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Mathusalem et Cie, Jacques Girardon

Par Clementso

Mathusalem et Cie, Jacques Girardon

Moi aussi j'ai peur de mourir. Moi aussi j'entretiens secrètement le désir de devenir immortel – et donc de m'emmerder sec, surtout vers la fin, parce que j'aime bien donner raison à Woody Allen. D'ailleurs, pas plus tard que le week-end dernier, j'ai pris l'avion pour Berlin et franchement, il s'en est fallu de peu pour que plus jamais... Non, je ne peux pas le dire : vivre sans moi me serait trop horrible...
Les questions qui me hantent, avec un grand H, semblent également éprouver vivement Eugène Galton, pour qui la quête d'un savoir génétique complet va tourner à la véritable obsession. Suite à la grossesse d'une collègue, cet ancien des chiens écrasés se voit propulsé au secteur médical de son journal. Et il va développer une tendance à l'égocentrisme très appuyée. Au point de vouloir se faire cloner – entre autres – pour prélever des organes sur son double, qui lui permettront de vivre plus longtemps, toujours plus longtemps. Pourquoi ? Parce qu'il est persuadé, et ses articles le clament avec force, que l'avenir de l'homme réside dans ces manipulations.

Mathusalem et Cie, Jacques Girardon

Et quand on parle d'obsession, c'est un véritable syndrome d'Asperger, mais sans le côté génial qui caractérise les personnes atteintes. Eugène a beau faire et s'appliquer, il acquiert certes des connaissances dans le domaine de la génétique, mais reste un amateur, pas vraiment éclairé ni lumineux. Plutôt (très) pénible si l'on en croit les réactions de ses proches. Dans des conditions ubuesques, il ira jusqu'à se faire prélever un morceau de tissu, sur la fesse (gauche, comme l'indique la couverture), pour que l'on récupère son ADN et qu'il en découle une naissance de son clone.
Sachant qu'Eugène est en plus une sorte d'handicapé sentimental profond, qui ulcère ses amantes à la vitesse Grand V, avec ses histoires d'ADN, d'immortalité et de clonage, on sent bien que les quelques pages que l'on passera en sa compagnie seront des plus éprouvantes. Angoissé à la limite du complexe de Peter Pan, il devient antipathique dès les premières lignes.
Alors, oui, on retrouve un certain humour caractéristique des ouvrages publiés au Dilettante, mais ça ne suffira pas. Les passages un brin pesants, parce que plongeant dans le didactique niveau collège, sur les découvertes scientifiques qui émerveillent Eugène, gonflent vite. Si c'était pour découvrir un manuel de Physique, pas la peine de se donner tant de mal. En matière de vulgarisation, Wikipédia aurait été tout aussi efficace et avec des illustrations. D'autant que le livre n'a probablement pas cette vocation...


Mathusalem et Cie, Jacques Girardon

Ces allers-retours entre exercices de vulgarisation et le récit lui-même finissent d'ailleurs par découdre le reste d'une histoire qui ne manque pas... de surréalisme. Cette expérience de clonage par exemple est si stupide dans son déroulement et abracadabrantesque, tout cela pour déboucher par un retour dans les bras de son ex-maîtresse n'a définitivement rien pour enchanter.
D'autant plus décevant que j'ai poursuivi la lecture jusqu'à la dernière page, espérant y trouver quelque chose qui relèverait le tout. Pas de pot, parce que ce retournement de situation final, avec la grossesse de la fameuse ex-, vraiment...

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LES COMMENTAIRES (1)

Par azerty
posté le 13 février à 08:53
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Absolument pas d'accord : c'est un livre très drôle, tout est à prendre au deuxième degré. PLusieurs personnes de mon entourage l'ont lu et me l'ont recommandé. Je fais de même à présent.

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