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LONDRES: Les inconnues et le flou de BROWN

Publié le 13 novembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Lors d'un discours très attendu sur la politique étrangère, prononcé le 12 novembre à Londres, le Premier ministre britannique a marqué sa différence avec son prédécesseur Tony Blair. La presse londonienne livre ses commentaires.

On en sait un peu plus sur le rôle que le Royaume-Uni souhaite jouer dans les affaires internationales au XXIe siècle. Lundi 12 novembre 2007, le Premier ministre britannique Gordon Brown a prononcé un discours de politique étrangère très attendu à Londres, le premier depuis qu'il a succédé à Tony Blair, en juin dernier. Dans la presse britannique, c'est à l'aune de son prédécesseur que l'on évalue la prestation de Brown.

A la différence du manichéisme de Blair inspiré par George W. Bush, l'actuel Premier ministre britannique a brossé le tableau d'un monde en mouvement. A cet égard, le Guardian relève "six nouvelles forces globales" définies par Brown : outre le terrorisme, le Premier ministre relève l'instabilité des Etats, l'approvisionnement mondial en biens et services, l'impact des changements climatiques, la circulation des personnes et des maladies et les réseaux symbolisé par l'Internet.

Pour le journal de gauche londonien, en dépit des apparences, Brown et Blair "partagent la même vision globale du monde : les grands défis ne se gagnent seulement par une coopération mondiale efficace et le Royaume-Uni ne doit jamais être forcé de choisir entre ses alliances transatlantiques et européennes".

En revanche, pour l'éditorialiste du Daily Telegraph Rachel Sylvester, le contraste entre Blair et Brown est saisissant, entre "le zèle missionnaire" du premier et le "pragmatisme" du second. L'auteur en profite pour moquer "la complicité Colgate entre Blair et Bush", qui "ne partageaient pas seulement le même dentifrice, mais ont mené une croisade morale pour remettre de l'ordre dans le monde après le 11 septembre". Une critique surprenante de la part d'un journal qui s'est positionné en faveur de la guerre en Irak.

Reste que, selon l'auteur, le plus important est que Brown veut privilégier "un réseau d'alliances" plutôt qu'"une relation spéciale avec les Etats-Unis", et surtout qu'il insiste sur "l'importance de travailler dans le cadre des Nations unies, la bête noire de Bush, plutôt qu'en dehors". Brown a plaidé "en faveur d'un 'internationalisme réaliste', une troisième voie entre l'antiaméricanisme traditionnel du Parti travailliste et le néo-impérialisme pro-Bush de Tony Blair".

Mais pour The Independent, Brown est resté "flou sur les grandes questions" comme sur la notion d'internationalisme réaliste. Certes, le quotidien se félicite du multilatéralisme prôné par Gordon Brown ou encore de son souhait d'élargir le Conseil de sécurité des Nations unies au Japon, à l'Inde, à l'Allemagne et au Brésil. "Mais il y a un problème", objecte le quotidien de centre gauche. "Brown a longtemps manifesté un enthousiasme très modéré pour coopérer avec ses homologues européens et il n'a rien fait hier [dans son discours] pour faire disparaître cette impression."

The Independent reste dubitatif devant les principes affichés par Brown et attend de juger sur pièces. Le quotidien prend le cas du dossier iranien sur lequel Brown s'est exprimé avec fermeté mais sur un ton moins belliqueux que celui de Blair. "Mais qu'est-ce que ferait Brown si Bush décidait de bombarder les sites nucléaires iraniens avant de quitter son poste ?" A cette question cruciale The Independent n'a pas trouvé de réponse.


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