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Un Soulages sinon rien !

Publié le 13 février 2010 par Myriam

Actuellement, le Centre Pompidou consacre une rétrospective très complète à Pierre Soulages, l'un des peintres contemporains abstraits majeurs.

Soulages - Goudron sur verre 45,5 x 76,5 cm, 1948
Connu pour ses monochromes noirs désormais peints à l'acrylique pur, cette exposition retrace sa carrière complète de ses débuts à partir de 1946 jusqu'à maintenant où, à près de quatre-vingt ans (mais quel jeune homme !), il peint encore.

Il explique que déjà enfant il était attiré par cette couleur, dessinant à l'encre sur une feuille blanche, noir sur blanc, de la neige ! Dans ses premières œuvres, il peint au brou de noix ou au goudron sur des surfaces peu ordinaires comme le verre ou le papier avec indéniablement des références à la calligraphie japonaise (à gauche, goudron sur verre 45,5 X 76,5 cm, 1948, collection particulière, archives Pierres Soulages, Paris (photo DR) ©Adagp, Paris 2009) ou à tout le moins l'écriture cunéiforme, voire même pour moi au cubisme.

Soulages - 220 x 366 cm, 14mai 1968
Puis, l'espace de la toile se structure, s'organise autour du noir et de quelques autres rares couleurs, comme l'ocre, le bleu, ou le rouge... Puis bientôt le noir (1) recouvre, envahit la toile avec élégance, détermination, vigueur, même s'il reste encore quelques échappatoires de blanc ; c'est le cas pour cette toile ci-contre, "Peinture 220 x 366 cm, 14 mai 1968" dont l'impression de mouvement est intense.

Ensuite, l'exposition nous plonge dans la peinture "outrenoir", cette désormais fameuse couleur de Soulages qui est en rupture "avec la conception classique de la peinture où le reflet est considéré comme parasitant la vision" (2) et qui attrape les reflets de la lumière. Ci-dessous, "Peinture 290 x 654 cm, Polyptyque, janvier 1997".

Soulages - Peinture 290 x 654 cm, polyptique, janvier 1997

Dès lors, il s'autorise toutes les épaisseurs d'huile, ou de résine, ou de goudron avec des effets de matières plus ou moins marquées : stries à la brosse, collages de toiles, énormes sillons dans le goudron. Les toiles apparaissent tantôt grises, tantôt noires, tantôt brunes selon l'endroit où l'on se place.

C'est une émotion brute, intense qui vous transporte, comme chez Klein, au delà de la toile : "Sous une lumière naturelle, la clarté venant du noir évolue avec elle, marquant dans l'immobilité l'écoulement du temps"...

(1) Propos de Soulages en 1963, à Pierre Schneider à propos du noir : "Il est l'absence de couleur la plus intense, la plus violente, qui confère une présence intense et violentes aux couleurs, même au blanc".

(2) "Outrenoir pour dire : au delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir. Outrenoir, noir qui cessant de l'être devient émetteur de clarté, de lumière secrète. Outrenoir : un autre champ mental que celui du simple noir".

(3) Soulages au musée Fabre à Montpellier, ici et là (lors de l'inauguration du musée)


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