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« In the air », une histoire de solitudes sur fond de crise

Par Titus @TitusFR

Le dernier film du réalisateur canadien Jason Reitman, "Up in the air" (« In the air » pour les écrans français), est un pur chef d'œuvre. Avec cette comédie caustique bien de son temps, adaptée du roman de Walter Kirn, Reitman (déjà encensé pour son « Juno »), livre un grand film taillé sur mesure pour George Clooney, magnifique dans la peau d'un salaud en col blanc qui n'arrive jamais cependant à se rendre totalement antipathique. L’opus fait l’objet de huit nominations pour les Oscars.

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Ryan Bingham fréquente davantage les halls d'aérogare que son minuscule et ennuyeux deux-pièces. 322 jours par an, il vole d'un état à l'autre pour effectuer le sale boulot que rechignent à faire les entreprises frappées par la crise : licencier. De cette vie dominée par le voyage, l'Américain retire – cultive – une philosophie du détachement ( tant matériel que relationnel) qu'il professe à l'occasion de séminaires très courus.

Les certitudes de Ryan sont toutefois mises à mal par l'intrusion dans sa vie de deux personnages féminins hauts en couleur.

Il s’amourache en effet d’Alex, (la délicieuse Vera Farmiga), qui mène – du moins en apparence, comme le spectateur l’apprendra plus tard – une existence en tout point comparable à la sienne, et en qui il voit son doppelganger, son double véritable, avec lequel se noue rapidement une complicité entrant en contradiction totale avec ses convictions de célibataire endurci.

Des licenciements par écran interposé

L’autre trublion de service dans l’existence rangée de Ryan, c’est une jeune bardée de diplômes (interprétée avec brio par Anna Kendrick) qui débarque au sein de sa compagnie avec des idées appelées à révolutionner les pratiques. Au lieu d’envoyer les agents d’un bout à l’autre du pays, pourquoi ne pas organiser les entretiens de licenciement par écran (et webcam) interposé ?

Pour Ryan, dont l’objectif avoué est de cumuler le plus de miles aériens possible, le fait d’être promis à une existence sédentaire n’est évidemment pas imaginable. Il va donc tenter de démontrer à la jeune diplômée que le licenciement ne peut s’effectuer que lors de face à face en règle.

Le joli coup de Jason Reitman, c’est d’avoir choisi le chéri de ces dames, George Clooney, pour incarner ce type a priori répugnant s’enrichissant du malheur des autres, parangon d’un capitalisme sans foi ni loi. Le réalisateur se garde bien cependant de tomber dans la caricature. Ce personnage un brin cynique se fait parfois extrêmement touchant. Surtout lorsqu’il réalise à quel point son existence de solitaire égoïste l’a coupé de sa propre famille.

Des dialogues mordants donnent à cette subtile comédie une causticité remarquable qui font du film une prodigieuse satire sociale, même si Reitman se défend bien d’avoir eu cette intention. Dans le Figaro, il disait notamment avoir plutôt cherché à bâtir « une histoire de solitude et de relations humaines. On a perdu tout sens du lien, alors qu’on passe sa vie à être connecté », affirmait-il. En cela, et dans sa succession vertigineuse d’images d’aéroports, le film me rappelle parfois le fameux « Lost in translation » de Sofia Coppola.

La bande annonce du film :


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