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Par Valou94
Bonjour mon p’tit clou !
Désormais, appelle-moi Sherlock Holmes…
J’ai une tendance compulsive à stocker un ensemble d’accessoires de toutes nature sur mon bureau ou dans les tiroirs (règles, crayons de formes, couleurs et matières diverses et variées, blanco, scotch, post-its, gommes, agrafeuses, agrafes de longueurs différentes, trombones, paire de ciseaux, papiers, classeurs, cahiers, pochettes, enveloppes…)
La plupart du temps, cela fait rire les collègues de mon open space. Sauf bien sûr quand ils ont besoin des dits accessoires, dans ce cas je deviens miraculeusement super sympa et leur meilleure pote, voire ils m’offrent un café. Rapport que eux, ils sont non prévoyants et bordéliques.
Donc voilà. Dans mon infinie mansuétude, je pousse même l’amabilité jusqu’à laisser tout ça en LIBRE SERVICE, c'est-à-dire que je ne ferme pas mes tiroirs à clé, afin que les imprudents puissent quand même, au moment de remettre un exemplaire d’un document super important à leur hiérarchie, et alors que la secrétaire est partie depuis longtemps, avoir accès aux outils nécessaires pour le relier.
Oui mais … Tout ceci sous-entend tacitement, bien entendu, que tout soit remis exactement à sa place après usage. Sinon où va-t-on ?
Bref, ceci étant posé, je recherchais l’autre jour machinalement mes ciseaux. Qui sont très précisément situés dans mon 3ème pot à crayon (celui avec les départements français), placé à ma gauche.
Enfin théoriquement. Parce que là… Ils n’y étaient pas. Accordant le bénéfice du doute à mes charmants collaborateurs et néanmoins amis, je vérifiais dans les autres pots à crayons, puis dans mes tiroirs. Rien. Tendance zéro, pas plus de paire de ciseaux que de poil au cul d’un babouin.
Après une séance intérieure de :
« OHMMMMMMMMMMMMMMMMMMMM
Zen, je vais bien, tout va bien »
Histoire de calmer la moutarde qui me montait au nez,
j’interpellais à la cantonade, d’un air anodin.
« Quelqu’un aurait-il vu mes ciseaux ?? »
Pas de réponse.
[Images de décapitations à la tronçonneuse dans ma tête.]
Je me suis levée, l’air innocent, et ai fait le tour du bureau mine de rien, en vérifiant du coin de l’œil le dessus des autres bureaux. Rien.
[Supplice de la roue puis écartèlement et démembrement par 4 chevaux sauvages furieux.]
Je me suis assise à nouveau, et j’ai fait marcher mon cerveau légendaire. Qui de mes collègues était le plus susceptible, de par son profil psychologique, de m’avoir emprunté mes ciseaux et de les avoir, volontairement ou non, subtilisés ou perdus ?
A.* ? Non, trop psychorigide et respectueux d’autrui, il les aurait certainement immédiatement remis à leur place. A moins de nourrir une secrète rancœur face à la perfection du rangement de mon bureau, et en supposant alors qu’il ait voulu m’infliger une blessure psychique qui aurait fait vaciller mon moi profond.
O.* ? Peu probable, il était absent jusqu’à la veille du crime, et dans la journée j’ai peu quitté mon bureau, je l’aurais vu agir. De plus, je ne doute pas qu’il soit capable d’un tel acte, comme une plaisanterie d’un goût douteux, mais il se serait immédiatement dénoncé.
B.* ? Un peu fofolle, toujours en mouvement, peu observatrice, elle ne doit même pas savoir que j’ai des ciseaux à disposition sur mon bureau, je l’écarte en première intention.
G.* ? Timide, solitaire, mais foncièrement honnête, il ne pourrait s’agir que d’un oubli de sa part, mais il a à l'instant vérifié dans ses tiroirs et ne semblait rien y avoir trouvé. Je l’écarte donc aussi de ma liste.
Reste 2 suspects.
X.*, grande gueule, intelligent mais qui la joue souvent perso, sans se soucier des autres, me semble un candidat idéal.
Y.* lui, plus renfermé, est difficile à cerner. ..
Je décide d’agir. X est pour moi le coupable présumé, mais il s’agit de la jouer finement, car s’il s’avère qu’il n’a rien à voir avec la disparition, je devrai suivre la piste Y.. Sans pour l’instant lui mettre la puce à l’oreille.
D’une manière volontairement atone et neutre, je questionne X:
« toi qui sais tout ce qui se passe dans les bureaux, [notez la subtile manœuvre de léchage de pieds], tu n’aurais pas une idée d’où sont passés mes ciseaux ? Je les cherche là et j’en ai besoin [difficile, il faut évoquer le fait, sans paraître y accorder d’importance et sans rabâcher pour ne pas que tout le monde s’aperçoive que vous êtes complètement maniaque, d’où la mention du « j’en ai besoin » ce qui n’est absolument pas vrai à la base] ? Sinon je vais devoir aller en chercher d’autres chez la secrétaire [note d’humour et appel à son bon sens égoïste en supposant qu’il possède suffisamment d’empathie pour s’imaginer à ma place] ».
Le verdict est tombé immédiatement. « Ah si tiens je m’en suis servi ils doivent être dans le coin », suivi d’un farfouillage dans les nombreux papiers éparpillés sur son bureau, puis il a brandi l’objet du délit.
Je me suis levée lentement (toujours pour éviter les interprétations malencontreuses) et ai enfin pu récupérer mes précieux ciseaux, qui ont réintégré leur pot à crayon.
Le 3ème, celui avec les départements français, placé à ma gauche.
Depuis, mes collègues m’appellent Gollum. Et ont renommé ma paire de ciseaux "my precious". Va comprendre…
Allez, ciao mon p’tit clou !
(*) : Bien entendu, les prénoms ont été modifiés pour protéger l’identité des intéressés

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