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Métaphysique des tubes (d'Amélie Nothomb)

Publié le 15 février 2010 par Ceciledequoide9
Métaphysique des tubes (d'Amélie Nothomb)Bonjour aux Nothombophiles
Bonjour aux Nothombophobes
Bonjour aux zotres
Le contexte
Dans la série "j'avais dit que plus jamais", j'avais dit que je ne lirais plus jamais mais alors jamais au grand jamais de bouquins de Nothomb dont j'avais détesté Les combustibles et trouvé L'hygiène de l'assassin verbeux, oiseux, pompeux, artificiel, appliqué, bref un exercice de style insupportablement pédant rédigée par une bien trop jeune fille intelligente certes mais ô combien scolaire. Je n'aime pas les livres de jeunes ; ces gens là n'ont rien vécu et donc, rien à donner, rien à apprendre.
Et puis, comme on me les conseillait chaleureusement, je me suis dit que les 171 pages écrites en gros caractères de Métaphysique des tubes ne me tueraient pas et je me suis lancée sans rien connaître du tout de ce livre dont le 4e de couverture se résume à "Ensuite, il ne s'est plus rien passé".
Mon avis
Les 30 premières pages m'ont éxaspéree et je formulais déjà dans ma tête une critique plus assassine qu'hygiénique et puis, lentement, quelque part entre la page 25 et la page 35, le déclic a eu lieu pour moi comme pour l'héroïne du livre, comme une sorte de naissance d'un côté, de compréhension de l'autre, comme si le livre démarrait vraiment là.
Une fois le livre achevé, j'ai repris les premières pages qui m'avaient tant énervée, je les ai lues sous l'éclairage nouveau que m'a procuré la suite du livre et j'ai trouvé que ce début était intéressant et surtout audacieux.
Sans être inoubliable, la suite fut agréable et, je l'avoue, assez forte. Je n'ai guère envie de vous raconter ce livre qu'il vaut mieux aborder en ne sachant rien du contenu. Vous constaterez simplement dans les extraits ci-dessous qu'il est rédigé à la première personne du singulier.
Quelques extraits
Vivre signifie refuser. Celui qui accepte tout ne vit pas plus que l'orifice du lavabo. Pour vivre, il faut être capable de ne plus mettre sur le même plan, au dessus de soi, la maman et le plafond. Il faut refuser l'un des deux pour choisir de s'intéresser soit à la maman soit au plafond. Le seul mauvais choix est l'absence de choix. (...) Les bébés, au moment de leur naissance, crient. Ce hurlement de douleur est déjà une révolte, cette révolte déjà un refus. C'est pourquoi la vie commence au jour de la naissance, et non avant, quoi qu'en disent certains. (p.20-21)
Remarque : je trouve ce passage intéressant mais porteur de sa propre contradiction et c'est gênant pour un argumentaire. Si, dans la logique de l'auteur(e), la vie commence à la différenciation maman/plafond, elle est belle et bien postérieure à la naissance, non ?

La délectation rend humble et admiratif envers ce qui l'a rendue possible, le plaisir éveille l'esprit et le pousse tant à la virtuosité qu'à la profondeur. C'est une si puissante magie qu'à défaut de volupté, l'idée de volupté suffit. Du moment qu'existe cette motion, l'être est sauvé. Mais la frigidité triomphante se condamne à la célébration de son propre néant. On rencontre dans les salons des gens qui se vantent haut et fort de s'être privés de tel ou tel délice pendant vingt-cinq ans. On rencontre aussi de superbes idiots qui se glorifient de ne jamais écouter de musique, de ne jamais ouvrir un livre ou de ne jamais aller au cinéma. Il y a aussi ceux qui espèrent susciter l'admiration par leur chasteté absolue. Il faut bien qu'ils en tirent vanité : c'est le seul contentement qu'ils auront dans la vie. (p.40)
J'étais sur le point de penser que mai était un mois excellent quand le scandale éclata : les parents hissèrent dans le jardin un mât au sommet duquel flottait, tel un drapeau, un grand poisson de papier rouge. Je demandais de quoi il s'agissait. On m'expliqua que c'était une carpe, en l'honneur de mai, mois des garçons. Je dis que je ne voyais pas le rapport. On me répondit que la carpe était le symbole des garçons et que l'on arborait ce genre d'effigie poissonneuse dans les demeures des familles qui comptaient un enfant du sexe masculin.
- Et quand tombe le mois des filles ? interrogeai-je.
- il n'y en a pas. ( p.93/94)
En 1945, à Okinawa, île du sud du Japon, il s'est passé - quoi ? Je ne trouve pas de mot pour qualifier cela. C'était juste après la capitulation. Les habitants d'Okinawa savaient que les Américains, déjà débarqués sur leur île, allaient marcher sur leur territoire entier. Ils savaient aussi que la nouvelle consigne était de ne plus se battre. Là s'arrêtait leur information. Leurs chefs leur avaient dit, naguère, que les Américains les tueraient jusqu'au dernier ; les insulaires en étaient restés à cette conviction. Et quand les soldats blancs avaient commencé à avancer, la population avait commecé à reculer. Et ils avaient reculé au fur et à mesure que l'ennemi victorieux gagnait du terrain. Et ils étaient arrivés à l'extrémité de l'île, qui se terminait par une falaise abrupte surplombant la mer. Et comme ils étaient persuadés qu'on allait les tuer, l'immense majorité d'entre eux s'étaient jetés dans la mort du haut du promontoire.
(...)
Il n'en reste pas moins que l'équation première de cette hécatombe est celle-ci : du haut de cette magnifique falaise, des milliers de gens se sont tués parce qu'ils ne voulaient pas être tués, des milliers de gens se sont jetés dans la mort parce qu'ils avaient peur de la mort. Il y a une logique du paradoxe qui me sidère. Il ne s'agit pas d'approuver ou de désapprouver un tel geste. Cela leur ferait une belle jambe, d'ailleurs, aux cadavres d'Okinawa. Mais je persiste à penser que la meilleure raison, pour se suicider, c'est la peur de la mort. (p.163/165)
Conclusion
Je vous conseille de lire Mécanique des tubes et de ne jamais commencer une phrase par jamais... Cela dit, depuis, j'ai lu le ridicule Peplum que je vous conseille encore plus de fuir... Amélie Nothomb est une auteure à intérêt trèèès variable.

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