Comment un outil encyclopédique est devenu incontournable et mondialement en une décennie ou comment tout et n’importe quoi peut y être retrouvé... c’est ainsi que l’étude de Wikipedia peut être réduite quelque part. Ce serait cependant quelque peu court et facile. L’innovation initiale du site résidait à la base dans le partage communautaire de savoirs. Idéal rapidement brisé lorsque tout à chacun a pu se rendre compte que le premier venu pouvait modifier, effacer, inscrire des données selon son bon vouloir, donc potentiellement erronées.
Devant cet état de fait, certains sujets prêtant à controverses sont particulièrement surveillés et deviennent de véritables enjeux d’information où « gardiens de wikipedia » (administrateurs) et certains internautes mal intentionnés se livrent une bataille des mots féroce. Au-delà de cette simple constatation, beaucoup d’autres questions vont se poser : si tel contributeur poste tel sujet, quelle valeur accorder à ses écrits ? Est-ce sérieux ? Est-ce du plagiat ? De même, toute personne venant à modifier ces mêmes dires est-elle considérée elle-même comme sérieuse ? La pertinence de ces interrogations est d’autant plus sensible que les contributions peuvent être nominatives comme anonymes... On peut imaginer les excès qui peuvent dès lors avoir lieu sur Wikipedia.
Dans un premier temps, Andrew Dalby s’attache à la dimension culturelle de l’encyclopédie en elle-même ; telle qu’elle est apparue, du support classique à celui que nous connaissons aujourd’hui. Le plus du numérique par rapport au papier s’inscrit dans l’interactivité : mise en ligne d’articles dans plus de 250 langues et contribution de chacun à l’encyclopédie sur des sujets tous aussi divers que variés. Rapidement, l’analyse se concentre sur le pour et le contre d’une utilisation, mais surtout d’une participation active à Wikipedia.
Cela étant, l’auteur est déjà convaincu par l’outil et c’est un utilisateur chevronné, malgré les réserves qu’il émet concernant certaines pratiques. Son but reste d’abord de convaincre son lecteur qui serait encore sceptique quant à l’exceptionnel levier de connaissance que représente l’encyclopédie en ligne. À ce titre, son argument le plus convaincant et vendeur : and « if you don’t like it, fix it », mettant l’utilisateur dans une situation de culpabilité... si l’information vue sur Wikipedia est erronée autant la modifier, affirmant ainsi une certaine responsabilité de l’utilisateur.
Le risque étant bien évidemment que chacun peut y inscrire à peu près ce qu’il souhaite. Prenons exemple des biographies : tout à chacun peut se voir attribuer quelques lignes le concernant (à condition de représenter une importance relative au niveau global, là aussi à définir). Le point où se situe le problème réside dans le fait que ce genre d’initiative peut conduire à positionner les personnalités concernées en porte-à-faux : morts supposées, rumeurs (...). On apprendra ainsi de manière assez surprenante que notre ami Philippe Manoeuvre aurait trépassé le 18 avril 2008, que Pierre Assouline aurait remporté le Championnat de France du jeu de Paume, ou encore que Tony Blair, ce petit cachottier, nous aurait caché sa confession catholique. En fait, l’étude est construite de telle sorte que la démonstration se concentre dans la relative jeunesse d’outils tels que Wikipedia.
Certes révolutionnaire, il évolue constamment et n’est pas définitif. Il reste perfectible : chaque dysfonctionnement mis en exergue est l’occasion de poser ou d’adapter des règles garantissant à la fois la véracité des propos inscrits, mais également permettre et garantir une réelle liberté d’expression. À noter pour terminer une qualité indéniable en termes de mise en page et de qualité du support papier utilisé, caractéristique des productions anglo-saxonne et pour un prix restant raisonnable.
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