'ai choisis de parler des deux tomes de cette bande dessinée (un troisième terminera la série, mais il n'est pas encore paru - je mettrai alors mon billet à jour) dans un même billet, puisque chaque tome se poursuit exactement là où on l'a laissé. On aurait d'ailleurs pu très bien regrouper les trois tomes en un seul plus gros volume, ce qui aurait été beaucoup plus intéressant pour le lecteur.

Le mot pandemonium peut évoquer beaucoup de choses. Il réfère cependant à Satan et aux enfers. Un pandémonium désigne un lieu de perdition, où règne le chaos et la corruption. Ce mot est une invention de l'anglais John Milton, qui l'a utilisé pour la première fois en 1663 pour son oeuvre Le paradis perdu. En sachant cela, nous sommes en droit de nous attendre au "pire" pour cette bande dessinée.

La bd de Christophe Bec et de Stefano Raffaele s'inspire d'ailleurs de faits réels. Mais nuançons quelque peu cette information qui se retrouve en première page du livre. Son point de départ est le sanatorium de Waverly Hills. Ce sanatorium a réellement existé. Construit dans le Kentucky, à Louisville, il a été ouvert en 1910 et devait accueillir une quarantaine de patients que l'ont soignait pour la tuberculose. Le bâtiment a été agrandit et transformé pour pouvoir accueillir plus de 400 patients en 1926. À partir de 1943, à cause de l'invention de la streptomycine, un médicament traitant la maladie, le nombre de patients a, heureusement, grandement diminué. Le sanatorium ferme ses portes en 1962. Depuis, le Sanatorium de Waverly est considéré comme l'un des endroits les plus hantés d'Amérique. C'est principalement sur cette croyance et sur nombre de légendes urbaines entourant ce sanatorium que se base l'idée de Pandemonium.

L'histoire met en scène Cora, une fillette atteinte de tuberculose. Sa mère, qui a déjà été traitée au sanatorium quand elle était petite, y amène sa fille afin qu'elle soit aussi traitée contre la maladie. Comme elle n'a pas d'argent, elle s'engage comme infirmière pour payer les frais médicaux de Cora. La mère et la fillette cohabitent donc au sanatorium, mais elles vivent aussi parallèlement. Surtout depuis que Cora voit des choses et apprend des histoires effrayantes qui se sont produites au sanatorium... de la bouche de gens qui y sont décédés... Cora est d'ailleurs la seule à les voir, mis à part quelques autres enfants.

Que l'on croit où non aux fantômes et aux esprits, là n'est pas la question. Je n'en débattrai d'ailleurs pas ici. Rétablissons toutefois quelques faits. Le sanatorium a soigné de nombreux patients tuberculeux à l'époque. La médecine étant ce qu'elle était, de nombreux traitements pour tuberculeux nous apparaissent absolument barbares aujourd'hui. Jusque dans les années 1950, la thoracoplastie (l'ablation de 3 à 8 côtes pour affaisser le poumon et priver d'oxygène le bacille responsable de la maladie) était monnaie courante. Plusieurs patients en mourraient. Cette intervention était utilisée lorsque tout avait été tenté. Ce genre d'intervention choque l'imagination et contribue à véhiculer toutes sortes de choses sur les sanatoriums. On les dit d'ailleurs à peu près tous hantés. Dans l'album, nous sommes entre autres témoins d'une scène de thoracoplastie absolument effrayante. L'album entier, qu'il mêle d'ailleurs faits réels et fantômes, donne littéralement le frisson. Le dessin est trop réaliste pour ne pas frapper l'imaginaire du lecteur...

De nombreuses légendes sur Waverly se sont développées au cours des années. On parle de 63 000 décès dont plusieurs âmes ne reposent pas en paix et hanteraient les lieux. On fait allusion à une chambre maudite (la 502) où aurait eu lieu des choses terribles. On parle aussi du tunnel de la mort ou "body chute" où l'on sortait les corps sur des tables à roulettes... Ces informations ont été amplifiées avec le temps, pour attirer curieux et chercheurs de fantômes. Le propriétaire actuel du site offre d'ailleurs un circuit de visite des lieux dits "hantés". Selon les sources historiques, environ de 7000 à 8000 personnes sont décédées au sanatorium, ce qui est un nombre "normal" pour une épidémie de tuberculose. Nombre cependant déjà moins spectaculaire que le 63 000 qui apparaît partout. Le tunnel de la mort était en fait un tunnel très long construit sous le bâtiment, afin de faciliter l'entrée des employés et d'éviter qu'ils franchissent la montagne à pied, le sanatorium étant situé à l'écart de tout, sur les collines. Le tunnel a par la suite été utilisé pour sortir les corps des personnes décédées, afin d'éviter de traumatiser les autres patients en voie de guérison.

Pandemonium est donc une bande dessinée qui frappe l'imaginaire du lecteur. Elle nous offre des images qui donnent le frisson et que l'on n'oublie pas de sitôt. L'histoire se base sur des faits réels, oui, mais principalement sur les légendes et les faits paranormaux entourant le sanatorium de Waverly. Si vous avez les nerfs assez solides et si les scènes de médecine peu ragoûtantes, en plus des fantômes et lieux hantés ne vous rebutent pas, cet album est pour vous.

En complément:

Cette bande dessinée peut être l'occasion de se renseigner sur l'histoire des sanatoriums et sur la médecine utilisée à l'époque. La plupart des sites parlant de sanatoriums font état de leurs fantômes et des croyances qui les entourent. Cependant, j'ai déniché quelques sites d'histoire qui nous expliquent l'histoire de ces lieux d'un temps passé.


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