« Senso » de Lucino Visconti (Studio Canal)
Sortie cinéma : 03 février 1956 et reprise : 13 janvier 2010
En dvd depuis le : 1 septembre 2009
En blu-ray le : 16 février 2010
Là d’accord, le retour de « Senso » dans les bacs pour une collection des Grands Classiques, ne fait aucun doute (voir précédemment «Ladykillers»). Pour Visconti, l’Italie, son Histoire, la petite et la grande, intimement liée, du moins à l’époque à celle du cinéma.
C’est dans cette optique qu’il faut aujourd’hui à mon sens regarder cette œuvre, inspirée d’un roman éponyme de Camillo Boito écrit en 1883. L’histoire se passe en 1866, dans la Vénétie occupée par l’Autriche. La comtesse Livia Serpieri participe discrètement au mouvement populaire visant à libérer son pays. Mais un jour elle s’éprend violemment d’un jeune lieutenant autrichien… Voyez le canevas dramatique à souhait, sur lequel Luchino Visconti avait dit-il une toute autre vision. Il souhaitait titrer son film «Custozza» en référence à la bataille qu’il représente ici de manière fabuleuse. Mais le réalisateur a toujours rappelé que la censure s’est largement mêlée à son entreprise, en gommant l’aspect foncièrement politique. «J’imaginais un tableau d’ensemble de l’histoire italienne autour de la comtesse Serpieri, représentante d’une certaine classe. Ce film devait être l’histoire d’une guerre mal faite, par une seule catégorie sociale qui mena le peuple au désastre. Et la fin, je ne l’imaginais pas comme ça».
Personnellement, moi, c’est le début qui m’attriste. Romantisme dégoulinant, c’est un bavardage incessant, qui occulte à la fois l’ampleur de la mise en scène et la beauté des décor. L’emprunt à l’opéra est évident, mais sa restitution cinématographique tarde à trouver ses marques, et connaissant un tantinet le « livret », j’attendais avec impatience l’instant du drame que Visconti sublime dans les profondeurs d’une lumière sombre.
La gentille prestation du couple Alida Valli en comtesse italienne amoureuse, et Farley Granger en officier lâche et veule, prend alors toute la dimension de la tragédie historique qui point en fond de scène. C’est peut-être ce que l’auteur aurait aimé développer, dans la fougue d’une révolution populaire porteuse à la fois de l’amour et de la trahison, et de la vengeance aussi.
Tous ces thèmes que Visconti tente d’assumer sur des partitions de Bruckner et Verdi, subtilement agencées dans le décorum vénitien. Mais le réalisme social ne fait qu’effleurer la caméra, derrière laquelle on doit apercevoir de temps en temps un assistant réalisateur qui ressemblerait à Jean-Pierre Mocky.
Pas de problème c’est bien lui. Il joue aussi le rôle d’un petit soldat, mais là, il faudrait que je regarde à nouveau le film pour le distinguer. On attendra peut-être un peu…
Les suppléments :
Francesco Rosi évoque ce que représente Visconti dans le cinéma italien. Un éclairage historique en forme d’hommage (55 mn).
Marco Tullio Girdana parle lui plus précisément du film, sans aucun extrait, et bien que sa rencontre soit intitulée «Visconti, entre cinéma et opéra», je suis resté sur ma faim. A mon avis, le sujet n’y est pas vraiment abordé.
19.99 €