Vendredi, deux films inédits dans les salles françaises étaient programmés : Hello, Stranger et Bandhobi. Chaque film avait comme thématique commune l’intégration dans la société coréenne pour un étranger, ou tout du moins le regard posé par les coréens sur celles et ceux qui ne sont pas leurs concitoyens. Un sujet universellement dans l’air du temps, à l’évidence.

Chacun de ces personnages devient à un moment ou un autre du récit le centre du film. En se penchant sur l’intégration des réfugiés du Nord dans la société coréenne, le réalisateur Kim Dong-Hyun touche à un sujet d’autant plus passionnant qu’il prend le parti d’en offrir deux visions, celle d’un petit nouveau, et celle d’une réfugiée installée de longue date. Au-delà de ce sujet passionnant, le réalisateur pêche par une trop grande errance narrative.
Il ne parvient pas à maîtriser le centre de son récit, se focalisant sur un personnage ou deux, laissant le troisième sur le bas-côté pendant plusieurs dizaines de minutes parfois, avant de renverser la vapeur et de changer point de focalisation, et ceci incessamment. Le film tire ainsi malheureusement en longueur, niant au récit toute possibilité d’emballer. Si les sujets abordés sont intéressants - le regard des sud-coréens sur les nord-coréens s’intégrant chez eux, et vice versa, l’exploitation d’étrangers venus de pays asiatiques en développement - ils perdent de leur force par l’incapacité du cinéaste à resserrer son intrigue et ses personnages. Dommage, car il recèle de belles choses, avant de s’enliser et de tourner un peu à vide.
Bandhobi est clairement un film plus réussi. Ce qui m’a surpris compte tenu

A travers ce couple assez improbable dans la société coréenne, Shin Dong-il s’intéresse au regard des coréens sur les étrangers, en particulier ceux venus d’un pays non occidental. La méfiance et l’incompréhension laissent rapidement la place à un racisme, parfois latent, souvent sans ménagement, de la part des coréens. Dans ce pays où la mixité est encore assez rare, où les étrangers sont presque invisibles en dehors de quelque touristes, la question de l’intégration est un sujet qui ira en grandissant.
Shin Dong-il le traite sous forme d’une comédie romantique sociale juste et sensible. Le cinéaste ne se contente pas de scruter en surface lorsqu’il se penche sur l’amitié qui se noue entre Karim et Min-Suh. Leur relation est aussi complexe que le cadre peu accueillant dans lequel ils évoluent, celui d’une société où l’on accepte mal qu’une jeune fille fréquente un étranger risquant d’être renvoyé chez lui un jour ou l’autre. Le film tire un peu en longueur sur la fin, mais on lui pardonne facilement, notamment grâce à un beau duo de comédien.
Bandhobi a récemment remporté le Grand Prix du Festival des Trois Continents à Nantes, peut-être sera-t-il distribué dans les salles françaises dans les mois à venir.