Bonjour aux prix Nobel
Bonjour aux zotres
Critique intialement rédigée le 10/04/03, à peine modifiée depuis.
Il y a des auteurs dont un jour ou l'autre on se dit avec un début de honte en tombant par hasard sur un de leur bouquin : "il serait peut-être temps que je lise quelque chose de lui". Ainsi en fut-il pour moi en tombant sur Onitsha de Le Clezio dont je vous passe les prénoms.
Je n'ai pas envie de vous le conseiller, je n'ai pas envie de vous le déconseiller, je n'ai pas envie de vous le raconter, je n'ai même pas envie d'en parler. A vrai dire je n'avais déjà pas envie de le lire et je me suis forcée pendant des mois à aller jusqu'au bout des quelques 300 pages réparties en très courts chapîtres écrits gros (disons 200 pages effectives à tout casser). Pour être plus exacte, j'ai lu 100 pages en 4 mois et les 200 autres en 2 jours. J'avoue que ce livre me laisse pour le moins sceptique et distante.
Le sujet
Fantin 12 ans et sa mère Maou quittent Marseille pour rejoindre au Nigéria, à Onitsha, Geoffroy, l'anglais épousé par Maou entre les 2 guerres et père que Fantin n'a jamais vu. Après un long voyage rempli de découvertes, d'espoirs et de craintes, tous deux découvrent l'Afrique et cet homme devenu un étranger et se confrontent à une réalité différente de la vie imaginée avant et pendant le voyage.
Mon avis
J.M.G. aurait commencé la rédaction de ce livre à l'âge de 8 ans et celui-ci serait largement autobiographique. Fantin, sur le bateau qui l'emmène vers Onitsha, rédige son journal de bord. Ce livre laisse une impression étrange, mélangée, contrastée. Il paraît à la fois personnel et impersonnel, riche et indigent, précieux et sans intérêt, fort et insipide. L'écriture de Le Clézio me laisse la même impression mitigée... Brillante et plate, dépouillée et ultra-travaillée.
Je ne suis pas parvenue à entrer dans ce livre, les personnages et leur évolution à peine esquissée à certains endroits et résumée à gros traits expéditifs à d'autres ne m'ont pas intéressée et encore moins émue. Je vois à cela au moins deux raisons.
La première tient à la construction du roman en 4 parties (correspondant à 4 lieux) de longueur inégale, la première correspondant au voyage vers Onitsha et, comme Fantin et Maou, le lecteur est impatient que le bateau accoste tant il ne se passe rien et tant les pages de Le Clézio sont ennuyeuses. Pour moi le roman commence "vraiment" à l'arrivée en Afrique à savoir après 1/3 de pages soporifiques.
La seconde tient à l'entrelacs de 2 récits dans les 2 parties suivantes, les parties "africaines", procédé qui dans le cas présent m'a laissée plus que perplexe. Dans de minces chapîtres aux marges séparés, Le Clézio a compliqué le témoignage familial et "intellectualisé" le récit en l'agrémentant d'une sorte de quête historico-scientifico-initiatico-onirique aussi érudite que verbeuse et gonflante. Ceci n'apporte selon moi rien au récit.
En dépit de quelques pages très fortes, très "humaines", Onitsha reste selon moi un roman lointain, une oeuvre froide et artificielle. Le Clézio échoue à donner Onitsha l'élan vital, la force et le souffle dont on sent qu'il cherche à tout prix (trop ?) à imprégner ses pages.
Quelques liens
2 extraits du livre et de 2 autres de J.M.G. (Jean-Marie Gustave, ça y est je l'ai dit... ;o) ), l'auteur arrive en 67e position au classement établi par les internautes fréquentant ce site par ailleurs très intéressant.
Divers articles et commentaires sur l'auteur sur les thèmes "lire Le Clezio" et "Faire lire Le Clezio".
Fiche de lecture sur Onitsha et pistes pour une étude "scolaire" de l'ouvrage. J'ai trouvé ce résumé thématique très intéressant.
La critique de Praline m'avait marquée quand je l'avais lue car elle traduisait + ou - mon scepticisme.
Conclusion
Bof. Mais bon, ça fait toujours bien de lire un prix Nobel...