"Je voulais le ciel.
Et j'ai grandi en m'efforçant d'obtenir de ce monde...
un monde éternel."
C'est l'histoire d'un premier amour qui nous est conté dans la BD dont je vous parle aujourd'hui, mais ce n'est pas que cela. Manteau de neige évoque tout d'abord l'enfance d'un petit garçon nommé Craig (l'auteur), une enfance vécue dans la crainte de Dieu, une enfance dure où les grandes personnes enferment les enfants capricieux dans des cagibis, en veulent à leur corps, une enfance ou même la nuit ne permet pas la fuite car il y a ce petit frère remuant avec qui Craig partage un lit forcément trop étroit. Une impression si forte d'être différent, anormal, seul.
Plus tard, il y a heureusement cette rencontre avec une jeune fille, Raina, sous le biais d'une "classe de neige paroissiale", l'amour qui nait et le départ vers la famille de la jeune fille, une semaine de vacances partagée entre pudeur, découverte de l'autre, des autres, différents. La vie tout simplement avec ses doutes, ses questionnements, et ses non-réponses.
La tentation de suivre enfin, après la déception, cette voie que la paresse de chercher plus loin dicte, la tentation de croire à une vocation qui n'existe pas.
Et puis, il y a cette évocation, très forte et poignante, du rigorisme religieux qu'à subit enfant l'auteur né dans le Winsconsin, au sein même d'une amérique extrêmement puritaine. Etre ainsi menacé des flammes de l'enfer, évoquer le diable avec des éclairs dans les yeux, puis le ciel avec des étoiles, façonner ainsi dans la crainte de jeunes esprits...voilà qui m'a remué plus qu'il ne faudrait.
Ce gros volume, en forme d'autobiographie, va conserver une place de choix dans ma bibliothèque et m'inciter à fouiner plus sérieusement dans cette collection de chez Casterman.
Casterman (2004)