Coïncidence, pour la deuxième critique de musique de films, c’est à nouveau un score nommé aux Oscars qui passe sur le grill. Après le décevant et déjà-vu Avatar de Horner, nous allons jeter une oreille attentive au dernier opus de Hans Zimmer sur le très attendu Sherlock Holmes de Guy Ritchie.
Hans Zimmer : rarement un nom a été aussi apprécié par le grand public et détesté par les béophiles. Son crime ? Aller à l’encontre de l’orchestral, de la mélodie, du travail d’orchestration raffiné. Industrialiser la musique, la produire à la chaîne et lui donner un son unique et reconnaissable. Au départ, Hans Zimmer monte Mediaventures, qui va connaître un succès sans précédent grâce aux films produits par Jerry Bruckenheimer. Si c’est Hans Zimmer qui apparaît au générique il s‘agit en fait une armée de compositeurs qui écrit. Zimmer est une sorte de directeur artistique, pour rester poli.
De cette écurie – depuis fermée et remplacée par le nouveau Remote Control – sont nés des compositeurs plus ou moins talentueux. John Powell (la trilogie Bourne, les films Blue Sky), Harry Gregson-Williams (Kingdom of Heaven, les Tony Scott) ou encore Klaus Badelt (qui s’est occupé de notre Petit Nicolas français) forment le dessus du panier. Et c’est avec Lorne Bafle, le petit dernier, que Zimmer nous as concocté un Sherlock Holmes à la hauteur du film de Guy Ritchie.
Mélangeant habilement orchestre, petit ensemble tzigane et électronique, Zimmer et Bafle arrivent à donner une véritable vie au film et sans avoir à tomber à aucun moment dans un déluge d’action ou de thèmes héroïques. Irène Adler se retrouve affublée d’un petit thème au violon, souvent pincé, que l’on retrouve dans le sautillant Data, Data, Data. Et c’est même avec bonheur que l’on retrouve tout le final du film dans Psychological Recovery… 6 months, un long morceau de 18 minutes, qui va dans tous les sens.
On aime ou on n’aime pas retrouver dans Sherlock Holmes des couleurs déjà vues dans les deux derniers Pirates des Caraïbes : abondance de lourds rythmes en deux temps, ici et là un côté musique de foire avec ses gros bassons. Les fameuses valses de Zimmer – “empruntées” à Holst et ses Planètes, bien que présentes, font la part belle à des tentatives curieuses mais réussies : cymbalum pour le personnage de Holmes, flute écossaise pour celui de Watson, le tout se mélant avec brio aux sonorités plus technologiques.
2009 aura été une très bonne année pour Hans Zimmer, après Angels & Demons ou encore Frost/Nixon. L’année 2010 commence sur les chapeaux de roue avec une musique qui procure les mêmes sensations que le film : un défouloir bordélique mais précis, efficace dans son désordre et son chaos. Quelque chose d’assez peu banal de nos jours que cette alchimie entre l’industriel Hollywood et le brin de folie européen.
Ecouter l’album ici. Edité par SONY.
A lire aussi sur KUB3 :
La critique du film Sherlock Holmes